1 Mai - 2020 | par Émilie Bouchard Labonté

Boccia

Alison Levine : savoir s’adapter pour rester au sommet

Nouvelle

Cette semaine devait être présenté le 37e Défi sportif AlterGo, le plus grand événement multisport annuel au Canada. Ne pouvant avoir lieu tel que prévu cette année en raison de la pandémie, Sportcom partage des textes en lien avec les para-athlètes québécois et le mouvement paralympique.

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Montréal, 1er mai 2020 (Sportcom) – Le 2 mai 2019. Cette date restera gravée à jamais dans la mémoire d’Alison Levine. Une victoire, une médaille d’or, sa première en Open mondial. Des larmes de joie lorsqu’elle va cueillir cette récompense dorée, sous les applaudissements de ses vaillants coéquipiers et de son entourage qui sont restés jusqu’à la fin de la cérémonie pour la célébrer. Un honneur qu’elle a pu accomplir chez elle, à Montréal, dans le cadre du Défi sportif AlterGo qui accueillait des athlètes d’une vingtaine de pays et les meilleurs au monde.

 
 
 

 
 
 
 
 

 
 

 
 
 

Des larmes de joie pour la médaillée d’or @bocciaalison à l’Open mondial de boccia . . . @bocciacan @defisportif #boccia #defisportif

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« Avec du recul, je réalise que ce n’était que le début d’une excellente saison », affirme la joueuse de boccia qui a atteint plus tard dans l’année pour la première fois de sa carrière le premier rang mondial des BC4, en plus de remporter sa deuxième médaille d’or de la saison en Open mondial, cette fois en double aux côtés de ses coéquipiers Marco Dispaltro et Iulian Ciobanu, permettant de qualifier le trio aux Jeux paralympiques.

2020 devait être une année très significative. L’année de ses 30 ans, de ses deuxièmes Jeux paralympiques et un rêve à la portée, celui de donner au pays une médaille d’or à Tokyo. Les circonstances actuelles reportent certains projets.

L’importance de relativiser

Le calendrier de compétitions d’Alison Levine a rapidement été perturbé en 2020. Elle devait être la seule représentante canadienne à s’envoler pour le Japon, à la fin du mois de février, pour une compétition préparatoire en vue des Jeux paralympiques de Tokyo. De premières mesures annoncées ont fait en sorte que la compétition ne soit finalement ouverte qu’aux Japonais.

Malgré ce premier signal d’alarme, la Montréalaise n’aurait imaginé qu’un mois plus tard, les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo seraient reportés d’une année, que les frontières seraient fermées et que le pays serait confiné.

« Ça m’a traversé l’esprit, mais je pensais vraiment que le reste allait continuer et que tout allait être correct. Malheureusement, ce n’est pas ce qui s’est passé », dit-elle.

Membre du Conseil des athlètes du Comité paralympique canadien, elle était de la réunion d’urgence qui a mené à la décision conjointe du COC et du CPC de ne pas présenter de délégation si les Jeux olympiques et paralympiques avaient lieu aux dates prévues en 2020.

« Nous avons fait un vote et tout le monde a voté oui, même moi. Nous sommes dans une situation de pandémie. Des gens meurent. Juste du côté humain, nous ne pouvons pas penser à un événement sportif. Le plus important, ce sont les vies humaines. La décision prise était la bonne, même s’il y avait un côté émotionnel et de la déception reliés à cette décision. »

Des centaines de milliers de personnes à travers le monde atteints de la COVID-19 luttent présentement pour leur vie. Plusieurs athlètes paralympiques ont également des conditions de santé vulnérable.

« En boccia, c’est un sport où chaque année, il y a des athlètes qui décèdent. Juste une grippe pour nous, ça peut être très dangereux. Il faut éviter à tout prix de nous mettre en danger. »

Des deuxièmes Jeux qui se feront donc attendre

La date du 24 août 2021, jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, est déjà encerclée.

Malgré le confinement, la Québécoise ne lésine pas afin d’être prête lorsque le feu vert pour un retour à la normale sera annoncé. Et même si elle est limitée dans son entraînement, Levine ne chôme pas à la maison. Du vélo à main stationnaire un jour sur deux, elle lance aussi ses balles dans le corridor de son appartement.

