9 Déc - 2020 | par Mathieu Dauphinais

Patinage artistique

Les patineurs dans l’oeil de la caméra

Nouvelle

Montréal, 9 décembre 2020 (Sportcom) – Dans un sport où les émotions sont fortes, patiner devant des milliers de personnes ou devant un jury seul, voire une caméra, représente un autre défi. À l’entraînement, les danseurs sur glace Marjorie Lajoie et Zachary Lagha accordent plus d’importance à ce qu’ils projettent à l’écran. Cela fait partie de leur préparation alors que l’action reprendra sous peu de façon virtuelle.

Car s’ils participeront à leur première compétition de la saison, les patineurs ne pourront se nourrir de l’énergie de la foule lors d’une captation prévue d’ici moins de deux semaines. Des facteurs inconnus entourent ainsi l’édition virtuelle du Défi Patinage Canada, où des juges devront donner leurs notes à partir d’un enregistrement vidéo.

« J’aime vraiment connecter avec le public, avec les juges, avoir un contact visuel. Alors j’ai hâte de voir une compétition sans public dans mon aréna d’entraînement. On sait inconsciemment qu’il y a des juges, mais on ne les voit pas », indique Marjorie Lajoie.

Au total, les programmes courts et libres de 74 patineurs à travers le Québec seront filmés sur leur site d’entraînement. Les vidéos seront ensuite soumises et jugées dans le cadre de l’événement virtuel préparé par Patinage Canada du 8 au 17 janvier 2021. Les enjeux sont élevés puisqu’il s’agit de l’étape de qualification pour les Championnats nationaux de patinage artistique prévus à Vancouver en février.

Si Lajoie et Lagha ont déjà leur laissez-passer en vertu de leur deuxième place obtenue l’an dernier, cette première compétition virtuelle demeure l’occasion de présenter leurs programmes sans spectateurs.

« C’est un travail différent quand même. On s’entraîne pour que ce soit une performance avec un public tout le tour et il n’y aura qu’une seule caméra statique », admet leur entraîneure au Regroupement élite de patinage artistique de Montréal, Marie-France Dubreuil. « Ça se compare à la différence entre le cinéma et le théâtre. »

Zachary Lagha assure ne pas être dérangé par ces changements. Devant une foule ou une lentille de caméra, sa concentration ne changera pas.

« Il y a tellement de trucs à travailler, les lignes, les virages. Alors ce n’est pas le dernier de mes soucis, mais il y a d’autres choses qui passent avant quand même », affirme le partenaire de Marjorie Lajoie, en ajoutant que les semaines d’entraînement qui précèdent cette compétition sont particulièrement exigeantes.

Enseigner à distance

Marjorie Lajoie et Zachary Lagha font partie d’un groupe où s’entraînent pas moins de 20 couples de différents pays. Ils ont pu reprendre leurs entraînements de façon régulière en novembre.

« C’est sûr que c’est motivant d’arriver à l’aréna et de voir des couples de danseurs sur glace s’entraîner comme des fous, malgré la pandémie, malgré l’incertitude », dit la patineuse de 20 ans en parlant du Regroupement élite de patinage artistique de Montréal comme une grande famille.

Marie-France Dubreuil et son équipe ont notamment organisé en septembre une prestation diffusée en direct regardée à travers le monde. La nervosité a pu se rapprocher de celle ressentie lors d’une compétition devant public.

« Juste le fait de se mettre en costume, de se maquiller et de tous présenter leur programme, ils sentaient vraiment le stress comme si c’était une performance de compétition », souligne Marie-France Dubreuil.

« Ç’a été un sept mois durant lesquels on a beaucoup appris à faire les choses différemment », résume l’olympienne devenue entraîneure et chorégraphe. Elle a par exemple constaté que l’entraînement à distance via la plateforme Zoom était bel et bien possible.

Des couples de Chine, du Japon et de l’Australie ont dû quitter Montréal durant la pandémie, mais ont su garder contact avec leurs entraîneurs montréalais. Et cette nouvelle méthode a vraisemblablement eu du succès puisque certains d’entre eux ont remporté la Coupe de Chine et le Trophée NHK au Japon en novembre, en plus de mériter l’argent.

« Ça demande toute une équipe quand même ! Quelqu’un fait la vidéo, un autre la transmission, et un autre la musique. Ç’a fini par marcher. Ç’a été notre gros test avec les Chinois et on a pu le répliquer ensuite », explique Dubreuil, ravie des succès de ses patineurs.

En personne ou à distance, elle assure que les danseurs sur glace seront prêts. Cet hiver, après les Championnats canadiens viendront les Championnats du monde, étape de qualification en vue des Jeux olympiques de Pékin.

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