22 Oct - 2025 | par Mathieu Laberge

Escalade – Championnats du monde

Madison Richardson : une grimpeuse jeune et expérimentée

Nouvelle

Photo: Okami Escalade

Montréal, 22 octobre 2025 (Sportcom) – Madison Richardson a obtenu le meilleur résultat canadien aux Championnats du monde d’escalade disputés Séoul, une 27e place au bloc, il y a quelques semaines, en Corée du Sud. Celle qui a fait du Québec sa terre d’adoption pour perfectionner son art a aussi décidé de vivre son parcours d’athlète de haut niveau à sa manière.

Portrait d’une athlète engagée à bloc, c’est de cas de le dire, dans son sport

Recrue en Coupe du monde à 16 ans

L’expression « vétérane de 24 ans » peut sembler bizarre, mais c’est bien le cas pour l’athlète originaire de Kitchener, en Ontario. À sa première participation en Coupe du monde, en 2017, elle n’avait que 16 ans et perçait à peine le top-20 au niveau national. Lorsque les athlètes canadiennes mieux classées qu’elle ont décliné tour à tour leur invitation en Coupe du monde, la recrue a sauté sur l’occasion.

« C’est à partir de ce moment que je me suis améliorée. »

Depuis, Madison Richardson a atteint la ronde des demi-finales à quelques occasions en Coupe du monde de bloc cette année et elle est passée bien près de faire partie des 24 retenues pour cette ronde aux récents mondiaux qu’elle a conclu avec des sentiments partagés entre la joie et la délivrance. Joie d’être parmi les meilleures au monde, mais délivrance de mettre un terme à cette longue saison.

L’équilibre qu’elle recherche entre le physique et le mental est semblable à celui visé sur un mur de bloc lorsque ses muscles sont en contraction et qu’elle doit se concentrer pour chorégraphier son prochain mouvement.

« Après plusieurs saisons, je sens que je dois vraiment faire attention pour ne pas me brûler. Je sens que je suis rendue à la moitié (de ma carrière) et si je ne veux pas m’épuiser maintenant, je dois choisir mes compétitions à la pièce. J’ai étiré un peu l’élastique pour aller à Séoul, car il y a eu trois mois entre ma dernière Coupe du monde et les Championnats du monde. »

La grimpeuse ajoute être comblée que son mari et entraîneur, Zach Richardson, ait pu l’accompagner dans la capitale sud-coréenne. Ironiquement, cela n’aurait pas été possible si les finances de la fédération nationale, Climbing Escalade Canada (CEC), avaient été en meilleure santé, car celle-ci aurait délégué son entraîneur-chef attitré, comme c’était le cas il y a quelques années. À l’image de bien des fédérations nationales qui ont vu leur budget stagner ou diminuer, CEC a en plus perdu son commanditaire principal.

Madison Richardson a donc décidé de se retrousser les manches et de mettre les mains dans le moteur pour améliorer le sort de son sport au pays. Elle siège maintenant au conseil d’administration de sa fédération nationale.

« Quand tu es une athlète, tu ne comprends pas pourquoi tu ne reçois pas d’aide financière et j’avais besoin de réponses. Je suis passionnée, mais je ne veux pas être assise chez moi et rester frustrée. Je veux améliorer les choses et ne pas juste me plaindre, mais trouver des solutions. On avance dans la bonne direction, mais plus lentement que ce que j’espérais », admet la jeune femme qui voudra ramener les couleurs canadiennes aux Jeux olympiques qui étaient absentes à ceux de Paris, en 2024.

Montréal, nouveau pôle d’attraction

Si les athlètes de l’équipe nationale doivent sortir leur portefeuille plus souvent qu’avant pour prendre part à des compétitions internationales, l’escalade sportive demeure en bonne santé sur la scène internationale. Le sport a fait son entrée au programme olympique depuis les Jeux de Tokyo sous forme d’épreuve combinée des trois disciplines : bloc, difficulté et vitesse. À Los Angeles, en 2028, des médailles seront à l’enjeu séparément, ce qui reflètera mieux le talent de l’élite mondiale.

Au Québec, le sport a le vent dans les voiles. Dans la région du grand Montréal seulement, on compte plus d’une vingtaine de gymnases spécialisés, souvent modernes et qui font une place aux athlètes d’élite. Après une année passée à s’entraîner Francfort, Madison Richardson et son mari ont eu le mal du pays et c’est dans la métropole québécoise qu’ils ont déposé leurs valises à leur retour d’Allemagne. Pour eux, le choix était clair.

« Quand on parle d’escalade au Canada, il n’y a aucun autre endroit pour s’entraîner comme Montréal, poursuit celle qui est affiliée au club Rose Bloc, sur la Rive-Sud.

« Honnêtement, même en Amérique du Nord, c’est probablement l’épicentre de l’escalade de compétition. Une vingtaine de gyms de haut niveau dans une même ville, on ne voit pas ça ailleurs. Les autres endroits dans le monde où la culture de l’escalade est aussi bonne, c’est au Japon et en Corée de Sud. Montréal est le meilleur endroit pour s’entraîner et tout le monde au Canada le sait. »

Conséquemment, la proportion d’athlètes québécois dans l’équipe canadienne continue à grandir. Aux derniers mondiaux, Dylan Le (41e en vitesse), Oscar Baudrand (41e au bloc et 60e en difficulté), Victor Baudrand (52e en difficulté) et Hugo Dorval (57e au bloc) étaient tous présents.

À contre-courant

Bien avant la parution de nombreuses études scientifiques publiées à propos de l’impact négatif des médias sociaux sur l’estime de soi, la grimpeuse avait déjà décroché de ceux-ci. Même si cela signifiait aussi se priver d’un large auditoire qui aurait pu se transformer en commandites pour l’aider à financer sa carrière.

« Je voulais me concentrer sur ce que je pouvais faire dans ma vie pour être une meilleure athlète et les médias sociaux ne faisaient pas partie de l’équation. Je préfère encore mieux performer à des Coupes du monde que de recevoir plus d’argent ou d’avoir plus de commanditaires. Oui, c’est important d’en avoir, car ça peut aider, mais le plus important, c’est mon état d’esprit. […] Instagram, c’est un peu trop à propos de soi-même et dans le sport, tu veux mettre ton ego de côté et être humble. »

La façon qu’elle préfère pour faire parler d’elle, c’est son blogue où elle résume ses compétitions, ainsi que sa chaîne YouTube, où elle et son conjoint valorisent l’enseignement de leur sport.

« Quand les gens commentent, c’est à propos du contenu et non à propos des personnes. »

C’est d’ailleurs grâce à cette façon qui est plutôt « vieille école » qu’elle a pu s’associer avec des commanditaires qui ont des valeurs semblables aux siennes.

La pause des compétitions des prochains mois permettra à Madison Richardson et son conjoint de développer un programme compétitif à l’école secondaire MacLachlan College, à Oakville, en Ontario, dont les responsables de l’école sont justement entrés en contact avec le couple après avoir vu leurs vidéos éducatifs en ligne.

Une autre façon de passer de la parole aux actes.

-30-

Vous pourriez aussi aimer...

21 Oct - 2025 | par Mathieu Laberge

Les Canadiennes compétitives malgré tout

Montréal, 21 octobre 2025 (Sportcom) – L’équipe canadienne féminine de volleyball assis a conclu la Coupe du monde au quatrième rang, la…

Nos partenaires