7 Juil - 2021 | par Mathieu Laberge

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Glenn Hoag : en prendre une pour l’équipe

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À l’approche des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo, l’équipe de Sportcom Info propose une série de textes et d’entrevues portant sur des athlètes et des entraîneurs québécois qui se rendront dans la capitale japonaise pour y représenter le Canada.

Apprenez-en plus sur leur préparation, leur objectifs, de même que sur leur vision de ces Jeux qui seront présentés dans des conditions bien particulières.

 

Montréal, 7 juillet 2021 (Sportcom) – Les Jeux olympiques de Rio devaient être ses derniers à titre d’entraîneur de l’équipe canadienne masculine de volleyball. Mais non. Glenn Hoag a repris les rênes de la formation après la démission de celui qui lui avait succédé. Qui plus est, une année s’est ajoutée en raison de la pandémie à ce qui devait être au départ un contrat de 21 mois.

Entrevue avec un des meilleurs entraîneurs au monde dans son sport, que plusieurs ont vu comme le seul pouvant mener le pays à sa deuxième participation de suite aux Jeux olympiques.

L’homme de la situation

« D’après moi, ça (redevenir entraîneur de l’équipe canadienne) ne devait pas être dans ses plans. Il n’a plus grand-chose à prouver et il a gagné partout où il est allé. Bref, les Canadiens sont chanceux de l’avoir parce que c’est un des meilleurs entraîneurs sur la planète. »

Voilà comment Sébastien Ruette résume le retour de Glenn Hoag à la barre de l’équipe canadienne. Ruette est bien placé pour en parler, lui qui a joué sous sa gouverne au Vert & Or de l’Université de Sherbrooke et au club professionnel Paris Volley entre la fin des années 1990 et le début des années 2000.

« Comme joueur et entraîneur, c’est quelqu’un qui a fait sa marque. Il est apprécié de ses joueurs et près d’eux. »

Le principal intéressé parle lui aussi de son legs, mais en des termes différents que ceux de son ancien joueur. « (Je suis revenu) peut-être parce que ç’a été une grosse partie de ma vie, explique-t-il. Les dix ans que nous avons passés à construire le programme, ç’a été un moment très riche. Comme mes deux adjoints (Gino Brousseau et Daniel Lewis), nous avons fait partie du programme en tant que joueurs. Veut, veut pas, on laisse quelque chose et ça nous accroche. »

Hoag a quitté l’équipe canadienne après les Jeux de Rio et a été remplacé par son ancien joueur au Paris Volley, Stéphane Antiga. Sous la gouverne du Français, qui avait mené la Pologne au titre mondial en 2014, le Canada est monté sur la troisième marche du podium de la Ligue mondiale en 2017. En octobre 2018, il a toutefois quitté son poste pour retrouver sa famille, demeurée en Europe. Il ne restait alors plus beaucoup de temps avant la qualification olympique.

Comme on le dit, Hoag n’a pas eu à se faire tordre un bras pour reprendre le poste d’entraîneur-chef de l’équipe nationale masculine.

« Ç’a n’a pas été dur de dire « Ok, je vais donner un coup et venir aider l’équipe. » L’équipe était à une belle maturité, Stéphane avait fait un beau travail et nous avions une autre bonne chance pour une qualification (olympique), alors c’était important de ne pas trop changer », avance celui qui agissait à titre de conseiller technique de la formation avant d’en reprendre les commandes.

« Je suis revenu pour prendre ce qui restait comme temps dans l’idée que les Jeux se finiraient en 2020, mais bon, je serai resté un petit peu plus longtemps. »

De La Tuque à Izmir

Enfant, Glenn Hoag était déjà passionné de sport. Son père travaillait à la Canadian International Paper à La Tuque, avant qu’il ne soit transféré à Gatineau. Le jeune garçon a commencé à jouer au volleyball à l’école secondaire et peu de gens auraient parié qu’il gagnerait sa vie dans ce sport sur la scène internationale, tant comme joueur qu’entraîneur.

