6 Août - 2021 | par Éric Gaudette-Brodeur

Jeux olympiques de Tokyo

Il n’était pas question de s’arrêter pour Mathieu Bilodeau

Nouvelle

Mathieu Bilodeau aux Championnats du monde de Londres en 2017. (photo Athlétisme Canada)

Montréal, 6 août 2021 (Sportcom) – Malgré d’importants maux de dos, un abandon n’était pas une option pour Mathieu Bilodeau au 50 kilomètres marche des Jeux olympiques de Tokyo vendredi. Son compatriote, le Britanno-Colombien Evan Dunfee est quant à lui monté sur la troisième marche du podium de l’épreuve d’endurance.

En dépit de la douleur intense, l’athlète de Québec a tenu à franchir la ligne d’arrivée au centre-ville de Sapporo, dans le nord du Japon. Il l’a fait au 45e rang, après un très long effort de 4 h 20 min 36 s.

« J’ai des problèmes de dos depuis le camp d’entraînement qui a précédé les Jeux et mon dos a lâché après 20 kilomètres. J’avais vraiment de la difficulté à tenir la technique et je boitais un petit peu. Ç’a vraiment affecté mon rythme, je n’étais pas capable d’aller plus vite. »

Le marcheur de 37 ans a dû être traité par un chiropraticien avant le rendez-vous olympique. « Je pensais que ça allait passer, mais dans un 50 kilomètres, quand tu as un petit bobo, c’est sûr qu’il ressort. »

Bilodeau s’est même demandé si le scénario de sa première expérience olympique ne se répèterait pas. « Je me suis demandé si je continuais ou si j’arrêtais. Je n’avais pas fini à Rio, il n’était pas question que je sois encore DNF (did not finish). J’étais prêt à finir dernier s’il le fallait. Présentement, je paye, par exemple. Je n’ai pas hâte d’aller dans l’avion, mettons. »

Une très longue échappée pour la victoire

Le Polonais Dawid Tomala a été sacré champion olympique en un temps assez lent de 3 h 50 min 8 s. Parti en solitaire vers le 30e kilomètre, il détenait une avance de plus de 3 minutes au 45e kilomètre. Malgré la chaleur et l’humidité, il s’est ensuite accroché pour gagner son pari, devançant l’Allemand Jonathan Hilbert par 36 secondes.

« Il s’est essayé, il n’a pas eu peur. C’est un marcheur de 20 kilomètres, qui est passé au 50 kilomètres cette année. Il a encore vraiment de la vitesse. Evan et moi, nous nous sommes entraînés avec lui en Australie, c’est une machine », a indiqué le Québécois au sujet du très long effort en solo du gagnant.

Dunfee a quant à lui conclu à 51 secondes de Tomala. Après avoir été distancé par le groupe des poursuivants avec moins de 5 kilomètres à faire, le marcheur de Richmond a effectué toute une remontée dans le dernier kilomètre pour ravir la médaille de bronze à l’Espagnol Marc Tur.

Bilodeau était fort heureux pour son compatriote, quatrième aux Jeux de Rio et troisième aux mondiaux de 2019. « Je lui ai dit qu’il me devait un dixième de sa médaille parce qu’en janvier, février et mars, je me suis entraîné avec lui. Ça n’allait pas bien ses affaires. Je l’ai motivé un peu. Je lui ai redonné un peu le goût de s’entraîner qu’il avait perdu. »

« Ça va vraiment être une belle fin de Jeux pour moi, de célébrer ce super accomplissement de la part de mon partenaire d’entraînement. »

Des résultats qui passeront à l’histoire

Les 59 partants de ce 50 kilomètres marche ont par ailleurs marqué l’histoire. Au programme olympique depuis les Jeux de 1932, mis à part une absence en 1976, à Montréal, leur épreuve en était en effet à sa dernière apparition à la plus grande fête sportive.

En 2024, à Paris, elle sera remplacée par une épreuve mixte afin de favoriser la parité hommes-femmes en athlétisme, le 50 kilomètres marche étant disputé seulement chez les hommes.

« Ça me fait un pincement au cœur. Je savais que je n’aurais pas une troisième chance, c’est pour ça que je me suis dit que je devais finir. Je vais peut-être m’essayer sur 20 kilomètres, mais il est encore trop tôt pour savoir ce que je vais faire », a commenté Bilodeau au sujet de la disparition de son épreuve.

