7 Juin - 2016 | par Sportcom

Dossier spécial

Le poids de l’or

Or Série

Sportcom présente un dossier qui traite des athlètes et de la gestion de leur poids à l’aube de compétitions importantes et met en lumière les conséquences de ces choix sur leur vie quotidienne. Le judoka Patrick Gagné, l’haltérophile Kristel Ngarlem, l’ancienne lutteuse Martine Dugrenier et la diététiste et nutritionniste en sport Catherine Naulleau ont prêté leur voix.

Un poids en moins sur les épaules !

Même s’il est maintenant plus lourd qu’il ne l’a été depuis un bon moment, Patrick Gagné ne s’est jamais senti aussi léger. Le judoka québécois a récemment vécu toute une épreuve alors qu’il a dû mettre une croix sur son rêve olympique, mais tout ça est maintenant derrière lui. Sa santé se porte mieux et il a déjà en tête une qualification aux prochains Championnats du monde.

« En fait, les premières semaines ont été dures, mais heureusement j’ai autre chose dans la vie que le judo. J’ai une famille et des amis qui me soutiennent. J’ai réussi à passer par dessus et je regarde maintenant en avant », affirme l’athlète de Baie-Comeau qui tentait de se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio chez les moins de 66 kg.

Déjà depuis plus d’un an, le Québécois avait beaucoup de difficulté à faire le poids. Il s’accrochait néanmoins, car demeurer dans sa catégorie était sa seule chance de s’envoler vers le Brésil au mois d’août. Les points qu’il devait récolter pour atteindre sa qualification, c’est chez les moins de 66 kg qu’il les avait gagnés.

Dans sa catégorie, il était en compétition avec son bon ami Antoine Bouchard pour le seul billet olympique disponible pour le pays. Les deux partenaires d’entraînement savaient déjà en janvier qu’ils devraient se mesurer l’un à l’autre en juin pour déterminer le prochain Olympien.

L’histoire a complètement changé en avril dernier, trois semaines avant un important tournoi pour les judokas canadiens, les Championnats panaméricains. Patrick Gagné s’est légèrement blessé à l’épaule et a été tenu à l’écart des tatamis assez longtemps pour que ce soit impossible pour lui de descendre en bas du 66 kg avant la compétition.

« Sans faire de judo, c’était impossible que j’arrive à faire le poids à temps pour cette étape importante dans le processus de qualification. C’est donc à ce moment qu’avec la nutritionniste et mes entraîneurs, nous avons pris la dure décision de me retirer de la compétition. Et du même coup de la course aux Jeux olympiques de Rio. »

Le choix s’imposait

Déjà, il y a trois ans, le facteur poids en était un qui embêtait Patrick Gagné. Il avait même pris la décision de faire le saut chez les moins de 73 kg, mais un changement dans la réglementation internationale l’en a dissuadé.

« Avant, les pesées avaient lieu le jour de la compétition, mais juste comme j’allais monter de catégorie, la norme a changé. Il a été décidé que la pesée serait la veille de la compétition. Ça laissait donc aux athlètes un délai de 24 heures pour se remettre en état », explique le judoka qui aura 25 ans au mois d’août.

À la lumière de cette nouvelle, Gagné avait décidé de tenter sa chance. Il se disait qu’avec 24 heures entre la pesée et sa compétition, ce serait beaucoup plus facile. « Ça l’a été au début, avoue-t-il. J’ai terminé deuxième des Championnats panaméricains cette année-là. Après ce résultat, il n’y avait plus de choix possible pour moi. J’étais premier de ma catégorie au Canada et en bonne position au classement mondial. Dans ma tête, et je le crois encore aujourd’hui, ma médaille olympique, je pouvais aller la chercher chez les moins de 66 kg. J’avais beaucoup moins de chance de m’y rendre chez les moins de 73 kg. »

« Let’s go! On y va et quoi qu’il arrive, on va jusqu’au bout. »

C’est ce que s’était dit le judoka à l’époque. Pour atteindre son objectif, il faisait déjà des sacrifices énormes et sa situation ne s’est pas améliorée avec les années.

« Plus le temps avançait, plus ça devenait difficile. Ma mère ne serait pas contente que je dise ça, mais je perdais environ 5 à 6 kilos durant les dernières journées. Je me déshydratais sur une période de deux à trois jours. Si tout allait bien, je partais pour la compétition avec 5 à 6 kilos à perdre, mais des fois ça n’allait pas comme je le voulais et c’était plus. »

Pour éliminer les kilos en trop, Gagné avait rendez-vous avec le sauna, l’entraînement et les bains chauds. Il avait cette chance, il suait beaucoup.

