5 Sep - 2016 | par Émilie Bouchard Labonté

Paracanoë – Jeux paralympiques

Pagayer vers un podium historique

Montréal, 5 septembre 2016 (Sportcom) –  Chaque matin, à son réveil,  la Dorvalloise Christine Gauthier est en plein combat. La parakayakiste doit trancher qui du corps ou de la raison aura le dernier mot.

« Certains jours, je ne suis pas capable de me brosser les dents tellement la douleur est vive, mais il faut que j’aille m’entraîner. Ça serait valable que je n’y aille pas, mais je veux y aller quand même », explique celle qui ne s’est jamais remise de blessures aux genoux survenus au début des années 1990 à la suite d’un entraînement dans l’armée canadienne et qui est confinée à un fauteuil roulant depuis 1995.

Le fruit de ces matinées difficiles, la Québécoise le récoltera le 14 septembre prochain où elle prendra part aux premières courses de paracanoë-kayak de vitesse de l’histoire des Jeux paralympiques. Mais pour Christine Gauthier, ce ne sera qu’un 200 mètres comme les autres, ou presque ! 

Une longue route vers Rio

Après avoir raflé cinq titres mondiaux consécutifs entre 2009 et 2013, Christine Gauthier a ensuite été sacrée vice-championne en 2014 au terme d’une saison ponctuée d’une opération au dos. Les malheurs de la vétérane de l’armée canadienne n’étaient cependant pas terminés. Happée par une voiture alors qu’elle s’entraînait en vélo à main, la Québécoise s’en est heureusement tirée qu’avec une fracture à un coude. « Déjà quand tu n’as pas l’usage du bas de ton corps… Il ne me restait donc qu’un membre », raconte celle qui est maintenant capable d’en rire.

La réadaptation n’a pas été de tout repos. Si ses médecins lui suggéraient de ne pas prendre part à la saison 2015, il n’en était pas question pour la Québécoise qui voulait qualifier son embarcation pour les Jeux paralympiques. Elle a fait le nécessaire aux Championnats du monde en se classant sixième. « J’ai au moins réussi à faire ça. Ça m’a permis d’entamer la saison 2016 à un autre rythme au lieu de courir après une qualification », explique-t-elle.

Les espoirs demeurent grands pour l’athlète de Pointe-Claire. Bien que l’or ne soit pas hors d’atteinte, les attentes réalistes de Gauthier se résument à un podium. Après cinq titres de championne du monde, ses ambitions modérées peuvent surprendre.

Des coupures de Canoë-Kayak Canada l'ont empêché de profiter d'un entraîneur à temps plein ces deux dernières saisons. « Quand tu as un entraîneur à temps partiel, tu as aussi des résultats à temps partiel », mentionne-t-elle.

Christine Gauthier peut difficilement s’entraîner en solo. Le défi du parakayak est qu’elle doit être épaulée, notamment pour la mise à l’eau de son embarcation. « Physiquement, je ne peux pas apporter mon kayak toute seule. Et une fois sur l’eau, si je chavire, je dois savoir qu’il y a quelqu’un qui peut me récupérer. Je ne peux donc pas me pousser à 100% si je suis seule. »

Grâce au soutien du club de canoë-kayak de Pointe-Claire et de l’entraîneur Marc Creamer, en plus de son mari qui l’a aussi accompagnée sur l’eau, Christine Gauthier a pu poursuivre sa préparation paralympique. « Il n’aurait pas dû avoir ces coupures, mais je suis extrêmement reconnaissante de tous les efforts qui ont été mis pour combler le vide. »

Servir son pays, d’une nouvelle façon

L’an 2016 aura été sans conteste une année de Jeux pour Christine Gauthier. En mai dernier, la Québécoise est revenue d’Orlando où se sont tenus les Jeux Invictus, réservés aux soldats blessés ou handicapés, avec quatre médailles dans ses valises. L'athlète de 46 ans espère refaire le coup l'an prochain alors qu'ils seront disputés à Toronto.

Représenter le Canada aux Jeux paralympiques et Invictus est sa nouvelle façon de servir le pays. « J’ai prêté serment et même si le corps ne suit plus, ça ne veut pas dire que je ne veux plus le faire. Je suis ravie d’avoir cette chance de servir autrement. »

En attendant, Christine Gauthier continue de faire taire ces voix dans sa tête qui lui suggèrent d’abandonner.  « Quand je m’entraîne, ça me fait du bien. Je suis contente de le faire et j’en ai besoin. J’en ai vraiment besoin ! »

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