La Rue et Dubreuil médaillés d’argent et de bronze
Montréal, 17 novembre 2024 (Sportcom) – Le Québécois David La Rue a mis la main sur une médaille d’argent au départ groupé…
Photo: International Weightlifting Federation
Montréal, 15 août 2023 (Sportcom) – Le nouveau processus de qualification olympique place les haltérophiles dans différentes situations en vue des Jeux de Paris. Maude Charron fait partie des athlètes en bonne posture, et ce, même si une blessure laisse planer le doute quant à sa participation aux prochains mondiaux.
Ce contexte aurait été beaucoup plus stressant par le passé.
Championne olympique des 64 kg à Tokyo, Maude Charron soulève maintenant chez les 59 kg après avoir vu sa catégorie être abolie au programme de Paris. Elle a entamé le cycle olympique en décrochant le bronze aux Championnats du monde de 2022, à Bogota.
En prévision des Jeux de Tokyo, un pointage basé sur les quatre meilleures performances déterminait le classement du processus de qualification. Désormais, un seul résultat est comptabilisé. Les dix meilleurs athlètes de chaque catégorie, à raison d’un représentant maximum par pays, seront sélectionnés pour Paris. En cas d’égalité, le premier à avoir enregistré le résultat aura priorité.
Le programme d’entraînement de Maude Charron a donc été modifié en conséquence.
« Je n’ai plus besoin de me surpasser tous les deux mois. C’est plus simple de moduler mes entraînements, cibler des compétitions importantes et me concentrer sur celles-ci », précise la Québécoise en entrevue avec Sportcom.
Ceci étant dit, commencer au troisième rang mondial a placé Charron dans une position favorable. Même si elle a glissé en cinquième place depuis, six opposantes devront la dépasser pour l’exclure du top-10, dont une qui devra améliorer sa somme d’au moins 15 kg. Un défi considérable.
Il faut aussi noter que la Rimouskoise a soulevé ses barres en dépit d’une blessure à un genou à Bogota. Elle compte améliorer ses charges à l’arraché et à l’épaulé-jeté prochainement.
« Il n’y a rien d’impossible en haltérophilie, mais c’est une grosse marche. Mon total est assez haut pour tenir jusqu’aux JO. Reste que l’objectif ultime est de l’améliorer. Je prévoyais faire un autre gros total aux prochains mondiaux, mais ma situation change de jour en jour. »
Malheureusement, après une rééducation de trois mois et un printemps sans douleur, sa blessure au genou est revenue à la mi-juin. Une déchirure dans le tendon du quadriceps moins sévère que l’hiver dernier, mais qui limite tout de même Charron à l’entraînement.
La bonne nouvelle, c’est que ce processus de qualification lui permet d’éviter la prise de risques. Elle a reçu des injections d’acide hyaluronique afin d’accélérer la guérison et a suivi divers traitements. Le tout, sans s’inquiéter de perdre sa place pour Paris.
« Je peux me donner le temps d’une bonne réadaptation. Juste ça, mentalement, il y a moins de pression et c’est rassurant », souligne-t-elle.
L’autre côté de la médaille
La majorité des athlètes sont plus pressés et devront jouer le tout pour le tout d’ici un an. Dans ce contexte, la nervosité est grandissante. Il suffit d’un seul kilogramme pour être surpassé et voir son rêve olympique s’envoler. D’autant plus que la discipline est passée de sept à cinq catégories, comprenant 12 athlètes chacune au lieu de 14.
Kristel Ngarlem préférait la méthode précédente, celle qui demandait une certaine constance et qui lui a permis de se qualifier pour Tokyo.
« Je n’étais pas dans une situation où je pouvais me permettre de ne pas me donner à 100 % », partage la Montréalaise, qui n’a pas été en mesure de se qualifier pour les Championnats du monde, une étape obligatoire pour espérer se qualifier aux JO.