Le problème était que les efforts du guerrier ne se limitaient pas à quelques jours avant de monter sur la balance. Pour demeurer dans sa catégorie, il devait faire de gros sacrifices toute l’année. Terminé pour lui les repas alléchants. Au delà de son estomac, c’est aussi son moral qui en souffrait.

« Je devais descendre mon poids en bas de 66 kg et présentement je suis très, très loin de ça. Pour atteindre mon poids, j’avais une diète tous les jours. Je ne pouvais pas me permettre de me relâcher. C’était de plus en plus difficile pour moi de venir à l’entraînement parce que je n’avais pas beaucoup d’énergie. Je ne mangeais pas beaucoup », confie-t-il.

Plus les compétitions approchaient, plus son régime drastique avait des effets sur son corps. « Je vous dirais que durant les deux, trois dernières années, ma mère ne m’a jamais vu à partir de deux semaines avant un tournoi. C’était voulu! Je n’étais pas facile à regarder, mais mes parents étaient conscients du sacrifice que je devais faire. Ils savaient que j’étais prêt à beaucoup pour le réaliser. »

Priorité santé

Finalement, le moment est arrivé. À la suite de sa blessure à l’épaule, Patrick Gagné a dû faire le choix entre sa santé et son rêve olympique.

« Au final, j’ai mis ma santé en premier. »

«J’ai décidé que le judo m’avait apporté beaucoup et que même si je n’avais pas été aux Jeux olympiques, j’avais eu une belle carrière quand même. »

Au delà de la santé, il a également retrouvé sa passion pour son sport. Il l’avait un peu perdue dans la balance. « Dans les derniers mois, je venais pas mal au judo pour perdre du poids. Maintenant, j’ai retrouvé le plaisir du judo et c’est vraiment quelque chose qu’il ne faut pas oublier. C’est en partie pour ça que j’ai accepté de parler de mon histoire. Nous avons tous commencé le judo pour une raison et c’est pour le plaisir. Si on perd le plaisir un peu ou même beaucoup, c’est signe qu’il faut faire quelque chose! »

C’est pourquoi même s’il est maintenant plus lourd sur la balance, le Canadien est plus serein. Il peut goûter de nouveau aux petits plaisirs de la vie. « Manger un spaghetti gratiné, ça faisait des années que je n’avais pas fait ça! »

Il a réintégré le pain et les pâtes à son alimentation et doit maintenant laisser le temps à son corps de s’habituer. « C’est un choc pour lui! Il n’est pas habitué de recevoir autant de nourriture. Je me laisse l’été pour m’adapter, stabiliser mon corps et me fixer de nouveaux objectifs. »

Maintenant la mauvaise nouvelle digérée, l’attitude positive du jeune garçon de la Côte-Nord est impressionnante. « Cet été, je vais m’entraîner avec mes coéquipiers. Je vais les préparer pour leurs Jeux olympiques afin qu’ils arrivent le plus fort possible à Rio. »

« Si je peux faire la moindre différence pour eux, je vais essayer de la faire! »


Saliver de déplaisir

Dans quelques jours, Kristel Ngarlem jouera son destin olympique. L’haltérophile tentera d’obtenir un billet pour les Jeux de Rio chez les moins de 69 kg.

Deux heures avant de lever ses barres, elle passera sur la balance.

« La veille de ma compétition, j’essaie d’être à 70 kg. Généralement, pendant la nuit, je perds environ 500 grammes », explique la Montréalaise.

Les derniers 500 grammes sont généralement évacués par la « méthode haltérophile » pour laquelle elle a besoin de deux instruments : de la gomme à mâcher et un verre.

« Oui, c’est vraiment étrange, mais on prend de la gomme vraiment surette ou de la gomme balloune vraiment sucrée et on crache », explique Ngarlem qui peut perdre jusqu’à un kilo de cette façon en l’espace de deux heures.

Le moindre milligramme est important sur la balance et peut faire une différence pour une médaille ou un billet pour les Jeux olympiques. Dans une même catégorie, à charges égales, l’athlète la plus légère l’emporte.