Sans assistant pour pouvoir l’aider, il reste qu’il lui est plutôt difficile de pratiquer son sport. « Lancer les balles, ça va. C’est de les ramasser qui est très difficile pour moi. Mon père m’a fabriqué un ramasse-balle maison, alors c’est plus facile que de me pencher, mais ce n’est encore pas évident. »

Alison Levine en profite surtout pour travailler sur l’aspect mental de son sport. « Le boccia, ça se passe énormément entre les deux oreilles, rappelle-t-elle. C’est l’opportunité parfaite pour travailler sur la résilience. Je pratique aussi beaucoup ma respiration et fais de la visualisation. »

Des rencontres virtuelles hebdomadaires avec son équipe d’entraîneurs et ses coéquipiers sont aussi à l’agenda, de même que des rendez-vous à distance avec son psychologue sportif et avec son équipe de physiothérapeutes. »

Minimiser l’impact

Alison Levine a été diagnostiquée avec un problème neuromusculaire appelé dystrophie musculaire idiopathique lorsqu’elle était âgée de 12 ans. Comme toute maladie dégénérative, de simples actions peuvent devenir difficiles du jour au lendemain.

Le report d’un an des Jeux paralympiques aura-t-il un impact majeur sur sa condition physique ?

« Il n’y a rien de drastique présentement, comme il y a cinq ou six ans où j’ai dû complètement changer ma manière de lancer », affirme celle qui célèbrera son 30e anniversaire le 11 mai.  « Il y a toujours de petites choses tout de même qui pourront me rendre plus faible, mais il y a souvent quelques adaptations que je peux faire pour rendre ma performance optimale. »

Dans la dernière année, c’est surtout une intolérance à différentes températures qui a le plus affecté Alison Levine. « Ça devient de plus en plus difficile à gérer, mais nous mettons beaucoup de choses en place afin de faire face à différentes situations. »

Des câlins, de loin

Alison Levine a quitté le nid familial il y a presque trois ans pour vivre en appartement. Malgré tout, elle voyait souvent sa famille puisque sa mère, Roberta, est aussi son assistante sportive et la suit donc dans ses entraînements et toutes ses compétitions.

Habituellement infirmière à mi-temps, on peut croire que sa partenaire de performance depuis les tout débuts travaille présentement beaucoup plus ! « Ça m’inquiète évidemment, même si elle n’est pas en contact direct avec des patients qui ont la COVID-19. »

 
 
 

 
 
 
 
 

 
 

 
 
 

#togetherathome @canfund @rlevine411

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Sa maman et elle se voient de temps en temps à travers la fenêtre pour se saluer, mais c’est tout. « Elle me manque beaucoup. J’aimerais lui donner un gros câlin ! » dit-elle en riant.

Au sommet

En revendiquant le premier rang mondial l’automne dernier, Alison Levine est devenue la première femme à occuper la tête de ce classement mixte dans l’histoire du boccia chez les BC4.

« Pour moi, ça montre que les filles, nous avons notre place dans le sport. Nous ne sommes pas faibles, nous sommes des compétitrices égales aux hommes et je suis très fière. Je sais qu’il y a des filles à la maison qui jouent avec des équipes mixtes et qui peuvent être intimidées par les gars et j’espère pouvoir les inspirer en démontrant ce dont je suis capable de faire au niveau international. »

Sa position de favorite ne l’a cependant pas fait ralentir. « Le niveau du boccia est tellement élevé au niveau international maintenant, qu’une seule mauvaise balle dans un match peu te faire perdre la partie.  Je ne suis pas devenue première au monde avec de la chance, j’ai fait mes preuves et je veux continuer de le prouver. Je sais que j’ai tout en moi pour remporter la médaille d’or aux Jeux paralympiques, mais il ne faut pas que je lâche d’un pouce. N’importe quoi peut arriver. »

En attendant qu’elle se retrouve sur le terrain pour l’entraînement ou pour une compétition, elle continue son bout de chemin comme elle peut. « Mes coéquipiers, mes entraîneurs, l’atmosphère du contexte du sport et de la compétition me manquent, mais l’important est que je suis en santé ! Je sais que c’est cliché, mais c’est dans ces circonstances qu’on réalise comment la vie est fragile », conclut-elle.

 

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