Avant de franchir la ligne d’arrivée, il y a d’ailleurs pensé. « C’était le dernier 50 kilomètres, alors je me suis dit qu’il fallait que j’apprécie les derniers moments. Ce n’était pas la bonne journée pour moi, mais ce n’était pas grave. »

L’ancien triathlète n’est pas peu fier d’avoir persévéré. « Je suis vraiment allé puiser dans mes réserves, je me suis mordu les dents. Ça me faisait tellement mal dans le dos, je ne sais même pas comment j’ai fini. L’adrénaline, le mental, je ne sais pas trop, mais je me disais que je finirais sur les genoux s’il le fallait. Ce n’est pas le résultat auquel je m’attendais, mais au moins, mon nom est dans les résultats. »

Des choix différents

Après une excellente saison 2019, marquée entre autres par un meilleur temps de 3 h 53 min 36 s et une 14e place aux Championnats du monde, celui qui a commencé la marche en 2014 a emprunté un tout autre chemin avec la pandémie qui a frappé.

« J’ai travaillé davantage pour avoir un peu plus d’argent, en remettre en banque. J’ai fait des choix différents et ç’a affecté un peu ma performance ici, mais je suis correct avec ça », a précisé avec beaucoup de sérénité le comptable professionnel certifié (CPA) chez Deloitte.

Ironiquement, le calvaire vécu par Bilodeau vendredi lui a prouvé quelque chose de très important : il a toujours la flamme.

« Je ne suis pas aussi en forme que je l’étais (aux mondiaux de 2019) à Doha. J’ai eu des problèmes d’abducteurs en raison de la quarantaine. Ç’a été long à rebâtir. En mai, je ne marchais pas terrible. Je suis vraiment content d’avoir fini, même si c’est à l’arraché. La passion est encore là au moins. Je ne suis pas éteint. »

Mathieu Bilodeau au terme des 50 kilomètres de marche des Jeux de Tokyo. (capture d’écran Radio-Canada)

EN RAFALE

Canoë-kayak de vitesse

Les trois équipages de canoë-kayak de vitesse canadiens en action au canal de la forêt de la mer vendredi ont dû passer par les quarts de finale de leur épreuve.

Au C2 500 m, la Trifluvienne Laurence Vincent-Lapointe et l’Ontarienne Katie Vincent ont d’abord pris le troisième rang de leur vague qualificative, avant de gagner leur course quart de finale pour ainsi passer aux demi-finales de samedi.

Pierre-Luc Poulin, de Lac-Beauport, le Néo-Écossais Mark de Jonge et les Ontariens Nicholas Matveev et Simon McTavish ont également accédé aux demi-finales au K4 500 m. Troisièmes de leur vague des préliminaires, ils ont terminé cinquièmes de l’unique quart de finale.

Toujours au K4 500 m, mais chez les femmes, les Canadiennes ont été reléguées à la finale B pour le dernier jour des épreuves de canoë-kayak de vitesse aux Jeux. Andréanne Langlois, de Lac-Beauport, la Néo-Écossaise Michelle Russell et les Ontariennes Alanna Bray-Lougheed et Madeline Schmidt ont fini quatrièmes de leur course qualificative, puis huitièmes et dernières de leur quart de finale.

Cyclisme sur piste

Lauriane Genest, médaillée de bronze au keirin jeudi, a poursuivi sur sa lancée en cyclisme sur piste lorsqu’elle a gagné ses deux duels du jour pour atteindre les huitièmes de finale de l’épreuve de vitesse au vélodrome d’Izu.

Qualifiée cinquième grâce à un chrono de 10,460 s, la Lévisienne a devancé l’Américaine Madalyn Godby de 121 millièmes de seconde à son premier face-à-face, avant de l’emporter contre Anastasiia Voinova du Comité olympique russe, vice-championne mondiale en titre, par 35 millièmes en seizièmes de finale.

Samedi, dans les huitièmes de finale, elle a rendez-vous avec la Britannique Katy Marchant, médaillée de bronze de l’épreuve de vitesse aux Jeux de Rio en 2016.