Pour l’haltérophile, passer sous les 69 kg est toujours un défi. « C’est vraiment difficile pour moi de faire le poids. »

« Les deux derniers kilogrammes, c’est la mort. Le reste, ça va, mais les deux derniers, ils sont très, très difficiles à perdre. »

« J’appelle Catherine (Naulleau, nutritionniste à l’INS Québec) la veille quand je suis dans le sauna et le matin de la compétition, car je suis vraiment découragée », explique celle dont le poids naturel se situe environ cinq kilos au-dessus de sa catégorie privilégiée.

Une fois sortie de la balance, la Québécoise a deux heures devant elle avant de lever ses premières charges. Pour reprendre ses forces, une bouteille de 500 ml d’eau et de Gastrolyte, un café et du Gatorade font partie du menu avec quelques morceaux de fruits et un peu de viande.

Apprendre à la dure

En 2012, lors des qualifications pour les Championnats du monde, l’athlète de 20 ans n’avait pas suffisamment perdu de poids avant la pesée. Elle avait tout de même pu se qualifier pour les Mondiaux dans la catégorie supérieure.

« J’étais plus jeune, alors tu connais moins ton corps et tu connais moins ce qui fonctionne et la façon dont ton corps réagit », explique celle qui est mieux outillée maintenant qu’elle est suivie par Catherine Naulleau.

C’est en vue des Jeux panaméricains de Toronto qu’elle a rencontré la diététiste et nutritionniste en sport. « Elle avait beaucoup de poids à perdre et n’était pas très fière. »

« Je l’ai tout de même félicitée, parce qu’elle avait bien fait de venir me voir au lieu de faire ça toute seule. J’ai continué de la suivre par la suite. »

-Catherine Naulleau

Des repas de traiteurs spécialisés permettent à Kristel Ngarlem de calculer chaque calorie ingérée. « Ça m’aide beaucoup, car je suis assez gourmande. Réduire mes quantités, c’est ce qui est le plus difficile pour moi. »

Deux semaines avant la compétition, c’est là que le défi prend son importance et rien n’est laissé au hasard. « Je suis à la lettre tout ce que je prends. Je parle à Catherine tous les jours avec les questions :

« Quest-ce que je fais? Qu’est-ce que je peux manger? »

Dans les dernières journées consacrées à la perte de poids en vue d’une compétition, l’haltérophile a de meilleurs indicateurs. Une simple évaluation de sa concentration d’urine lui permet d’ajuster le tir.  « Ça me permet d’analyser mon hydratation et de quelle façon perdre mon poids. »

Les conséquences à long terme, Kristel Ngarlem les entrevoit. « Je m’en rends compte avec le temps que c’est plus difficile. Par exemple, lors d’une compétition en mars dernier, j’ai fait le même temps de sauna que je faisais il y a un an ou deux et j’ai perdu quasiment 70 % moins que je perdais à ce moment-là. Mon corps commence à réagir. »

Objectif Rio

Le moment de vérité aura lieu jeudi pour la Canadienne lors des Championnats panaméricains qui seront disputés à Barranquilla, en Colombie. La compétition servira également de qualification olympique.

« Ça va très bien. Je suis en pleine forme et je me sens vraiment prête », affirme celle qui aspire réaliser des records personnels. « Je vais là pour ça!  Je crois que je suis rendue à cette étape et à maturité pour réaliser le défi. »

Et si elle n’y parvient pas, le cycle recommencera. « Je serai là pour Tokyo en 2020! »


La balance du pouvoir

« Quand tu souffres trop à faire le poids, le poids remonte très, très rapidement après la compétition », affirme Catherine Naulleau, diététiste et nutritionniste du sport qui travaille à l’Institut national du sport du Québec, notamment avec Patrick Gagné et Kristel Ngarlem, mais également auprès de plusieurs autres athlètes québécois.

En judo, les athlètes tentent de se maintenir généralement à 6 % de leur poids de compétition. « Après de longs congés, comme Noël par exemple, ça se peut que les athlètes soient à 10 ou 12 % de leur catégorie de poids. S’ils doivent faire le poids rapidement, ils sont un peu dans le trouble », constate-t-elle.

« Il ne faut pas penser qu’en pratiquant le judo ou l’haltérophilie, les athlètes suivent une grosse diète, souligne toutefois Catherine Naulleau. Le but est qu’ils se sentent le moins possible au régime. C’est sûr qu’il y a des périodes où ils doivent faire plus attention, comme à l’approche d’une compétition, mais ils ne sont pas tout le temps en train de manger de la salade. »

Le travail de la nutritionniste est de faire des suivis réguliers avec ses protégés afin qu’ils soient confrontés le moins possible à des pratiques drastiques de perte de poids telles que manger de la salade déshydratée ou tout simplement jeuner, s’entraîner dans un sauna ou encore la fameuse technique haltérophile qui est de cracher sa salive.

