20 Jan - 2022 | par Louis-Michel Lelièvre

Ski de fond

Cendrine Browne : plier sans jamais casser

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Montréal, 20 janvier 2022 (Sportcom) – Le nom de Cendrine Browne était rayé de l’équipe nationale de ski de fond il y a moins de deux ans. Elle a mené une longue bataille depuis et a finalement eu le dernier mot : elle sera Olympienne des Jeux de Pékin 2022.

« Ce qui compte, ce n’est pas la force des coups que tu donnes, c’est le nombre de coups que tu encaisses tout en continuant d’avancer [traduction libre] », disait Rocky Balboa.

La résilience est une qualité qui revient plus souvent qu’autrement lorsqu’il est question de Cendrine Browne. La Québécoise l’a d’ailleurs prouvée à plusieurs occasions au cours des dernières années, surmontant tous les obstacles qui se sont dressés dans son chemin vers les Jeux de Pékin.

L’athlète de 28 ans ne l’a pas eu facile au cours de ce cycle olympique : des commotions cérébrales, la pandémie de la COVID-19 et des décisions difficiles à avaler de la part de sa fédération ont compliqué l’atteinte de son objectif.

Browne croit avoir grandi dans cette adversité et c’est avec son sourire contagieux qu’elle le fait, encore aujourd’hui.

« Une battante ? Une résiliente ? Une survivante ? Toutes ces réponses probablement, j’aurais pu lâcher une dizaine de fois dans les deux dernières années. J’adore mon sport, je suis encore passionnée et c’est ce qui me fait avancer dans la vie », résume-t-elle.

Un long bras de fer

Le début de la pandémie a été intense pour Browne qui a été retirée de l’équipe nationale à la fin de la saison 2019-2020. L’annulation de plusieurs courses forcée par la propagation du virus lui a coupé l’herbe sous les pieds et l’a empêchée de remplir les critères nationaux nécessaires.

Elle a été privée d’opportunités pour se prouver, puis on lui a tout bonnement annoncé qu’elle avait échoué.

Bien des athlètes auraient baissé les bras et se seraient tournés vers la retraite face à une telle situation, mais pas Cendrine Browne. Elle a plutôt préféré tenir tête pour continuer de vivre de sa passion.

La skieuse s’est d’abord mise à la recherche de commanditaires pour pouvoir assumer les coûts de sa saison 2020-2021 en Coupe du monde, tout en poursuivant les pourparlers avec Nordiq Canada afin de retrouver sa place au sein de la formation.

Après plusieurs mois éprouvants, l’Olympienne des Jeux de Pyeongchang a finalement prouvé qu’elle était toujours l’une des meilleures fondeuses du pays et elle a réintégré l’équipe nationale. Cette décision a cependant laissé des cicatrices et son retour n’a pas effacé les mauvais souvenirs de sa mémoire.

« Ce qui est arrivé m’a blessée profondément. La confiance, ça se brise facilement et ça prend du temps à se rebâtir. Les choses changent tranquillement et je pense qu’ils veulent améliorer la fédération. J’ai appris à être patiente », raconte-t-elle, un brin philosophe.

L’appui promordial de Louis Bouchard

Cendrine Browne a pu compter sur des alliés de taille pendant cette période ardue. Parmi ceux-ci se retrouve son entraîneur Louis Bouchard, qui a joué un rôle capital dans sa réintégration au sein de l’équipe nationale.

« Il aurait pu abandonner facilement, mais ce n’est pas ça du tout qu’il a fait. Il a continué à se battre vraiment fort avec moi, on a continué de s’entraîner et ç’a payé. On a continué ensemble d’y croire, il n’a jamais été question que j’arrête avec lui », mentionne-t-elle, sourire au visage.

L’entraîneur du Centre national d’entraînement Pierre Harvey (CNEPH) abonde dans le même sens que sa protégée. Il rappelle entre autres la force de caractère de son athlète, tout en soutenant qu’il a toujours cru qu’elle allait retrouver sa place. Maintenant, il assure que les problèmes sont derrière elle.

« À force de se battre, elle s’est dit qu’elle était ici parce qu’elle aime son sport, parce qu’elle aime son groupe d’entraînement. Elle ne veut plus être dérangée et elle a pu se concentrer sur ce qu’elle aime. C’est dur, c’est une claque dans la face qu’elle a reçue de la part de la fédération, mais elle est très positive, Cendrine », vante l’entraîneur, tout en soulignant l’apport de Browne auprès de ses jeunes coéquipiers du CNEPH.

De son côté, l’athlète de Prévost affirme que sa relation avec Louis Bouchard s’est énormément solidifiée à la suite de ces événements. Elle se compte chanceuse de pouvoir travailler avec un entraîneur qui place l’athlète au sommet de ses priorités, bien avant les résultats et les médailles.

« C’est un entraîneur avec qui tu as un partenariat, il va prendre le temps de parler avec toi et voir ce que tu en penses. Il t’aide beaucoup à cheminer non seulement en tant qu’athlète, mais aussi en tant que personne. J’ai beaucoup évolué avec Louis et je suis reconnaissante d’avoir passé les dernières années à m’entraîner avec lui. »

Une version améliorée en route vers Pékin

Cendrine Browne en sera à une deuxième participation olympique cet hiver. Elle admet toutefois qu’il y a un monde de différences entre l’athlète qu’elle était en Corée du Sud il y a quatre ans et celle qui foulera les pistes chinoises dans quelques semaines.

« La Cendrine qui va être aux Jeux de Pékin va être plus confiante, elle va prendre sa place et sera plus assumée, lance-t-elle, sans équivoque. Elle va aussi prendre les choses avec un grain de sel et se mettre moins de pression. Je veux en profiter au maximum ! »

Avec une neuvième place la saison dernière lors des Championnats du monde, la représentante de l’unifolié a bon espoir que le relais féminin pourra surprendre dans la capitale chinoise.

« On est rendues là. On est toutes plus vieilles, on a plus d’expérience. Ce sont des petites choses qui font la différence. Si tout se passe bien, on devrait être en mesure de faire quelque chose de beau. »

Avec tout ce qui lui est arrivé dans les quatre dernières années, Browne réitère une fois de plus le chemin qu’elle a parcouru durant cette période. Elle considère également avoir un bagage d’expérience supplémentaire qui lui permettra de vivre une toute nouvelle expérience.

« C’est l’accomplissement d’une vie, c’est l’un des plus gros objectifs de ma vie et de ma carrière. Je l’ai atteint en 2018, mais de pouvoir le réaliser une deuxième fois, être double Olympienne après tout ce que j’ai vécu…c’est juste wow ! C’est tout un accomplissement. »

Lorsqu’elle se projette dans le futur, plus précisément lorsqu’elle franchira la ligne d’arrivée dans la zone de Zhangjiakou, Cendrine Browne n’a qu’un souhait : celui d’être fière du travail qu’elle a accompli pour s’être rendue jusqu’au bout de son rêve.

« Je ne veux pas me mettre d’objectifs de résultats pour pouvoir profiter du processus. Des Jeux réussis, ce seraient des Jeux dans lesquels j’ai tout donné, j’ai fait mon possible, j’ai skié comme je le voulais. Si je réalise tout ça, je sais que les résultats vont suivre », conclut-elle.

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