23 Août - 2024 | par Louis-Michel Lelièvre

L’homme à tout faire dont on entend trop peu parler

Nouvelle

Or Série

Montréal, 23 août 2024 (Sportcom) – Le titre officiel d’Éric Trottier sur le site de Rugby en fauteuil roulant Canada est responsable de l’équipement, mais en prenant quelques minutes pour bien comprendre son rôle, on pourrait croire qu’il agit plutôt en tant qu’homme à tout faire tellement sa liste des tâches est longue. Sportcom l’a rencontré.

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À son arrivée à la Maison du loisir et du sport, Éric Trottier cherchait à bien comprendre comment et surtout pourquoi Sportcom avait pensé à lui, voulant presque s’assurer qu’il était vraiment celui à qui nous voulions parler.

L’objectif ultime du préposé à l’équipement, du mécanicien ou encore de l’homme à tout faire, peu importe comment on décide de le nommer, est de faciliter la vie des joueurs pour que ceux-ci puissent se concentrer uniquement sur le match. Sans avoir à se soucier de l’état de leur fauteuil, par exemple.

Un rôle plus que primordial aux yeux de plusieurs, dont l’entraîneur de l’équipe nationale Patrick Côté.

« Dans un monde où un seul membre du personnel pourrait être sur le banc pendant un match, c’est le responsable de l’équipement qui y serait. Je le dis un peu à la blague, mais au fond, je le pense vraiment. Les joueurs peuvent se passer de l’entraîneur pendant la partie, mais jamais de nos mécaniciens. Les matchs ne pourraient pas avoir lieu sans eux ! »

« Avant un match, je vais vérifier tous les fauteuils pour voir si les pneus ont besoin d’air, s’il y a du nettoyage à faire et je vais jaser avec tous les joueurs pour savoir s’ils veulent faire un ajustement quelconque. Pendant les rencontres, la réparation la plus fréquente, c’est la crevaison. Je veux que les athlètes jouent leur match, moi, je m’occupe de tout ce qui pourrait mal aller », explique Éric Trottier.

Évidemment, la liste s’allonge rapidement, mais le principal intéressé serait prêt à occuper n’importe quel rôle pour que les athlètes et les entraîneurs aient l’esprit en paix pendant un tournoi.

« Avec l’équipe nationale, les rôles sont plus définis et rigides. Par contre, lorsque je suis en tournoi avec l’équipe du Québec, je peux m’occuper de remplir les bouteilles d’eau, d’aller chercher des lunchs ou de m’occuper des chandails. C’est certain que je m’occupe de l’entretien des fauteuils en priorité, mais je ne vais jamais refuser de donner un coup de main ailleurs », précise-t-il.

Il s’agit également d’un travail qui s’effectue sous pression, comme l’indique le préposé.

« Il faut que je ramène le joueur sur le terrain le plus vite possible. Si l’entraîneur a placé le joueur sur le terrain, c’est pour une raison et s’il doit sortir parce qu’il a un problème avec son fauteuil, mon rôle c’est de régler le problème pour que l’équipe aille de l’avant avec le plan de match initial. »

« La première fois que j’ai donné un coup de main à l’équipe du Québec, Fabien Lavoie était la grande vedette de l’équipe et il avait une crevaison que je voulais réparer rapidement pour le renvoyer jouer. Malheureusement, j’ai brisé les trois premiers tubes que j’ai essayé de rentrer dans sa roue. Ça ne commençait vraiment pas bien », se rappelle-t-il en riant.

Dans les faits, ils sont trois responsables de l’équipement qui suivent la formation canadienne à tour de rôle. Éric Trottier de Montréal, Tim Witoski de la Colombie-Britannique, ainsi que l’Ontarien Dave Caldwell. C’est d’ailleurs ce dernier qui sera à Paris pour les Jeux paralympiques.

Ce qu’il faut aussi savoir, c’est qu’Éric n’est pas un mécanicien de formation. Un collègue de travail impliqué dans le monde du rugby en fauteuil roulant lui a fait découvrir la discipline il y a une dizaine d’années. Éric avait certes quelques connaissances en mécanique, mais il a réellement tout appris « sur le tas ».

« Je n’avais jamais entendu parler du rugby en fauteuil auparavant. Je suis allé à une pratique avec un collègue et, au début, j’ai seulement dépanné pour donner un petit coup de main, mais de fil en aiguille, je me suis engagé plus sérieusement. J’ai toujours été habile de mes mains, mais je n’avais pas de connaissances précises en rugby en fauteuil roulant », explique-t-il.

Une amitié qui date

Anthony Létourneau, seul athlète québécois de la formation canadienne aux Jeux paralympiques de Paris, est l’un des mieux placés pour parler de l’importance d’Éric Trottier, lui qui a fait le saut avec l’équipe nationale presque au même moment.

« Éric m’a tellement aidé à mes débuts, autant pour mes transferts que pour me donner des trucs pour mon fauteuil. Il est très attentionné, je ne sais pas ce qu’on ferait sans lui honnêtement ! Il fait tout sans jamais compter ses heures, ce qui est encore plus exceptionnel. Aujourd’hui, je n’ai presque plus besoin de lui parler, il sait tout de suite ce que je veux ou ce dont j’ai besoin », raconte Anthony.

« J’ai vu Anthony à sa toute première pratique et il a progressé très rapidement. C’est le fun de le voir connaître du succès sur l’équipe nationale. À force de travailler avec lui, je connais ce qu’il aime et les ajustements qu’il veut. Il n’est pas le plus demandant et son équipement est toujours en ordre, ce qui est vraiment excellent », partage Éric en souriant.

Anthony a d’ailleurs pris quelques instants de l’entrevue pour livrer un message touchant pour Éric.

« Ton travail est extrêmement apprécié Éric, on n’est jamais assez reconnaissant. J’ai été super content de pouvoir vivre les Jeux parapanaméricains avec toi et j’espère que tu vas rester avec nous jusqu’aux prochains Jeux paralympiques pour qu’on puisse y aller ensemble ! »

Même s’il ne sera pas sur les lignes de côté dans la capitale française, Éric Trottier assure qu’il programmera son cadran aux petites heures du matin pour suivre toutes les activités de l’équipe à distance. Le Canada amorcera son tournoi le 29 août avec un duel face aux États-Unis.

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