« Pour aider ces athlètes à exceller, il faut récolter les données à la base. C’est ce qui permet ensuite de cibler une masse idéale pour l’athlète qui est normalement 4 ou 5 kilos au-dessus de sa catégorie de poids de compétition pour les hommes, et 2 ou 3 kilos pour les femmes. »

Malgré tout, des cas de pertes de 10 kilos en moins de trois semaines ou « suer » 5 kilos au sauna pour faire le poids, elle en a vus.

« Ce n’est pas normal de souffrir autant. Parfois, il faut réévaluer la catégorie de poids dans laquelle les athlètes évoluent. »

Ralenti par des blessures, Patrick Gagné s’est rangé à cette décision cette année, quelques mois avant la fin du processus de qualification olympique. Descendre sous les 66 kilos n’était tout simplement plus possible pour sa santé.

« Patrick, c’est ma machine à suer. Il a toujours eu de la facilité à perdre du poids en se déshydratant. Quand tu as des blessures et que tu es magané, il faut que tu penses à toi. C’est ce qui est le plus important », relate la diététiste et nutritionniste.

« Pour certains judokas, pas seulement Patrick, il a fallu réévaluer la situation. Est-ce qu’on continue dans cette catégorie de poids? Est-ce qu’on va de l’avant? Si l’athlète dit oui, on suit les choses au fur et à mesure. Mais en année olympique, ce n’est plus le moment idéal pour changer de catégorie de poids. Quand tu n’es plus capable de suivre, et bien c’est dommage, ce n’est pas la bonne année. »

Manger pour être heureux

Catherine Naulleau travaille beaucoup en collaboration avec les entraîneurs pour le suivi des athlètes et pour prendre des décisions lorsque ces derniers ont beaucoup de difficulté avec leur poids.

« Souvent, les athlètes ont peur de parler de leur poids ou ont honte de certains comportements alimentaires. »

«Mais avec le temps et avec plusieurs suivis, ils viennent à s’ouvrir plus et on peut alors mieux les aider », note-t-elle.

Stéfanie Tremblay, qui rivalisait auparavant chez les moins de 57 kg a fait le saut chez les moins de 63 kg en 2015. Elle a raté de peu un billet pour les Jeux olympiques de Rio. Plus récemment, Étienne Briand, ancien -73 kg, est passé chez les moins de 81 kg.

« Stéfanie a réalisé qu’elle ne pouvait plus suivre ce rythme. Elle voulait pouvoir sortir de chez elle et voir ses amis et tout simplement manger convenablement! En faisant le changement de poids à cette période, elle avait toujours des chances de faire assez de points dans sa nouvelle catégorie pour obtenir une place à Rio et ça allait être beaucoup mieux pour sa santé et son bien-être. »

Du côté d’Étienne Briand, ses études en mathématiques à l’université sont entrées dans l’équation. « Il était un peu limite au niveau du poids et devait faire une bonne diète. En plus, il était très occupé à l’école. Alors, c’était plus difficile à un moment de faire une sieste ou aller courir pour brûler des calories. Il avait quelques petites blessures partout, signe que l’apport énergétique n’était peut-être pas suffisant. Il est venu me voir et m’a demandé ce que je pensais s’il changeait de catégorie de poids. »

Performance n’égale pas souffrance. « Le plus important, c’est d’être heureux de faire du sport et ne pas en faire pour perdre du poids. On en fait pour être passionné et vouloir s’améliorer. »

« Moi, je veux simplement que les athlètes soient heureux. »

Une nouvelle mentalité?

Au lieu de faire le poids, pourquoi les athlètes ne combattent-ils pas dans une catégorie plus lourde? Pourquoi infligent-ils tout cela à leur corps?

