19 Mar - 2020 | par Luc Turgeon

Rugby à sept

COVID-19 : Les défis de s’entraîner à distance… en équipe

Nouvelle

Montréal, 19 mars 2020 (Sportcom) – Contraintes à s’entraîner chacune de leur côté depuis la semaine dernière, les joueuses canadiennes de rugby à sept se retrouvent dans une situation plutôt délicate pour pratiquer un sport d’équipe.

Comme tous les citoyens, les Québécoises Elissa Alarie, Pamphinette Buisa, Karen Paquin et Bianca Farella, toutes du programme national, suivent les mesures obligatoires pour réduire la propagation de la COVID-19 au pays. De retour de France il y a un peu plus d’une semaine, elles ont appris qu’elles allaient passer les prochains jours en quarantaine.

« Ce n’est pas idéal, mais ce n’est pas idéal pour personne, a dit Paquin. On est conscientes de la situation et on fait comme tout le monde. On n’a pas le choix de se protéger et de protéger les gens autour de nous en réduisant la proximité sociale. »

Aucun doute, effectuer une passe à une coéquipière lorsqu’elle n’est pas là représente tout un défi à l’entraînement. Les joueuses ont donc mis le ballon de côté et se concentrent plutôt sur la vitesse, le conditionnement physique et la musculation, le tout sans l’équipement offert en salle d’entraînement.

Karen Paquin estime que l’expérience de la formation canadienne sera grandement bénéfique après avoir traversé cette crise. « C’est un sport d’équipe et présentement, il n’y a personne à qui faire des passes. Ce n’est pas évident, mais même si on arrête de jouer quelque temps, les automatismes vont rapidement revenir par la suite. »

« Je crois que plusieurs filles réalisent maintenant à quel point c’est plus motivant de s’entraîner en équipe, a ajouté la Trifluvienne Elissa Alarie. Le fait de devoir le faire seule en ce moment va démontrer la motivation et l’éthique de travail de toutes les athlètes individuellement. »

D’octobre à octobre

Il y a déjà quelques semaines que les Séries mondiales de Hong Kong prévues au début du mois d’avril ont été reportées au mois d’octobre. Force est d’admettre que la situation a grandement évolué depuis cette annonce, ce qui vient remettre les choses en perspective.

« Ce n’était déjà pas une surprise, mais je ressentais moins l’ampleur de la chose à ce moment-là. Hong Kong est une grosse ville et c’était juste logique de repousser l’événement pour la sécurité de tous », a raconté Alarie.

« C’est tellement une grosse compétition à Hong Kong que s’ils sont capables de la reporter au lieu de l’annuler, c’est ce qu’ils vont prioriser. Ce n’est pas seulement le calendrier des joueuses qui est touché, c’est aussi beaucoup d’organisations, de personnes impliquées et de spectateurs », a quant à elle souligné Paquin.

En octobre dernier, la première compétition du calendrier 2019-2020 avait été devancée afin d’éviter la neige à Glendale. La présente campagne sera donc disputée durant une année complète, s’il n’y a pas d’autres changements, ce qui vient chambouler les plans d’athlètes qui prévoyaient accrocher leurs crampons après les Jeux de Tokyo. Ce n’est toutefois pas le cas des deux Québécoises, elles qui souhaitent poursuivre leur carrière jusqu’à la Coupe du monde de rugby à 15 prévue en 2021, en Nouvelle-Zélande.

L’empathie prend le dessus

La pandémie actuelle n’a pas fini d’apporter son lot de questionnements, particulièrement chez ceux en pleine préparation pour les Jeux olympiques. L’équipe féminine de rugby à sept s’étant qualifiée le printemps passé, les Séries mondiales servent surtout à déterminer les poules en vue du tournoi olympique.

« Atteindre les Jeux représente plusieurs années de travail. Pour moi, me rendre à Tokyo est un objectif, mais j’aime le rugby et je ne joue pas juste pour ça », a fait savoir Karen Paquin, qui préfère ne pas songer à une possible annulation pour le moment. « C’est un fardeau du sport amateur de baser sa carrière sur deux semaines de Jeux olympiques. Ça serait décevant, mais on n’est pas encore rendu à se poser cette question-là. »

La joueuse de 32 ans voit tout de même du positif dans cette quarantaine et compatit pour les athlètes qui doivent jongler avec des conditions météo moins clémentes, au Québec ou ailleurs. « C’est plus difficile de se préparer pour un sport d’été quand il y a de la neige partout. On a la chance d’être à Victoria au moins, où on peut courir et s’entraîner sans difficulté. »

De son côté, Elissa Alarie a effectué son retour en rugby à sept l’automne dernier, ce qui fait en sorte que Tokyo 2020 est dans sa mire depuis quelques mois seulement, contrairement à certaines de ses coéquipières.

« Ç’a été une surprise pour moi de revenir au rugby à sept. Je suis contente et ç’a été une bonne décision. Je suis surtout mal à l’aise pour d’autres qui ont passé plusieurs années à se préparer pour ces Jeux, a-t-elle admis. Les gens qui ont l’expertise vont pouvoir prendre une décision. C’est difficile pour le moment de savoir ce qui va se passer, mais la santé et la sécurité de tous doivent passer avant tout. »

Alarie et Paquin vont suivre la situation de près lors des prochains jours et poursuivre leur entraînement en solo pendant ce temps. Pour le moment, les Séries mondiales de Langford et de Paris sont toujours au calendrier du mois de mai. « On prend ça au jour le jour et on ne se casse pas la tête avec ça. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut contrôler de toute façon » a conclu Paquin.

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