« La possibilité d’une médaille était là » – Laurence Beauregard, cinquième
Montréal, 31 octobre 2024 (Sportcom) – La lutteuse Laurence Beauregard s’est rendue jusqu’à un match de médaille de bronze dans le tableau…
Andres Pina Photosport
Montréal, 16 octobre 2023 (Sportcom) – Alizée Brien a longtemps été une cycliste sur route de haut niveau. Elle a accroché son vélo en 2020 afin de concentrer ses efforts dans ses études à Polytechnique Montréal. Trois ans plus tard, elle étudie désormais en psychologie et se prépare à représenter le Canada aux Jeux panaméricains de Santiago… en aviron !
Au cours de la dernière décennie, Alizée Brien a principalement roulé dans les pelotons en Amérique du Nord sous les couleurs de l’équipe américaine Tibco-SVB. Elle compte quelques présences dans des courses en Europe et en Amérique du Sud, en plus d’avoir participé aux Championnats du monde juniors en 2011.
Comment en est-elle arrivée à se retrouver parmi l’élite canadienne de l’aviron ? En entrevue téléphonique depuis le Centre national d’entraînement, à Duncan, en Colombie-Britannique, l’athlète de Val-David revient sur son parcours sportif qui a été fortement influencé par des moments de vie charnières.
Le déclic
Alizée Brien a commencé la pratique de l’aviron dans ses dernières années de vélo, alors qu’elle roulait davantage sur la scène provinciale qu’à l’international.
« J’avais besoin de nouveau et je voyais que je n’atteindrais pas mon but d’aller aux Jeux olympiques. Mon coach de vélo de l’époque, Chris Rozdilsky, et deux amis d’université qui étaient des rameurs m’ont suggéré d’essayer l’aviron. C’était plus pour me changer les idées, mais je faisais encore du vélo que je n’étais pas prête à laisser partir. »
Elle obtient son baccalauréat en génie mécanique, amorce sa « vie normale » et travaille comme ingénieure junior. Terminé le sport, même au niveau récréatif.
L’été 2021 est un moment clé pour elle. Drainée par ses années de compétitions de vélo, elle vit en plus une passe difficile au plan personnel. Dans des moments de remises en question comme ceux-là, certains les vivent dans une retraite fermée ou en thérapie. Pour Alizée Brien, c’est sous la forme d’un voyage solo en cyclocamping à Terre-Neuve qu’elle l’a vécu.
« C’était un retour toute seule à ce qui me passionnait vraiment et qui m’a permis de réaliser ce que j’aimais et ce que je n’aimais pas. »
C’est lorsqu’elle roulait dans des zones moins reculées de l’île qu’elle avait accès au réseau cellulaire ou à des chambres d’hôtel. Elle en profitait donc pour regarder les Jeux olympiques de Tokyo sur son téléphone portable. Et c’est à ce moment que l’appel du sport de haut niveau commence à renaître.
« Je pensais regarder les Jeux en étant un peu détachée et en me disant que j’avais essayé à fond mon rêve d’y aller en vélo. Je pensais que j’étais prête à laisser aller ce rêve-là et que j’étais correcte avec ça. »
À son retour de vacances, elle contacte son ancien entraîneur au Club d’aviron de Montréal, Joe Rochon. Tous les deux assis sur des chaises de camping en bordure du bassin olympique de l’Île Notre-Dame, Brien lui demande : “ Mettons que je te dis que je veux revenir à l’aviron, mais à 100 % pour faire l’équipe nationale et aller aux Jeux olympiques, est-ce que tu me dirais que je suis complètement folle et que je ne devrais pas essayer ? ”
« Il m’a dit : “ Il n’y a pas de garantie (de réussite), mais je suis prêt à embarquer dans ce projet-là avec toi à 100 %. On peut essayer. ” […] En l’espace d’un mois, j’ai quitté ma job, je suis retournée aux études en psychologie, j’ai déménagé et je suis retournée à l’aviron pour essayer d’aller aux Jeux olympiques. »
D’inconnue à reconnue
À l’été 2022, Alizée Brien « sort un peu de nulle part », comme elle le mentionne, alors qu’elle remporte ses deux courses au Canadian Henley (le skiff et le Championship skiff), les Championnats canadiens universitaires, en plus de rafler le titre de l’athlète féminine de l’année du circuit. Suivent les Championnats canadiens en novembre où elle se classe quatrième de la finale A du skiff.
Ses résultats créent une certaine commotion dans la communauté de l’aviron qui fait vite place à une saine curiosité. « Les gens sont intrigués par mon parcours et quand ils apprennent à me connaître, ils trouvent ça cool. Il y a beaucoup de soutien en aviron et je ne suis pas la seule avec un passé particulier. »
À 30 ans, l’athlète sent qu’elle a maintenant le recul pour savoir ce qu’elle veut. Ce qu’elle veut, c’est une place aux Jeux olympiques de Paris, même si elle n’a pas encore donné un seul coup de rame dans une épreuve de Coupe du monde.
Les Jeux panaméricains de Santiago ne comptent pas dans le processus de qualification olympique, mais ils seront une étape importante pour elle, car elle ramera dans des bateaux d’équipage pour une première fois : le quatre de couple et le huit de pointe. Celle qui sera la seule rameuse québécoise au Chili sait qu’elle doit continuer à progresser sur le plan de sa technique, où elle n’est pas encore au même niveau que ses coéquipières.
« C’est ce qui me bloque le plus. J’en ai dans les jambes et dans la tête, mais je ne peux pas aller plus vite parce que je n’ai pas encore les éléments techniques assez développés… mais ça s’en vient ! »
En contrepartie, son passé de cycliste fait en sorte qu’elle est déjà une athlète qui peut se surpasser dans des conditions difficiles : « Toutes les courses de vélo de trois ou quatre heures que j’ai faites dans la grêle ou à 3 degrés, maintenant, quand on me demande de faire un entraînement d’une heure et demie à la pluie dans un bateau, c’est OK. »
La rameuse ajoute aussi ce sentiment de légèreté qui est beaucoup plus présent que dans son ancien sport.
« En vélo, il y avait tellement de risques de chutes et de blessures, en plus de la question des troubles alimentaires. En aviron, si tu chavires, c’est smooth. Avant ta course, tu n’as pas le stress de recevoir un plateau dans le visage ou de te casser une vertèbre dans une descente à 90 km/h. C’est juste plus léger. L’aviron est aussi un sport beaucoup plus inclusif pour tous les types de corps et je trouve que c’est plus sain. »
Qui ne risque rien n’a rien et Alizée Brien l’incarne bien. Qu’elle atteigne ou non son objectif de devenir une Olympienne, elle sait qu’elle a fait le bon choix.
« Chaque jour, je me pince quasiment, je n’en reviens pas et je suis vraiment où je veux être en ce moment ! Je suis tellement heureuse d’avoir la chance de faire ça. »
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