OR SÉRIE - Boccia
Montréal, 15 juillet 2021 (Sportcom) – Lorsqu’il aborde les Jeux paralympiques de Tokyo, l’entraîneur Mario Delisle parle d’une « mission » pour l’équipe canadienne de boccia. Une mission dont l’objectif sera non seulement d’être prêts à toute éventualité pour le tournoi paralympique, mais également pour les nombreux défis auxquels les représentants de l’unifolié seront confrontés avant et pendant la compétition.
Mario Delisle en sera à une cinquième participation aux Jeux paralympiques à Tokyo, une troisième à titre d’entraîneur-chef du Canada. Malgré toute l’expérience acquise depuis le début de sa carrière, le Montréalais a dû s’adapter plus que jamais au cours de la dernière année et demie. Un travail qui se poursuit toujours à l’approche du départ vers le Japon prévu le 21 août prochain.
« La dernière année a été un défi pour tout le monde! Dans les circonstances, ça va quand même bien et je suis content de voir que nous avons passé au travers les moments les plus difficiles », a-t-il lancé d’entrée de jeu en entrevue avec Sportcom.
De ses propres dires, Delisle n’a pas d’attentes particulières en ce qui a trait à l’expérience entourant les Jeux paralympiques à venir. Il se doute que l’ambiance sera bien différente de ce à quoi il a été habitué par le passé et c’est pourquoi il continue de véhiculer un message bien spécifique aux membres de sa formation, soit les Québécois Danik Allard (BC2), Iulian Ciobanu (BC4), Marco Dispaltro (BC4) et Alison Levine (BC4).
« Ce sera très différent, c’est sûr ! Il n’y aura aucun artifice autour de la compétition et ce sera bien moins festif qu’à l’habitude. On s’en va en mission, en quelque sorte ! On s’en va là, on fait notre job et on s’en revient. On s’est engagés à aller aux Jeux, on doit y aller et on doit y aller en tant qu’équipe. »
– Mario Delisle
Adapter le message
Fidèles à leurs habitudes, les membres de l’équipe nationale poursuivent leur préparation dans les locaux de l’INS Québec, à Montréal. Depuis juillet 2020, ils s’y sont entraînés, d’abord en solo, puis en petits groupes, dans le but d’atteindre leurs objectifs personnels dans la capitale japonaise.
Mario Delisle avoue toutefois que la période d’inactivité liée à la pandémie et les différentes restrictions mises en place en raison des mesures sanitaires ont forcé le groupe d’entraîneurs à adapter l’entraînement, de même que les attentes des athlètes en prévision du tournoi paralympique. Un choix certes difficile, mais nécessaire pour le bien de leurs protégés.
« Tout le monde sait qu’on va là pour performer, ça n’enlève pas le désir de gagner, mais on va être dans un autre ordre d’esprit là-bas. […] On ne délaisse pas l’aspect performance, on est simplement encore plus humains dans notre approche », a expliqué celui qui prône toujours la communication, la confiance et le respect dans sa relation avec les athlètes.
« Ce n’est pas facile ! On est tous compétitifs et on a toujours en tête le podium, a-t-il ajouté. Par contre, mon expérience me dit que quand il y a trop de pression, les résultats ne viennent pas nécessairement. […] Il y a beaucoup de pression sur les athlètes et les entraîneurs pour les podiums. C’est la machine, c’est comme ça qu’elle fonctionne, mais j’ai décidé de ne pas embarquer là-dedans. Vaut mieux accompagner les athlètes plutôt que de les pousser. »
Qui plus est, Delisle et ses adjoints César Nicolai (BC4) et Simon Larouche (BC3) ont su profiter de la pause forcée pour intégrer de nouvelles habitudes dans le quotidien des athlètes et beaucoup de temps a été consacré à la préparation mentale.
« On a été très proactifs pour s’assurer du bien-être de tous. On travaille toujours en préparation mentale, mais ç’a été une belle occasion de mettre plus d’emphase là-dessus. […] C’est parfois un défi pour certains athlètes de s’ouvrir et de parler aux différents spécialistes. Le travail a été fait et on est passés au travers », a assuré Delisle.
Unis dans l’adversité
Au-delà de la préparation mentale, le pilote de l’équipe canadienne est d’avis que le travail effectué en amont de l’entraînement sportif a eu l’effet de rapprocher ses troupes, ce qui, selon lui, constituera un avantage à Tokyo, particulièrement dans le tournoi de double BC4, où Ciobanu, Dispaltro et Levine uniront leurs efforts.
« Le fait d’être en contact constant avec nos athlètes, ç’a créé un esprit d’équipe. On en a fait plus qu’à l’habitude et je pense que tout le monde est reconnaissant et content de bientôt retrouver la compétition. On s’est serré les coudes pour rester solides, tout en respectant le rythme de ceux qui n’étaient pas nécessairement prêts. »
Toujours selon le principal intéressé, cette unité et ce sentiment d’appartenance seront primordiaux sur le terrain, mais aussi tout au long du voyage qui, faut-il le dire, comporte son lot d’inquiétudes pour ses athlètes qui ont une paralysie cérébrale ou une dystrophie musculaire.
« C’est sûr qu’il y a un peu d’inquiétude. Il ne faut pas qu’ils aient la COVID-19 et on fait tout pour éviter trop de stress autour de ça. […] À ce stade-ci, on démystifie ça tranquillement et on voit la lumière au bout du tunnel. C’est encourageant ! » a-t-il mentionné, ajoutant que rien ne sera laissé au hasard pendant leur séjour.
« Pour nous, il n’est pas question de participer aux différentes cérémonies si elles ont lieu. Nous partagerons notre temps entre le village paralympique et le site de compétition seulement. C’est sûr que ça demande beaucoup de planification, mais nous avons déjà préparé toutes les activités, jour par jour. »
Chose certaine, tous les efforts déployés au cours des derniers mois n’auront pas été faits en vain. Le tout aura permis à la formation canadienne d’être fin prête pour la mission qui l’attend au pays du Soleil levant dès le 24 août, date à laquelle s’amorceront les Jeux paralympiques.
« Tout a beaucoup changé, mais cette nouveauté-là nous a apporté beaucoup. Nous avons pu travailler des petites choses qui avaient été mises de côté. Nous avons maintenant beaucoup d’expérience et nos athlètes ont tous développé un paquet de stratégies. Ils sont tous compétitifs et ils ont en tête un podium, mais nous allons là-bas pour faire du mieux que nous pouvons. Profitons de l’expérience et faisons de notre mieux », a conclu Mario Delisle dans sa sagesse habituelle.