2 Déc - 2016 | par Autre

Judo Québec

Tracer la voie des femmes dans un sport d’hommes

Montréal, 2 décembre 2016 – Le judo et les femmes,  pourquoi cela ferait deux ? C’est la question que s’est posée Gisèle Gravel quand elle a choisi le sport de combat comme activité pour garder la forme. Elle venait de mettre au monde sa deuxième fille quand elle est tombée en amour avec le judo.

À ses débuts, dans les années 60,  la réalité était loin de celle des jeunes femmes d’aujourd’hui. « Quand j’ai commencé, il n’y avait aucune compétition pour les filles au pays dans ma catégorie. Celles qui voulaient compétitionner devaient sortir du Canada. »

Les choses ont peu à peu changé en 50 ans, même s’il a fallu attendre les Jeux de Barcelone en 1992 pour voir les femmes s’exécuter sur les tatamis olympiques. « C’est définitivement mieux maintenant. »

Abattre les barrières

La Baie-Comoise n’aura cependant pas attendu tout ce temps avant de faire progresser le côté féminin du judo. Elle a mis la main à la pâte et a fondé son propre club sur la Côte-Nord dans les années 70.

« Dans ce temps-là, les femmes étaient laissées pour compte dans les dojos. Il y avait peut-être deux ou trois filles et elles passaient toujours un peu après les garçons. Moi, j’ai dit non! Mes filles ne passeront pas en arrière », se rappelle celle qui fut l’une des premières femmes au pays à obtenir sa ceinture noire.

Son mari était à l’époque à la tête d’un club masculin, Gisèle Gravel a donc décidé de fonder un club exclusivement féminin.

« C’était parfait. En l’espace d’un an, nous avons bâti le plus grand club de judo féminin en Amérique du Nord. C’était génial », raconte l’ancienne athlète qui est ainsi devenue la première femme entraîneuse de judo au Québec.

Le travail n’était toutefois pas terminé. Maintenant qu’elle avait sous son aile des athlètes, il fallait créer des tournois pour ses protégées. « Il a fallu nous battre pour faire des compétitions pour les filles. Quand tu as 150 filles qui poussent et qui veulent faire de la compétition de judo, il faut que le directeur technique se décide et bouge. »

Une fois l’intégration des femmes dans les compétitions, les élèves de Gisèle Gravel n’étaient pas au bout de leur peine. « Ça disait : ''Évidemment qu’elles gagnent, à Baie-Comeau, il y a beaucoup de filles.'' Mais les filles s’entraînaient  à 6 h le matin, 6 jours semaine et elles travaillaient très fort. Toutes les raisons étaient bonnes pour dire que les filles n’avaient pas leur place. »

À écouter : Gisèle Gravel raconte l'histoire de son club

D’autres mentalités  à changer

Judoka et entraîneuse, Gisèle Gravel ne s’est pas arrêtée là et est devenue arbitre, voulant du même coup à fracasser un autre plafond de verre. « Dire à quel point c’était difficile… J’ai gardé tous les dossiers, toutes les communications de l’époque, et j’en ai plein. C’était une bataille pour que les filles arbitrent. On ne voulait pas que j’arbitre. »

Même une fois admise sur la liste des officiels, Gisèle Gravel n’était pas encore reconnue par le milieu du judo québécois. 

« Lors des premières compétitions que j’ai arbitrées, il y avait des directeurs techniques qui disaient que si j’embarquais sur un tapis, ils s’en iraient avec leurs élèves », se souvient-elle.

Céline Darveau, qui a obtenu sa ceinture noire en même temps que Mme Gravel, a par la suite également marqué l’histoire de l‘arbitrage. Elle a été la première femme à officier une compétition masculine.

D’autres obstacles se sont présentés lorsque Gisèle Gravel a convoité la direction technique d’un dojo.

« Il est arrivé la même chose pour devenir directrice technique d’une école, il n’y en avait pas non plus. Il fallait bien que ça bouge et je me suis battue. Je suis très heureuse de l’avoir fait.»

Si Gisèle Gravel a pavé la voie pour des centaines de jeunes femmes,  elle refuse de se donner tout le mérite quant à l’avancement du judo féminin dans la province. « Je crois que j’ai seulement fait ma part ! » mentionne-t-elle.

Au sommet !

Seulement deux Canadiennes ont atteint la septième dan jusqu’à présent, Gisèle Gravel et son ancienne élève Monette Leblanc. Ces deux grandes dames du judo québécois ont d’ailleurs participé à plusieurs compétitions ensemble.

Même à 75 ans, Sensei Gravel est toujours sur les tatamis. Elle a dû se retirer de la compétition, mais dirige toujours les jeunes judokas du Ju-Shin-Kan Laterrière avec autant de passion.

« Je pense que j’ai fait du bien à au moins une dizaine de jeunes dans ma vie, ma mission est remplie et je suis heureuse de ça », a-t-elle conclu.

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Rédigé par Sportcom pour Judo Québec
Information : (514) 990-0966 ou (514) 252-3040

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