Deuxième qualifiée (10,346 s), Kelsey Mitchell a également remporté ses deux duels pour accéder aux huitièmes de finale. Détentrice du record mondial de l’épreuve, l’athlète originaire de Brandon au Manitoba se mesurera à la Néo-Zélandaise Ellesse Andrews samedi.

Lutte

Toute une commande attendait le lutteur Jordan Steen en huitièmes de finale de la catégorie des 97 kg, alors que se retrouvait sur sa route l’Américain Kyle Frederick Snyder, champion olympique en titre et champion mondial en 2015 et 2017.

Le Montréalais d’adoption a pris les devants 2-0 assez rapidement, mais ce sont les seuls points qu’il a marqués, son adversaire l’emportant par supériorité technique (12-2).

Steen, qui s’entraîne dans la métropole depuis une dizaine d’années, aura toutefois droit à une autre journée de compétition samedi, puisque Snyder a atteint la finale. Il fera face au repêchage à l’Italien Abraham de Jesus Conyedo Ruano.

Le gagnant de ce combat se mesurera, dans un des deux affrontements pour les médailles de bronze, au Turc Suleyman Karadeniz.

Natation artistique

Les Canadiennes se sont classées au cinquième rang du programme technique de l’épreuve par équipe de natation artistique au centre aquatique de Tokyo.

Rosalie Boissonneault, de Drummondville, Andrée-Anne Côté, de Saint-Georges, Camille Fiola-Dion, de Rimouski, Claudia Holzner, une Montréalaise d’adoption, Audrey Joly, de Saint-Eustache, Jacqueline Simoneau, de Montréal, ainsi que l’Ontarienne Emily Armstrong et l’Albertaine Halle Pratt ont obtenu un pointage de 91,4992 de la part des juges.

À la veille du programme libre, les nageuses du Comité olympique russe se sont installées au sommet (97,2979 points). Elles devancent respectivement les Chinoises (96,2310) et les Ukrainiennes (94,2685).

Plongeon

Le plongeur Nathan Zsombor-Murray a bien commencé son parcours à la tour de 10 mètres, prenant le cinquième rang des préliminaires pour accéder à la demi-finale de samedi.

L’athlète de Pointe-Claire s’est même offert le meilleur plongeon des 29 compétiteurs en lice lors du deuxième passage, un saut qui lui a valu 96,20 points de la part des juges.

Au terme de ses six plongeons, Zsombor-Murray a affiché une récolte de 443,85 points.

Le Chinois Jian Yang a terminé premier des préliminaires grâce à un pointage de 546,90. Son compatriote Yuan Cao s’est classé deuxième (529,30 points) et Aleksandr Bondar du Comité olympique russe troisième (513,85).

Le Saskatchewanais Rylan Wiens était aussi de la partie, mais il n’a pas réussi à atteindre la demi-finale, finissant 19e, à seulement 0,10 point du 18e et dernier qualifié.

Soccer – OR

Médaillée de bronze aux Jeux de Londres en 2012 et de Rio en 2016, l’équipe canadienne féminine de soccer a cette fois mis la main sur l’or en finale du tournoi olympique de Tokyo après avoir vaincu la formation suédoise 1-1 (3-2) aux tirs au but.

Gabrielle Carle, de Lévis, et Évelyne Viens, de L’Ancienne-Lorette, quitteront donc la capitale japonaise en tant que championnes olympiques, elles qui ont respectivement disputé 10 et 61 minutes dans les matchs des préliminaires.

Médaillées d’argent aux Jeux de Rio, les Suédoises ont été les premières à marquer à la 34e minute, gracieuseté du pied de Stina Blackstenius.

Un tacle musclé d’Amanda Ilestedt sur la Britanno-Colombienne Christine Sinclair dans la surface de réparation a toutefois offert un tir de pénalité aux Canadiennes, accordé après une révision vidéo. L’Ontarienne Jessie Fleming n’a pas raté cette chance, portant la marque à 1-1 à la 67e minute.

Après deux périodes de prolongation sans but, les deux équipes se sont retrouvées en fusillade.

Grâce à deux arrêts de la gardienne albertaine Stephanie Labbé, dont un crucial au sixième tir, et des buts de Fleming, de l’Ontarienne Deanne Rose et de la Britanno-Colombienne Julia Grosso, les représentantes de l’unifolié ont mis la main sur leur tout premier titre olympique.

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