« J’ai développé une grande passion. Je n’étais pas très bon et je n’ai même jamais été dans les équipes provinciales. C’est un hasard si je suis allé dans l’équipe nationale. »

En 1981, l’entraîneur canadien de l’époque a invité Hoag à participer à un camp préparatoire de l’équipe nationale, alors qu’il portait les couleurs du Vert & Or de l’Université de Sherbrooke.

« J’y suis allé et ma fédération (provinciale) ne le savait même pas. Il m’a fait vivre l’enfer pendant une semaine et tout ce qu’il voulait, c’était de voir si je pouvais toffer la run et prouver que j’avais envie de faire l’équipe. […] J’ai poussé, poussé, poussé et à la fin, il m’a dit : « C’est correct, tu peux rester avec nous autres. » Et l’année d’après, ç’a été dix fois plus dur », explique-t-il en riant.

Le joueur s’est frayé un chemin dans l’équipe canadienne des Jeux olympiques de Los Angeles de 1984, ainsi que dans de nombreux clubs professionnels européens. Après sa retraite du jeu en 1993, l’éducateur physique de formation est devenu entraîneur à l’Université de Sherbrooke. Il a ensuite multiplié ses expériences d’enseignement et depuis plus de dix ans, il dirige le club Arkas Spor à Izmir, en Turquie.

« Devenir entraîneur, ça fittait avec mon esprit d’éducateur, mais je n’étais pas très patient. Mon mentor, Charles Cardinal, m’a dit : « Glenn, rappelle-toi comment tu étais il y a vingt ans. » Quand tu y réfléchis, c’est vrai. J’ai appris à être patient, à être pédagogue et que ça prendrait du temps. »

Cette notion d’éducation revient souvent dans les entrevues que Hoag et Ruette ont accordées à Sportcom.

« Glenn a été un bon mentor pour moi », indique Ruette, qui est aujourd’hui conseiller en placements. « Il a réussi à aller chercher le meilleur de moi-même pour que j’accède à un autre niveau. Lorsque je suis passé du niveau universitaire à professionnel, j’étais remplaçant dans l’équipe (Paris Volley). Mais, à ma troisième saison, j’étais devenu un joueur partant. »

« J’ai développé plein d’outils et c’est là où j’ai eu des moments Eurêka! dans mon coaching », se remémore l’entraîneur à propos de son séjour au Paris Volley, marqué par les titres de la Ligue des Champions, de la Coupe de France, du Championnat de France et de la Super Coupe d’Europe. « On a eu beaucoup de succès et on a eu de très bons joueurs. Ç’a lancé ma carrière d’entraîneur. »

« Je vais toujours me souvenir des athlètes qui étaient avec moi, s’empresse-t-il d’ajouter. Le processus pour y arriver, c’est ça que tu vas te souvenir. Le titre, ça flatte ton ego pendant un bout, mais ça devient vite le passé. Ce qui reste, c’est comment j’ai réussi à y arriver? Comment je peux améliorer ce que j’ai fait pour en faire profiter à d’autres athlètes? »

Photo FIVB

La joueuse de l’ombre

La carrière de Glenn Hoag dans le volleyball international repose en grande partie sur le soutien de sa femme, Donna Kastelic, croit Ruette. Hoag le confirme.

« Elle est exceptionnelle ma femme! Elle a été une joueuse et elle est tough. L’année où le programme (national) a eu de gros, gros problèmes financiers, je suis parti travailler en Slovénie pour laisser mon salaire au programme parce que nous (Volleyball Canada) étions dans le trou. Les enfants étaient à l’école et nous ne pouvions pas partir en famille. Je suis parti deux saisons, seul, et ç’a été extrêmement difficile. Tout ça a contribué à m’aider dans mon développement, mais aussi à celui du programme national. »

Les circonstances de la pandémie auront provoqué un beau retour du balancier : ses garçons Nicholas et Christopher ont joué en Turquie au cours de la dernière saison.

Au final, le joueur le plus utile de Glenn Hoag aura été une joueuse. Et elle n’aura pas été sur le terrain.

L’équipe canadienne masculine de volleyball disputera son premier match du tournoi olympique le 24 juillet. Elle sera opposée à l’Italie. Comme ce fut le cas à Rio, Nicholas Hoag sera le seul volleyeur québécois au sein de la troupe dirigée par son père. En 2016, le pays s’était classé cinquième.

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