Boccia - Jeux parapanaméricains
Santiago, 21 novembre 2023 (Sportcom) – Chaque fois qu’elle est sur le terrain, la joueuse de boccia Joëlle Guérette peut compter sur le soutien de son partenaire Jonathan Manseau. Même dos au jeu, comme l’exige le règlement, il fait partie intégrante des performances de sa protégée.
Le travail des partenaires de performance est primordial et varie selon le handicap des athlètes en boccia. Ils doivent faire en sorte que l’athlète se trouve au sommet de sa forme pour la compétition, surtout celles de grandes envergures comme les Jeux parapanaméricains, où l’enjeu peut susciter son lot de stress.
« Il y a plusieurs choses que les athlètes en boccia ne peuvent faire eux-mêmes et c’est à nous, les partenaires de performance, de répondre à leurs besoins et d’être présents, mentionne Roberta Fried-Levine, qui accompagne sa fille Alison Levine aux compétitions. Si elle est en bonne santé, bien soignée, sa performance va être meilleure. »
« Il faut presque tout gérer de A à Z », précise pour sa part Jonathan Manseau, qui doit donner quotidiennement les soins nécessaires à Joëlle Guérette au Chili, en plus de l’assister durant les matchs.
Guérette évolue chez les BC3 et participe à ses premiers Jeux parapanaméricains à Santiago. En voyant Jonathan Manseau manipuler la rampe durant les matchs, on comprend que sa présence à ses côtés ne date pas d’hier. Ça fait un peu plus de six ans qu’il épaule la Québécoise.
En raison de leur « handicap physique très impliqué », comme le stipule le Comité paralympique canadien, les athlètes BC3 sont incapables de lancer la balle eux-mêmes. Une rampe est utilisée pour la projeter sur la surface de jeu et c’est leur assistant qui doit l’ajuster en fonction de la direction et de la vitesse souhaitées.
S’il gère la rampe avec tant d’aisance, c’est que Manseau a travaillé dur en compagnie de Guérette depuis 2017. Ils ont développé un système qui facilite leur communication et qui augmente leur efficacité afin de respecter les six minutes qui leur sont allouées par manche.
« C’est le jour et la nuit depuis le début ! Surtout que Joëlle est non verbale, alors il fallait apprendre à communiquer. On a eu de très gros défis. C’était presque impossible de savoir ce qu’elle voulait me dire, au point où je me demandais qu’est-ce que je faisais-là », raconte Jonathan Manseau, pour qui jouer sans voir le positionnement des balles en jeu est « quasiment devenu une deuxième nature ».
« De fil en aiguille, c’est devenu beaucoup plus facile. Tout est fluide maintenant, c’est presque une musique ! Je suis pratiquement capable de savoir ce que Joëlle souhaite dès que je la vois. Elle a aussi évolué dans son jeu et dans sa gestion du temps. »
Avant, pendant, après
Le joueur BC2 Danik Allard ne fait pas appel aux services de son partenaire de performance Dominique Goudé durant les parties. L’importance de ce rôle n’en est pas diminuée pour autant. Dominique accompagne Danik partout à Santiago et le soutien qu’il lui offre fait une grande différence, aux dires du Paralympien des Jeux de Tokyo.
« Je pensais ressentir plus de pression pour mes premiers Jeux parapanaméricains, mais finalement, non ! J’ai vraiment une bonne équipe qui m’entoure. J’ai un bon partenaire de performance qui est capable de me calmer avant les matchs et ça aide beaucoup », partage Danik Allard.
« Je veux être là pour le faire grandir en tant que personne. Depuis le début, il y a une belle évolution ! À notre première compétition ce printemps, on était tous les deux un peu timides l’un envers l’autre », ajoute Dominique Goudé, qui a commencé à s’impliquer dans le boccia en 2016 grâce à son bon ami César Nicolaï, entraîneur-chef de l’équipe nationale.
« Sans une bonne communication, ça n’avance pas ! Je m’occupe de lui et s’il a besoin de moi, je suis là. Pour le côté sportif, s’il veut mon avis je vais lui donner, mais je renvoie surtout la balle aux personnes plus aptes à l’aider pour ça. »
Contrairement à Jonathan Manseau, Dominique Goudé se trouve dans les gradins lorsque Danik Allard est en action. Dans les catégories BC2 et BC4, l’impact est surtout présent à l’extérieur du terrain, avant et après les rencontres.
Mère et partenaire
Par la force des choses, la relation se veut différente entre Alison Levine et Roberta Fried-Levine.
Ici, les rôles de partenaire de performance et de mère doivent se compléter, mais ne jamais s’interposer l’un sur l’autre. Ce qui représentait tout un défi lorsqu’Alison a commencé sa carrière est devenu l’une des forces du duo au fil du temps.
« Au boccia, c’est moi qui deviens le boss et elle n’est plus maman, mais le soir au village, le rôle change ! Ça peut être un peu difficile, mais je pense qu’on a établi de bonnes règles, souligne Alison Levine. Elle s’occupe de tout et elle me connaît mieux que tout le monde. Je ne suis pas toujours capable d’évaluer moi-même ce dont j’ai besoin, mais ma mère va le savoir ! C’est un partenariat qui fonctionne super bien. »
Lorsqu’on la questionne sur le chemin qu’elles ont parcouru ensemble, Roberta Fried-Levine se remémore ses premiers pas dans l’univers du boccia en riant.
« À notre première compétition, ça faisait seulement quelques mois qu’elle avait commencé le sport. Je n’avais jamais entendu le mot boccia avant ! Je ne connaissais rien de tout ça et on se rendait en Chine pour une compétition. Je n’avais aucune idée ce que j’avais à faire, sauf que pour soutenir Alison, physiquement et mentalement, ça, j’étais habituée ! Je suis plus à l’aise aujourd’hui et j’ai compris que je suis une vraie membre de l’équipe. »
Même dans les tournois en simple, le boccia se veut donc un sport d’équipe à sa manière. Les athlètes et les partenaires de performance se suivent, s’entraident et se soutiennent pour atteindre leurs objectifs.
« C’est un peu les mini-Jeux paralympiques, ici. De savoir que ma mère est toujours là, c’est une source de réconfort et ça me détend quand je suis stressée », conclut Alison Levine, qui ne peut rêver d’une meilleure coéquipière.