« La possibilité d’une médaille était là » – Laurence Beauregard, cinquième
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Rugby en fauteuil roulant - Semaine nationale des entraîneurs
Montréal, 25 septembre 2020 (Sportcom) – Debout sur les lignes de côté d’un terrain de rugby en fauteuil roulant, Benoit Labrecque est un entraîneur qui carbure aux émotions, lui qui est à la tête de l’équipe nationale suédoise depuis 2013.
Dans le cadre de la Semaine nationale des entraîneurs, Sportcom présente jusqu’à vendredi une série de textes portant sur le travail de personnalités qui s’investissent pleinement pour leurs athlètes dans différents sports, différents milieux.
Joint dans son petit village de 5000 habitants situé à une heure et demie de Stockholm, c’est d’une voix posée que l’ancien entraîneur de l’équipe canadienne raconte comment le rugby en fauteuil roulant a changé sa vie. Pour le mieux.
« Tout le monde me demande pourquoi je suis ici. C’est pour l’amour et pas pour le rugby en fauteuil roulant », lance-t-il à la blague.
En fait, il est arrivé en Suède pour le travail et c’est là où il a rencontré sa future femme, avec qui il est aujourd’hui papa de deux petites filles âgées de 6 ans et 1 an.
L’émotion, le meilleur des carburants
L’émotion est un couteau à deux tranchants pour une équipe sportive. Benoit Labrecque l’a constaté en 25 ans années de carrière et cinq participations aux Jeux paralympiques.
« Je suis un entraîneur très, très intense et j’ai dû travailler sur mes émotions. Au début de ma carrière, c’était comme si j’étais dans le jeu avec eux et je ne voyais plus rien. Aujourd’hui, j’ai gardé mon intensité, mais j’ai trouvé des trucs pour relaxer pendant les matchs. Avec l’expérience, ça va bien et c’est aujourd’hui ma grande force. Je suis capable de les encourager et en même temps, je peux garder un regard posé pour analyser le match et donner les bonnes consignes. »
Benoit Labrecque a été entraîneur adjoint de l’équipe canadienne de rugby en fauteuil roulant de 2000 à 2004 et ensuite entraîneur-chef jusqu’en 2008, où la formation a été médaillée de bronze aux Jeux paralympiques de Pékin. Quelques mois plus tard, on lui montrait la porte.
« Après avoir dirigé l’équipe canadienne, j’ai toujours pensé que ma carrière d’entraîneur était terminée. »
Des contacts faits au Défi sportif Altergo lui ont permis de travailler avec l’équipe suisse quelques années avant de passer du côté de la formation nationale suédoise qu’il mènera à une sixième place aux Jeux paralympiques de Rio.
« J’ai tout vendu au Québec pour déménager en Suède. C’est la meilleure décision de ma vie », avance celui qui a aussi été conseiller pour les équipes de la Finlande, de la Colombie, de l’Argentine et du Brésil.
Des athlètes. Point à la ligne
Benoit Labrecque avait 32 ans lorsqu’il a découvert le parasport. Son père a fait un ACV et celui-ci a été suivi dans un centre de réadaptation à Québec. Le fils l’a accompagné et cela a été son premier contact avec les personnes handicapées et le rugby en fauteuil roulant.
« Avant d’aller au Centre François-Charron, je m’éloignais des personnes handicapées. J’en avais une phobie. Je n’ai pas eu le choix quand j’ai aidé mon père. À ce moment, tout a changé. »
L’entraîneur ne passe pas toujours par quatre chemins pour transmettre ses messages. Alors qu’il entraînait une équipe au centre de réadaptation, un nouveau venu s’est présenté pour apprendre le jeu. Il se déplaçait avec un fauteuil électrique dans son quotidien.
« Je savais qu’il pourrait jouer un jour – et il a joué – mais je lui ai dit que je ne voulais voir aucun fauteuil électrique dans le gymnase. S’il voulait venir, ce devait être avec son fauteuil manuel. Les joueurs ont dit que j’étais fou. Il y avait une petite marche pour accéder au gymnase et je ne voulais pas qu’il reçoive d’aide pour la passer. »
Une semaine plus tard, la recrue s’est à nouveau présentée au gymnase et elle a pu y accéder sans problème.
« Un des joueurs de l’équipe qui travaillait au centre m’a dit que le nouveau joueur était venu au gymnase tous les jours, pendant deux heures, pour se pratiquer à passer la rampe. J’ai traité ces personnes comme des personnes autonomes, c’est tout. Ce n’est pas que je n’ai pas eu de pitié, mais si tu veux devenir un athlète, il faut que tu sois un athlète. »
D’ailleurs, il reste profondément marqué par un commentaire de l’ancien joueur de l’équipe canadienne, Daniel Paradis.
« Il m’avait dit : « On t’aime toi, parce que tu ne nous vois pas avec un fauteuil, mais comme des athlètes qui ont un outil de travail pour faire du sport. » C’est ce que les joueurs ont le plus aimé de moi quand j’ai commencé à les entraîner. […] C’est un petit peu dur, mais dans le fond, c’est peut-être la chose qu’ils demandaient. »
L’équipe suédoise ne s’est pas qualifiée pour les Jeux de Tokyo. Benoit Labrecque était arrivé seul en Suède en 2013 et qui sait s’il ne mettra pas le cap sur une nouvelle destination, cette fois accompagné des trois femmes de sa vie.
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