13 Avr - 2022 | par Mathieu Laberge

Ski de fond

Fière et comblée, Cendrine Browne annonce sa retraite de la compétition

Nouvelle

Nordiq Canada, Nordiq Focus

Montréal, 13 avril 2022 (Sportcom) – La fondeuse Cendrine Browne a annoncé sa retraite de la compétition il y a quelques semaines, à l’issue des Championnats canadiens, où ses coéquipiers lui ont fait une haie d’honneur dans le dernier droit de sa course. Sa décision avait toutefois été éventée dans les minutes qui avaient suivi sa 16e place au 30 kilomètres style libre des Jeux olympiques de Pékin, en février.

Après cette course qualifiée « d’extraordinaire » par l’athlète, on a eu la puce à l’oreille qu’elle accrocherait probablement ses skis lorsqu’on a entendu une de ses proches souligner à sa mère : « Ben là, elle ne va pas vouloir arrêter ! » dans la webdiffusion des célébrations familiales qui avait été partagée dans les médias sociaux.

Le désir de finir avec ces beaux souvenirs plutôt que de s’engager pour une autre saison a finalement été plus fort pour elle. Un « scénario idéal » à ses yeux.

« C’est difficile, car oui, j’ai eu les meilleurs résultats de ma carrière dans la dernière saison et il y a une petite voix qui te dit “ peut-être que je suis capable de faire une autre saison ”. Mais en même temps, en sachant que c’était la dernière, j’ai tout donné ce que j’avais et c’est ce qui a fait que j’ai eu ces résultats, je crois. En ayant tout donné, je n’ai plus l’énergie de me lancer dans une autre saison. Je me sens comblée avec ce que j’ai réussi à faire et je suis contente de finir au sommet de ma forme. C’est ce que je voulais au début de ma carrière », a-t-elle expliqué mercredi, en visioconférence.

La nouvelle retraitée de 28 ans tourne la page du ski de fond international avec deux participations aux Jeux olympiques (2018 et 2022), cinq présences aux Championnats du monde et 70 départs en Coupes du monde.

Son dernier résultat en Coupe du monde aura été obtenu à Oslo dans le mythique Stade d’Holmenkollen, le mois dernier, où elle a fini 25e au 30 kilomètres classique en départ groupé.

Faire parler les résultats

Cendrine Browne n’est plus une athlète de haut niveau, mais elle est encore en amour avec son sport. La jeune femme de Prévost a évité de mettre tous ses œufs dans le même panier et elle compte obtenir son diplôme en intervention sportive à l’Université Laval d’ici un an et demi.

« En étant une personne équilibrée, ça m’a juste mieux préparée pour mon après-carrière. Je n’ai pas rien devant moi et je ne me sens pas vide, ni perdue. »

L’amour pour son sport aurait pu décliner après ses nombreux épisodes de COVID-19, de commotions cérébrales et de son exclusion de l’équipe nationale en 2020. Dans toutes ces tempêtes, son entraîneur au Centre national Pierre-Harvey Louis Bouchard a toujours été à ses côtés. C’est avec acharnement qu’elle et lui se sont battus pour démontrer qu’elle avait droit à sa place dans l’équipe de Coupe du monde en 2020, et par la bande, à son brevet de Sports Canada.

La pandémie avait alors forcé l’annulation des dernières Coupes du monde de la saison, ce qui avait privé Browne et d’autres athlètes de leurs dernières chances de satisfaire aux critères de sélection de l’équipe canadienne. Le directeur général de Nordiq Canada a démissionné à la suite de cette affaire quelques semaines plus tard. Browne a ensuite eu droit à un nouveau sursis de la part de la fédération nationale pour qu’elle fasse ses preuves au début de la saison 2020-2021.

Le temps aura finalement donné raison à la fondeuse. En janvier 2021, elle a signé le meilleur résultat individuel de sa carrière en Coupe du monde, une 23e place au 10 kilomètres style libre de Falun (Suède), épreuve où toutes les meilleures Norvégiennes étaient présentes.

Aux Jeux olympiques de Pékin, elle a signé la meilleure performance de sa carrière en plus d’avoir aidé le relais canadien féminin à finir au neuvième rang, soit le meilleur résultat aux Jeux depuis ceux de Salt Lake City (2002), où les Canadiennes s’étaient classées huitièmes.

« Si je n’avais pas vécu ça, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui. Ç’a vraiment été difficile et pendant un bout de temps, je me suis posé des questions. Quand la fédération arrête de croire en toi et qu’elle remet tout le temps ta valeur en tant qu’athlète, c’est difficile. J’ai travaillé très fort en psychologie sportive pour reconnaître ma valeur moi-même. Ç’a été toute une épreuve, mais je suis contente d’avoir persévéré et d’avoir montré que j’avais ma place. Et les actions parlent toujours plus fort que les mots. Ils m’ont juste crue quand j’ai prouvé ce que je pouvais le faire sur le terrain. Et ça, personne ne peut me l’enlever », explique-t-elle avec plus de fierté que d’amertume.

Cendrine Browne ajoute que les choses changent chez Nordiq Canada afin de mettre les athlètes au cœur des décisions, même si elle est consciente qu’un changement de culture ne se fait pas du jour au lendemain.

« À la fin de la saison, nous avions une immense facture de nos frais de Coupe du monde et ils ont décidé de nous la payer. C’est déjà un gros pas vers l’avant et nous sommes vraiment contents. »

De cette expérience, elle est heureuse de montrer aux jeunes filles qu’il ne faut « jamais se laisser marcher sur les pieds ».

Partager son expérience, cela se fera par le programme Féminaction qu’elle a démarré l’an dernier avec sa coéquipière et aussi nouvelle retraitée, Laura Leclair, afin de favoriser la rétention des athlètes féminines en ski de fond. Pas à titre d’entraîneuse, mais plutôt comme mentore.

« J’ai montré aux jeunes filles que c’était possible de percer. […] J’ai tracé un chemin pour elles et je leur ai permis de rêver et de voir qu’il y avait des opportunités pour les femmes et les filles en ski de fond. Je pense que ça c’est gros, car pour ma part, il n’y avait pas de chemin tout tracé quand j’ai commencé. Je me sentais perdue et ç’a pris du temps avant que je perce. »

La glisse est souvent moins bonne lorsque l’on est la première skieuse à s’élancer sur une piste après une nouvelle neige et c’est après plusieurs passages que les conditions deviennent meilleures. Cendrine Browne a commencé le travail et les autres pourront suivre dans son sillon.

« J’ai juste encore plus d’amour pour mon sport et je suis prête à donner à la génération suivante. »

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