27 Jan - 2023 | par Luc Turgeon

Juge aux bosses | Le travail derrière les notes

Nouvelle

Montréal, 27 janvier 2023 (Sportcom) – Les prouesses des athlètes impressionnent, mais les juges doivent souvent se montrer critiques à leur égard. Leurs décisions peuvent parfois être controversées ou même semer la confusion, comme ce fut le cas pour Mikaël Kingsbury, plus tôt cette saison.

Peu de temps après s’être classé deuxième de l’épreuve des bosses à l’Alpe d’Huez, Kingsbury s’adressait aux journalistes par visioconférence. Content de se retrouver sur le podium, même si la victoire a meilleur goût, le médaillé d’argent se questionnait : la double vrille, communément appelée double full, a-t-elle toujours la cote auprès des juges ? Cette manœuvre, qu’il qualifie comme étant des plus difficiles, ne semble pas rapporter ses dividendes cette saison, pour lui comme pour ses adversaires.

« Je ne sais pas ce qu’ils veulent voir pour qu’on aille chercher une meilleure note, comme un 8,5 ou un 9. C’est dur à comprendre et ce serait le fun de savoir ce qu’ils recherchent sur ce saut », avait-il mentionné.

Sportcom en a discuté avec la juge en chef de la Coupe du monde de Val Saint-Côme, Sarah Simson.

« On ne juge pas l’athlète en soi, mais les manœuvres que nous voyons », résume celle qui juge du ski acrobatique depuis 1992.

Sa première compétition a eu lieu l’année suivante, au New Hampshire, puis elle a pris part à sa première Coupe du monde en 2004, à Lake Placid. « Le sport a beaucoup changé, mais le principe demeure le même. Qui sera le meilleur compétiteur sur cette piste aujourd’hui ? Ça, ça n’a pas changé depuis la toute première Coupe du monde », poursuit l’Américaine, dans la cabine qui lui servira de bureau à Val Saint-Côme.

Elle y dirigera une équipe de sept juges pour l’occasion. Cinq surveilleront le ski, incluant notamment l’absorption des genoux, le contrôle du corps et le contact des skis sur la neige.

« Il faut skier les bosses plutôt que laisser les bosses te pousser, en plus de conserver une ligne droite du début à la fin », souligne Mme Simson.

Deux autres officiels seront attitrés aux sauts selon la hauteur, la verticalité, les manœuvres et leur degré de difficulté. Le défi des sauts comme le double full est de maintenir un axe le plus vertical possible durant les rotations. Les différents critères peuvent être plus difficiles à exécuter au haut du parcours, selon Sarah Simson, comme l’a fait Kingsbury en France, ou encore l’Australien Matt Graham en Finlande.

« Parfois, ça peut varier selon la piste. L’athlète doit décider à quel saut il souhaite effectuer sa manœuvre, s’il préfère ses chances au premier ou au deuxième, mais on ne peut pas prendre ce choix en considération. On évalue les manœuvres telles qu’elles nous sont présentées », ajoute Mme Simson, qui a vécu ses premiers Jeux olympiques l’hiver dernier.

Juges à distance

L’environnement des juges a changé depuis la pandémie. Cette fin de semaine, à Val Saint-Côme, Sarah Simson sera accompagnée de deux juges au bas de la piste, la Canadienne Danielle Gingras et le Slovène Marko Klancar. Les cinq autres effectueront leur travail à distance.

« C’est un défi, on a un peu perdu le sentiment de camaraderie entre juges, mais au final, ça revient toujours à trouver des solutions pour assurer des compétitions justes aux athlètes », mentionne-t-elle. Les installations permettent d’offrir une vue de qualité à tous, et ce, même aux compétitions qui ont lieu en soirée.

« Le travail est un peu différent, mais on a droit aux mêmes routines. Les juges en virtuel, ils voient la même chose. Ils perdent un peu la perspective du haut de la piste jusqu’en bas, l’excitation sur place, mais on est en mesure de juger les skieurs avec les mêmes critères. »

Ce format sera réévalué au printemps. Si des changements majeurs s’imposent, ils devront être faits rapidement en ce début de cycle olympique.

Une décision suivra, à savoir si les juges seront sur place aux Jeux de 2026, en Italie, ou s’ils se contenteront des images fournies, loin de l’action.

Vous pourriez aussi aimer...

Nos partenaires