Elle souhaitait se démarquer à chaque occasion et gruger quelques places au classement des 81 kg. Contrairement à Maude Charron, Ngarlem n’était pas la seule Canadienne à batailler pour une place dans le top-10 de sa catégorie. Elle devait garder un œil sur ses compatriotes Maya Celeste Laylor et Rosalie Dumas. Un aspect stratégique supplémentaire où il faut tenir compte du plan des autres haltérophiles.
« Tout dépend de la situation dans laquelle tu es. Si tu es sur le bord de la qualification, tu veux faire mieux chaque compétition et espérer que le top-10 ne changera pas. Même avec un bon total, il n’y a rien de sûr. Jusqu’à la dernière seconde, des gens peuvent sortir quelque chose d’incroyable, alors ça met plus de pression. »
Alex Bellemarre est quant à lui au cœur de la lutte pour une qualification olympique chez les 89 kg. Dans son cas, il était ravi à l’annonce de cette nouvelle façon de faire.
« Quand j’ai commencé la qualification pour Tokyo, fin 2018, j’avais un peu plus de 20 ans et je n’étais pas nécessairement prêt, raconte-t-il. À la fin, le gars qui est allé aux Jeux, Arley Mendez, je faisais mieux que lui, mais il avait cumulé plus de points au début du cycle. Ce n’était pas possible que je le rattrape. »
Bellemarre estime que l’histoire se serait répétée sans les modifications qui ont été apportées. Celui qui vise une première participation olympique se prépare présentement pour les Championnats du monde et prévoit améliorer son cumulatif. Avec un changement de catégorie, il a pu prendre du poids et gagner en masse musculaire.
« Je peux mettre beaucoup de volume à l’entraînement et je m’améliore constamment. Je sais que n’ai pas à être en forme pour chaque compétition, mais je les attaque toujours en me disant que c’est celle-là qui va me permettre de monter dans le top-10. Je n’ai pas atteint mon plateau, j’ai encore de la marge et je vais être capable d’aller chercher des kilos. Ça me donne confiance ! »
Des doutes supplémentaires
Le dopage fait de l’ombre à l’haltérophilie depuis plusieurs années, si bien qu’elle a été retirée du programme de 2028. Le processus de qualification n’aide pas à redorer l’image du sport, alors que plusieurs craignent que des adversaires en profitent pour passer sous le radar. Le but était pourtant le contraire en réduisant et en ciblant les compétitions qualificatives.
« Ça ouvre un peu la porte à ceux qui veulent se cacher pour ne pas lever et ça soulève les doutes d’éthique. Les mondiaux et la Coupe du monde du Qatar cette année sont obligatoires, alors ça limite leur jeu, mais ça reste qu’il y a moyen de prendre une substance et de se cacher un certain nombre de temps », croit Maude Charron, tout en précisant que l’ancien processus « n’était pas parfait non plus ».
Alex Bellemarre partage cet avis en ce qui concerne les soupçons de dopage.
« C’est un couteau à double tranchant. Il y a des pays qui ne contrôlent pas à l’interne ou qui ont des procédures douteuses, pour utiliser les termes politiquement corrects. Quelqu’un extrêmement fort peut se démarquer à Bogota et presque rien faire jusqu’aux Jeux. C’est bizarre d’être revenu à ce système qui pourrait protéger les tricheurs », conclut-il.
Les haltérophiles doivent néanmoins se présenter à un minimum d’épreuves afin d’être éligibles et se rendre disponibles aux tests antidopage. Nul besoin de participer, il suffit d’être présent et d’effectuer la pesée. Comme bien des athlètes, Charron a opté pour cette stratégie au Grand Prix de La Havane, en juin.
« On a été plusieurs à jouer cette carte-là. J’ai été testée et ça compte comme une participation. On le voit plus comme un camp, mais mentalement, ça m’achalait de ne pas participer et d’en voir d’autres se préparer. »
Les Championnats du monde seront présentés du 2 au 17 septembre à Riyad, capitale de l’Arabie saoudite.
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