26 Nov - 2020 | par Mathieu Laberge

Canoë-kayak de vitesse

Le Saint-Maurice, source de talents en canoë-kayak

Nouvelle

Montréal, 26 novembre 2020 (Sportcom) – Depuis des décennies, le Saint-Maurice est le point de départ de nombreux athlètes qui joignent les rangs de l’équipe canadienne de canoë-kayak de vitesse, tant aux Jeux olympiques qu’aux Championnats du monde. La passion du canoë-kayak est toujours bien vivante dans cette région où ce sport est gravé dans son histoire.

Gabriel et Geneviève Beauchesne-Sévigny, Richard Dober, Andréanne Langlois, Dave Frost, Carl Beaumier. À cette liste d’Olympiens qui se sont tous entraînés sur cette rivière pourrait s’ajouter dès l’an prochain le nom de Laurence Vincent-Lapointe. Et derrière elle, on note que les deux tiers des athlètes reconnus Excellence par Canoë kayak Québec proviennent de clubs de la Mauricie.

« Nous avons toujours eu de bons athlètes, mais ce n’est pas comme si nous avions le plan d’eau le plus facile. La Classique de canots de la Mauricie a toujours été quelque chose de gros et peut-être que c’est aussi un des facteurs », explique Vincent-Lapointe depuis la Colombie-Britannique, où elle s’entraîne avec l’équipe nationale. « Pour ma part, personne ne faisait de canoë dans ma famille et lorsque j’ai commencé, c’était plus pour être avec mes amies. »

Pour d’autres figures régionales marquantes dans ce sport, c’est tout le contraire : tout part de la famille comme l’indique Hélène Gervais, entraîneuse depuis le début des années 1980 à Trois-Rivières et qui est maintenant au club de Shawinigan.

« L’origine de tout ça vient du club Radisson qui a eu une forte influence. »

Les athlètes de ce club fondé en 1934 excellaient sur la scène nationale dans les années 1940 et 1950. Ces jeunes hommes étaient compétitifs, engagés, mais aussi des aventuriers comme elle le rappelle.

« Ils étaient des passionnés ! Je me souviens que mon beau-père James Frost m’a raconté qu’ils sont partis de Cartierville (Montréal) pour descendre à Trois-Rivières en canoë de guerre. Ils ont des histoires démesurées ! »

Un autre membre du club Radisson, Jean-Guy Beaumier, a été membre d’une expédition de canot qui a traversé le pays pour marquer le centenaire de la Confédération canadienne en 1967. Quelques années plus tard, il mettra sur pied le Club du Cap-de-la-Madeleine, aujourd’hui connu sous le nom du Club de canoë-kayak de Trois-Rivières. Messieurs Frost et Beaumier verront chacun un de leurs garçons devenir des Olympiens : Dave Frost participera aux Jeux de Séoul (1988) et de Barcelone (1992), tandis que Carl Beaumier sera de ceux de 1988.

Redonner naturellement

Même plusieurs années après sa retraite sportive, Dave Frost continuera d’avoir un impact important auprès de la relève comme se souvient Gabriel Beauchesne-Sévigny, deux fois finaliste en C-2 aux Jeux de Pékin en 2008.

« Quand j’avais 12 ans, j’ai vu Dave Frost. Je ne le connaissais pas, mais il avait un manteau de l’équipe canadienne. Au début, mon rêve, c’était d’avoir ce manteau-là. C’est ensuite que j’ai compris qu’avec le club, c’était une première étape. »

Avant qu’elle ne devienne une athlète de haut niveau, Laurence Vincent-Lapointe a été supervisée par Frost à quelques occasions, même si elle chavirait une quinzaine de fois à chaque séance d’entraînement.

« Il venait sur l’eau et il prenait le temps de me montrer des trucs. Il était super patient avec moi, car j’étais extrêmement mauvaise. J’étais tout le temps dans l’eau et lui, il prenait le temps pour me montrer comment ça marchait. C’était de la patience et de la générosité. Il a redonné à la communauté et c’est une des forces du club. Ç’a m’a aidée à rester dans le sport et confirmé que je pouvais y avoir du plaisir. Je pense aussi qu’il aimait voir des filles dans ce sport-là. »

Un plan d’eau difficile, une structure adaptée

La rivière Saint-Maurice est un plan d’eau difficile pour les bateaux de course. Mais une fois que l’on maîtrise l’équilibre de son embarcation, on a déjà une longueur d’avance croit Gabriel Beauchesne-Sévigny.

« Ça peut devenir une fierté de s’entraîner dans des conditions difficiles et c’est quand tu arrives ailleurs que tu remarques que tu es fait fort. Je pense aussi à l’historique du Saint-Maurice avec la traite des fourrures et à la Classique internationale de canots de la Mauricie. Tout le monde à Shawinigan et Trois-Rivières connaît ça et peut-être que nous n’aurions pas cette culture dans un gros centre urbain. »

Cette culture est aussi bien présente dans le système scolaire qui offre un programme sport-études en canoë-kayak depuis le début des années 1990. Cela a permis à des générations d’étudiants-athlètes de demeurer dans leur région, mentionne Beauchesne-Sévigny.

« Pour un jeune athlète de 12-13 ans qui rêve à l’équipe nationale junior et ensuite senior, il faut un environnement qui est stable. Et les infrastructures à Trois-Rivières, elles sont là. Je suis un produit du sport-études à l’Académie les Estacades et du Collège Laflèche et j’ai eu un environnement stable pour mes études avec des professeurs qui savaient exactement où je voulais aller et des entraîneurs qualifiés. »

Hélène Gervais a été plus qu’une entraîneuse pour Beauchesne-Sévigny qui la qualifie aujourd’hui de mentore. Modeste, elle préfère tendre le compliment vers toute la communauté.

« Oui, il y a la rivière, les clubs et les athlètes passionnés, mais il y a eu des entraîneurs, des bénévoles et des conseils d’administration qui se sont engagés. Ils étaient nourris de voir les athlètes se dépasser et ça les stimulait », rappelle Hélène Gervais.

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