« C’est une vieille pensée dans ces sports que plus tu es lourd, plus tu as l’avantage sur ton adversaire. Mais, plus tu es lourd, plus tu as du poids à perdre. Si trois ou quatre jours avant tu te prives beaucoup, tu n’arrives jamais avec des réserves d’énergie aussi pleine qu’un athlète qui se bourre la fraise de sandwichs. »

Gagner des médailles d’or en faisant des régimes drastiques ou en s’alimentant beaucoup? « C’est une adaptation musculaire. Il y a des athlètes qui réagissent très bien à des restrictions alimentaires. Moi, je suis de la génération des nutritionnistes qui croient que tu n’as pas besoin d’avoir 4-5 kilos à perdre. Tu peux être juste en dessous ou au-dessus de ta catégorie et très, très bien performer. Martine Dugrenier est l’un des meilleurs exemples. Antoine Valois-Fortier et Kelita Zupancic n’ont pas beaucoup de poids à perdre eux non plus. »


Jouer au yoyo

Triple championne du monde chez les moins de 67 kg, Martine Dugrenier pouvait se permettre de manger six fois par jour. Lorsqu’elle a dû descendre chez les moins de 63 kg en vue des Jeux olympiques de Pékin et de Londres, elle a tout simplement pu réduire ses repas à trois!

Contrairement à plusieurs de ses coéquipiers, l’ancienne lutteuse n’a pas eu à s’infliger trop de contraintes alimentaires. « Pendant que les autres continuaient leur perte de poids dans le sauna la veille de la pesée, moi je mangeais des sandwichs », rigole-t-elle.

Mais bien qu’elle semble alléchante, la situation inverse n’est pas nécessairement plus agréable pour autant. « À un moment donné lorsque tu manges vraiment beaucoup, tu en as jusque-là! »

La préoccupation est grande pour un athlète qui doit passer le test de la balance. « Dans d’autres sports, quelques jours avant le jour J, tu te prépares vraiment pour être au sommet. De notre côté, c’est vraiment l’inverse. Tu ne te sens pas du tout au mieux de ta forme le jour de la pesée! »

Jouer au yoyo avec son corps peut faire apparaître plusieurs symptômes : fatigue, crampes musculaires et difficulté à récupérer entre les combats.

Les matins de pesées, Martine Dugrenier devait certainement se faire regarder avec envie par ses adversaires en privation de nourriture depuis quelques jours. Contrairement à la majorité d’entre elles, la lutteuse québécoise n’a jamais eu à sauter un déjeuner un matin de pesées.

Si elle avait fait le processus seule pour Pékin, c’est épaulée par la nutritionniste Mélanie Olivier qu’elle a réussi à perdre son poids sainement en vue des Jeux olympiques de Londres. « Ça ne veut pas dire que ma méthode convenait à tout le monde. Personne ne réagit pareil, précise la double Olympienne. Mais avec Mélanie, le plan fonctionnait. »

« Elle me disait que tel jour, je pèserais tel poids et j’étais exactement dessus. »

La goutte de trop

C’est jour de pesée aux Jeux olympiques de Londres. Martine Dugrenier sait qu’elle est exactement sur le poids et se rend au site de compétition, des litres d’eau, de Gatorade et de Pedialyte dans son sac. Les agents de sécurité n’ont par contre pas voulu la laisser passer avec ses précieux liquides sans qu’elle en boive une gorgée.

« Je leur expliquais que non, je ne pouvais pas. Je ne pouvais même pas prendre une simple gorgée, j’étais pile sur le poids! Finalement, nous avons pu passer. »

Devenue entraîneuse et enseignante en éducation physique, la Canadienne est maintenant de l’autre côté du tapis. Pour elle, il est primordial que les athlètes soient bien entourés pour leur perte de poids. « Il y en a qui disent que les athlètes qui ne réussissent plus à faire le poids, c’est parce qu’ils ne sont pas assez forts mentalement, parce qu’ils n’ont pas suivi de régime ou encore, car ils n’ont pas de discipline. Mais, ça peut tout simplement être parce que leur corps a décidé que c’en était assez. »

Grâce à son expérience en tant que lutteuse, Dugrenier essaie de toujours garder l’œil ouvert en ce qui concerne la santé de ses athlètes. Elle est consciente que les décisions à prendre pour atteindre les sommets de son sport peuvent être difficiles autant physiquement que mentalement.

Une perte de poids drastique n’entraîne pas une performance optimale affirme l’ancienne lutteuse.

« Tu dois trouver la catégorie de poids dans laquelle tu performes le mieux. »

« Ce n’est pas nécessairement la plus basse ou celle plus haute. Les styles de lutte changent d’un poids à l’autre. Il s’agit de trouver qu’elle est la meilleure situation et ensuite stabiliser son poids », conclut-elle.

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Par Émilie Bouchard Labonté et Alexandra Piché

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