3 Août - 2024 | par Mathieu Laberge

Jeux olympiques – Aviron

Jusqu’au bout d’elles-mêmes pour une médaille d’argent

Nouvelle

Photo: Facebook, Comité olympique canadien

Vaires-sur-Marne, 3 août 2024 (Sportcom) – Dans les 200 derniers mètres de la finale olympique du huit féminin, le corps de la rameuse Kasia Gruchalla-Wesierski lui disait d’arrêter. Les muscles noyés d’acide lactique, elle ne pouvait pas se permettre de ralentir la cadence des 41 coups par minute imposée par la barreuse. Le rythme est ensuite monté à 42 coups, puis 43. Son équipage bataillait pour une médaille d’argent olympique.

Samedi, Gruchalla-Wesierski, Jessica Sevick, Caileigh Filmer, Maya Meschkuleit, Avalon Wasteneys, Sydney Payne, Kristina Walker, Abby Dent et la barreuse Kirsten Kit sont allées jusqu’au bout des 2000 mètres de course et elles ont préservé leur classement contre la remontée des Britanniques. Elles quitteront Paris avec une médaille d’argent. Les Roumaines, favorites et gagnantes des deux derniers Championnats du monde, se sont imposées avec plus d’un bateau d’avance sur les Canadiennes.

Près de deux heures après avoir franchi la ligne d’arrivée, Gruchalla-Wesierski et ses coéquipières sont arrivées dans la zone d’entrevues. Les sentiments de la native de Montréal étaient encore palpables et si elle n’avait pas eu sa médaille d’argent au cou, on aurait pu croire qu’elle venait de remporter l’or.

« Je suis remplie d’émotions. Complètement. », a laissé tomber Gruchalla-Wesierski avec des larmes qui coulaient sur ses joues. « Je pense vraiment que c’était le meilleur résultat que nous aurions pu avoir aujourd’hui et je n’ai vraiment pas de regret. Je n’avais presque plus rien en moi dans les 200 derniers mètres et j’ai senti mon équipe me pousser. Je ne pouvais presque pas bouger tellement j’avais mal ! »

L’athlète est passée des larmes au rire lorsqu’elle a ajouté qu’elle n’avait pas hâte de voir la vidéo de la course, sachant que sa technique laisserait sûrement à désirer en fin de parcours.

« J’avais tellement mal ! J’essayais juste de continuer à bouger. »

Le rôle de l’athlète du Club de Knowlton était de tout donner dans les 750 premiers mètres pour bien positionner son équipe. Ses coéquipières assuraient le travail dans d’autres sections de la course.

Samedi, Gruchalla-Wesierski, Wasteneys, Payne et Kit, étaient de retour dans une finale olympique après celle de Tokyo où elles avaient été couronnées. La médaille d’argent de samedi a procuré un « feeling complètement différent » à l’athlète qui réside maintenant en Alberta.

« Ce sont deux parcours différents, mais ma fierté est la même. Les trois dernières années ont vraiment été un gros challenge. Cette médaille d’argent, c’est un bonus, car je ne pensais pas continuer l’aviron après Tokyo. Et d’être ici, à Paris, c’est tellement spécial avec ce groupe de femmes et ma famille. Je suis tellement fière de toute l’équipe ! »

Et comme à Tokyo, les rameuses canadiennes avaient des tresses de courses, qui, cette fois, ont été faites par Maya Meschkuleit.

Les effets concrets d’une médaille olympique

L’équipe canadienne d’aviron n’a qualifié que deux bateaux aux Jeux olympiques, dont aucun chez les hommes. Elle repartira tout de même de la capitale française avec une médaille qui assurera un financement de Sport Canada et d’À nous le podium à moyen terme. Une bouffée d’oxygène pour ceux et celles qui vont s’engager dans le prochain cycle olympique menant aux Jeux de Los Angeles qui seront marqués par la disparition de la catégorie des poids légers pour faire place à des épreuves disputées en mer.

« Je ne vais pas mentir, c’était vraiment important qu’on soit sur le podium. On a vraiment besoin du financement pour l’aviron parce qu’il y a des femmes et des hommes extrêmement forts dans notre pays qui ont besoin du soutien du reste du Canada. »

Après sa deuxième médaille olympique, Kasia Gruchalla-Wesierski n’a pas voulu s’avancer si elle voulait continuer à être une athlète de haut niveau.

« J’ai quand même 33 ans et j’aimerais avoir une famille, alors on verra. Aujourd’hui, j’essaye juste de ressentir le moment. La vie est plus grande que le sport. »

Elle aura l’occasion de célébrer et peut-être de parler d’avenir avec ses proches qu’elle allait rejoindre dans les minutes suivantes.

Le bassin olympique de Vaires-sur-Marne fera maintenant place aux épreuves de canoë-kayak de vitesse qui se mettront en branle à compter de mardi.

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