3 Nov - 2020 | par Mathieu Laberge

Qualifications olympiques

Le bris d’égalité : quand ça passe ou ça casse

Nouvelle

Montréal, 3 novembre 2020 (Sportcom) – Un duel pour une seule place à l’enjeu. L’épreuve d’un bris d’égalité est rare dans un processus de qualification olympique. Sportcom revient sur les souvenirs de la nageuse Audrey Lacroix et du patineur de vitesse longue piste Philippe Marois qui ont tous les deux vécu ce moment unique dans une carrière dont l’issue a été différente.

Une surprise presque concrétisée

Printemps 2000, les sélections de l’équipe olympique des Jeux de Sydney ont lieu à la piscine du Parc olympique de Montréal. Audrey Lacroix n’a que 16 ans lorsqu’elle termine à égalité, au centième de seconde près, avec sa coéquipière du club CAMO Karine Chevrier au 100 mètres papillon.

Comment départager celle qui héritera du poste de substitut du relais canadien au 4×100 mètres quatre nages ? Par un bris d’égalité.

« Quand c’est arrivé, c’était une situation inédite qui n’avait pas été prévue et Natation Canada s’est référée aux règles de la FINA (fédération internationale de natation) », se souvient Lacroix.

Quelques jours plus tard, toujours dans le cadre des sélections olympiques, Chevrier s’imposait avec un record personnel.

« Ça me stressait d’avoir à refaire la course. J’étais une jeune athlète qui venait de réaliser sa meilleure performance à vie dans un contexte stressant et là, ce l’était encore plus. Disons que c’était toute une expérience ! […] C’est devenu un duel comme au tennis et j’ai perdu de vue ce que je devais faire. Je pensais à toucher le mur en premier ou à la regarder pour ajuster ma stratégie. »

Bon sous pression

Le duel de Philippe Marois pour obtenir sa place aux Jeux de Salt Lake City 2002 l’opposait à Jason Parker. L’athlète de Québec devait non seulement le battre au 1500 mètres, son chrono devait aussi être plus rapide que celui que son rival avait réalisé à sa première course de sélection.

« C’était une grosse course », se remémore le patineur en riant. À la différence d’Audrey Lacroix, Philippe Marois s’y connaissait en duels, car les épreuves en patinage de vitesse longue piste sont disputées dans ce format.

« Si tu as l’habitude de patiner contre cette personne, tu peux user de stratégie pour abaisser ton temps, notamment lorsque l’on change de couloir pour profiter de l’effet d’aspiration. Parker avait un bien meilleur départ que moi qui partais dans le couloir intérieur, alors je savais que ce serait serré dès le premier échange. »

Au dernier changement de couloir, Marois est passé devant le Saskatchewanais. « Il a profité de la draft derrière et tout le monde croyait que c’était fini (pour moi). Une fois dans le corridor extérieur, j’ai pris de l’avance sur lui. Ç’a été mon meilleur dernier tour à vie et la course numéro un de ma carrière », croit celui qui terminera 28e au 1500 m à Salt Lake City.

Malgré son jeune âge, l’athlète de Québec avait déjà de l’expérience sur la scène internationale, dont le record du monde junior au total des points. La confiance, il en respirait.

« J’étais en contrôle et dans un bon état d’esprit, car j’avais 21 ans. Ma carrière n’était pas finie si je ne faisais pas les Jeux. J’avais tellement de plaisir à patiner avec Gregor (Jelonek) comme coach, que je ne voyais rien qui pouvait mal finir après cette course. Je ne sais pas s’il s’en souvient, mais je lui ai fait un clin d’œil avant la course. »

Des suites bien différentes

Lacroix a perdu son bris d’égalité pour ensuite participer à trois Jeux olympiques. Marois a gagné le sien et ce fut ses seuls Jeux.

La défaite d’Audrey Lacroix en 2000 aura peut-être été un mal pour un bien croit-elle, 20 ans plus tard, car même retenue dans l’équipe olympique, Karine Chevrier n’a pas nagé en compétition à Sydney, ce qui l’a privée du titre d’olympienne.

« D’autres nageurs se sont retrouvés dans la même situation, dont des jeunes athlètes pour qui ç’a été moins positif, même si cela devait être formateur. Oui, j’aurais aimé y aller à Sydney, mais en même temps, ça m’a peut-être permis d’avoir la carrière que j’ai eue. Ne pas réaliser mon rêve à moitié m’a probablement aidée à persévérer. »

Ce n’est qu’après sa deuxième tentative ratée en 2004 qu’elle a su se réinventer pour enfin atteindre son objectif aux Jeux de 2008.

« Si j’ai bien réussi à partir de 2007, c’est parce que j’avais lâché prise. J’étais prête à jouer le jeu, sans savoir si j’allais réussir et c’est ce qui m’a permis de beaucoup m’améliorer. »

Philippe Marois est fier de son accomplissement réalisé en 2002. « J’ai prouvé que je pouvais remporter une course sous pression, mais de faire les Jeux tôt dans ma carrière, je n’étais pas prêt à ça. »

En 2006, Jason Parker sera médaillé d’argent à la poursuite par équipe à Turin et Marois n’aura pu se qualifier. Il accrochera ses patins pour fonder une famille, mais il les remettra à nouveau pour revenir cette fois à titre d’officiel, lui qui a obtenu sa certification internationale de niveau 4 le printemps dernier.

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