Quatre fois médaillée en une journée, l’équipe canadienne impose son rythme à Montréal
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Photo: Comité olympique canadien
Montréal, 22 juillet 2024 (Sportcom) – Si les judokas canadiens arrivent prêts sur les tatamis, respectent leur catégorie de poids ou parviennent à se rétablir de blessures, c’est en partie grâce au préparateur physique Nicolas Thébault. Et si son travail est aussi bénéfique auprès de l’équipe nationale, c’est qu’il a su établir une relation de confiance qui surpasse largement le nombre de répétitions à effectuer au développé couché.
Sportcom a rencontré Nicolas au Centre Ippon ce printemps. Sa première entrevue vidéo depuis la défunte émission 110%, a-t-il souligné en riant, tout en prenant place devant la caméra.
Dès notre arrivée dans les anciens locaux du monastère Saint-Albert-le-Grand, on le croise en train de répondre aux questions d’une athlète. Elle suivra pratiquement à la lettre les indications du préparateur physique, en poste depuis 2015.
« On pourrait donner le meilleur programme d’entraînement au monde, bien supérieur aux miens, mais si l’athlète doute et ne le suit pas, ça ne fonctionnera pas », fait vite comprendre Nicolas, questionné sur la relation qu’il a bâtie au cours des dernières années.
Peu de temps est nécessaire pour constater que les meilleurs judokas au pays ont pleine confiance en leur préparateur physique, lui qui veille au grain tout au long des séances. Ses correctifs semblent faire la différence quand vient le temps de soulever des poids ou d’effectuer tout autre mouvement. C’est ce que laissent penser les grimaces des athlètes en action.
« L’exercice semble facile, mais ce ne l’est pas ! » nous informe Nicolas en supervisant Shady ElNahas. Le vice-champion du monde des moins de 100 kg s’attardait de peine et de misère à renforcir ses muscles ischio-jambiers à l’aide d’un élastique.
Absolument rien de tout ça n’avait l’air « facile ».
Collaboration
Comme ses coéquipiers, Shady n’est pas tenté par l’idée de contredire le spécialiste. Nicolas Thébault est persuadé que les judokas effectueront ce qu’on leur demande. Pour plusieurs d’entre eux, c’est cette rigueur et ce professionnalisme qui les mèneront vers l’élite de leur sport.
« En collaboration avec les entraîneurs et les athlètes, on choisit les méthodes qui vont leur permettre d’atteindre leurs objectifs. Une fois qu’on a déterminé tout ça, je les guide et j’essaye de les motiver, mais ce sont eux qui font le travail », souligne humblement Nicolas Thébault, qui a déjà pratiqué le judo et le karaté. Il est aussi le préparateur physique de l’équipe nationale d’escrime.
La recette n’est pas la même pour l’ensemble de ses disciples. Les catégories de poids, la gestion des blessures, des forces et des faiblesses vont impacter le rôle de celui qui parvient à s’adapter à tous les enjeux. Un atout, voire une condition si on désire occuper son poste convenablement.
Il pourrait demander à un athlète de pivoter sur 360 degrés à l’impulsion de ses pompes avant de retomber sur ses mains. Tâche qu’il n’imposerait jamais à un poids lourd pour des raisons évidentes. Si quelqu’un se sent moins bien en se présentant au gym, il pourrait voir Nicolas ajuster son programme en conséquence.
« Grâce au lien de confiance qu’on a, on apprend à les connaître et on sait si ça va bien ou pas. Je fais dans la caricature, mais c’est déjà arrivé qu’un athlète me dise qu’il a été invité à une fête et qu’il se soit couché plus tard, cite Nicolas en exemple. Ce sont des choses qui arrivent dans la vie et on peut s’ajuster. Mieux vaut en tenir compte et éviter une blessure. »
Cette qualité, parmi tant d’autres, a été soulevée par l’entraîneur-chef Antoine Valois-Fortier.
« Sur le plan humain, c’est quelqu’un qui connecte bien avec tout le monde, a décrit le médaillé olympique. Les premiers mots qui me viennent en tête sont professionnel, dévoué et rigoureux. Il est capable de créer un environnement où tout le monde se sent soutenu, les athlètes comme les entraîneurs. Il a su créer un lien qui va bien au-delà de prescrire des exercices. C’est ce qui fait sa force. »
Quand il regarde des combats, Nicolas Thébault est attentif à ce que ses protégés pourraient peaufiner en salle pour ensuite en bénéficier sur les tatamis.
Lorsque les combattants connaissent du succès, il admet ressentir une petite dose de fierté et réalise qu’il en est probablement pour quelque chose. En entrevue, il s’empresse d’ajouter que tout le mérite revient aux judokas, comme s’il souhaitait éviter le moindre éclat des projecteurs.
Des programmes qui torturent
Deux semaines après notre rencontre, on retrouve Nicolas Thibault au lancement du livre Nourrir son corps de Catherine Beauchemin-Pinard, qui combattra à ses troisièmes Jeux olympiques cet été.
Nicolas avait d’ailleurs partagé son admiration à propos de Catherine, qui finalisait son bouquin durant le processus de qualification olympique. Il a acheté une copie et l’a fait dédicacer par la médaillée de bronze des Jeux de Tokyo, qui l’a remercié pour « tous ses programmes qui [l’ont] torturée, toutes ces années ».
« Il est très compréhensif, à l’écoute et réussit à bien communiquer avec nous, a précisé Beauchemin-Pinard, le temps d’une courte pause d’autographes. Il y a la confiance, mais surtout, il comprend bien notre sport. Je trouve ça très important pour travailler les bonnes choses. »
De la puissance à l’explosivité, passant par l’agilité et l’endurance : les éléments sur lesquels misent Nicolas Thébault sont nombreux. Un des défis est de trouver l’équilibre entre maintenir les points forts et améliorer les points faibles.
« Ce que je leur donne comme plan d’entraînement, je ne suis pas capable de le faire. Je les conseille, les oriente, mais je sais que c’est difficile ce que je leur demande ! C’est pour ça que le lien de confiance est essentiel. »
Puisqu’il doit poursuivre son travail auprès d’autres membres de l’équipe canadienne, il restera à Montréal durant les Jeux olympiques de Paris. On devine qu’il surveillera les combats de très près.
« Quand ça ne marche pas pour eux, on est triste et quand ça fonctionne bien, on est heureux ! Le côté émotionnel est fort et on veut qu’ils réussissent. […] Ça fait quelques années qu’ils travaillent pour ce moment. Ils méritent tous d’être récompensés ! »
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