Guillaume Boivin, le loyal équipier
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Patinage de vitesse sur courte piste – Championnats du monde
Montréal, 19 mars 2018 (Sportcom) – La « locomotive de Sainte-Julie », le « rayon de soleil de Saint-Félicien », l'« orgueil de Sainte-Thècle » sont tous des surnoms qui ont marqué l’imaginaire des partisans du patinage de vitesse canadien à travers les années. Ces expressions ancrées dans la carrière de plusieurs vedettes du sport sont l’œuvre de nul autre que Dany Lemay, annonceur maison depuis 1994.
Ancien athlète et entraîneur, le Québécois est la voix du patinage de vitesse aux Jeux olympiques depuis 2010. Il a commencé sa carrière internationale à Montréal et depuis, il est connu à travers le monde pour sa voix.
« Je me souviens de ma première course internationale. C’était à l’aréna Michel-Normandin. Je m’en souviens très bien parce qu’un patineur australien a failli mourir sur la glace cette soirée-là. La lame du patin de Frédéric Blackburn était rentrée dans sa fesse et sa vie avait littéralement été sauvée sur la glace à ce moment-là », raconte Lemay.
Depuis cette première fois, l’annonceur a vécu toutes sortes de péripéties à travers le monde. Son plus beau moment ? « Le relais masculin des Jeux olympiques de Vancouver. »
Entre sa carrière d’athlète et celle d’annonceur, Lemay a été entraîneur de l’équipe d’élite de la région de Montréal aux côtés d’Yves Hamelin, le père de Charles et François. Par pur hasard, cinq de ses anciens protégés se sont retrouvés dans l’équipe canadienne de relais qui est montée sur la plus haute marche du podium à Vancouver, soit les frères Hamelin, Olivier Jean, François-Louis Tremblay et Guillaume Bastille.
« Pour moi, de les amener sur le podium avec ma voix, c’était magique. Une fois qu’ils ont reçu leur médaille, ils ont quitté le podium et se sont dirigés vers moi pour me serrer la main. C’était émouvant pour moi. C’était spécial à voir aussi parce que jamais les athlètes ne vont serrer la main de l’annonceur, mais pour nous, à ce moment-là, ça avait une signification particulière », se remémore-t-il.
Dany Lemay aime particulièrement commenter le retour d’un patineur. « Pour moi, ç’a une saveur particulière quand l’athlète revient d’une blessure ou d’une compétition difficile. Je comprends à quel point une performance peut être significative pour ce patineur. »
C’est d’ailleurs le cas de Charles Hamelin ce week-end. Après avoir connu des Jeux olympiques décevants sur le plan individuel, il a été sacré champion du monde devant les siens à Montréal.
« D’annoncer les courses en or de Charles Hamelin ce week-end, ç’a une saveur particulière comparativement à une médaille d’or qu’il aurait gagnée quand il était dans la fleur de l’âge, il y a cinq ou six ans. Je sais à quel point ces médailles sont significatives pour lui », dit-il.
C’est d’ailleurs Lemay qui a baptisé Hamelin la « locomotive de Sainte-Julie », il y a déjà plus de dix ans. Le multiple médaillé olympique était reconnu comme un patineur qui aimait être en avant et tirer les courses.
« C’était une façon d’imager un peu sa façon de courir. Dans son cas, de donner ça comme surnom, ç’a aidé à ce que ce soit perpétué parce que ça lui collait bien à la peau. C’est une façon de donner un petit coup de chapeau à ces patineurs que je connais bien. Ça amène une saveur », a expliqué Lemay.
Les médias ont adopté le surnom. Il n’est pas rare de lire l’expression dans un article ou de l’entendre à la télévision. « Ça fait un petit velours, c’est sûr. Je me dis que le surnom doit avoir du sens. À un moment donné, si l’athlète n’aimait pas le surnom, je ne l’utiliserais pas. Ça ne m’est jamais arrivé jusqu’à présent, mais je fais preuve de gros bon sens. »
Dany Lemay n’a pas marqué que l’univers du patinage de vitesse francophone. Il n’est pas rare qu’il se fasse appeler « two laps to go » (deux tours à faire) par les athlètes du circuit.
« Je ne savais pas que ça avait marqué les gens comme ça, mais apparemment, c’est particulier quand je dis « two laps to go. » C’est comme ça que les athlètes internationaux m’identifient. J’ai même vu sur les réseaux sociaux ce week-end quelqu’un qui a écrit : c’est two laps to go au micro ! Je trouve ça comique. Je m’en fais parler. »
Dany Lemay souhaite former une relève, car il convoite un nouveau rôle dans le monde du patinage de vitesse sur courte piste. Il a maintenant son brevet d’arbitre international et aimerait éventuellement essayer de percer dans cette voie.
Le rôle d’annonceur en trois questions
Quel est le plus grand défi d’un annonceur ?
« Les gens pensent que les Jeux olympiques sont la compétition la plus difficile, mais ce n’est pas le cas. Dans les faits, c’est probablement la compétition la plus facile, parce que j’ai une équipe professionnelle avec moi. Ce week-end, par contre, je dois faire les deux langues. C’est une difficulté supplémentaire.
Lors d’une compétition, le plus difficile c’est quand il y a des blessures. Je dois faire attention pour ne pas faire des commentaires humoristiques, parce que ce n’est pas le moment, mais de ne pas maintenir un ton trop grave non plus. Souvent, il y a un long temps d’arrêt. Il faut dédramatiser. »
Comment ça se passe quand vous êtes dans un pays où l’anglais n’est pas la langue officielle ?
« Je partage le micro avec un annonceur qui parle la langue du pays. Par exemple, aux Jeux olympiques de Pyeongchang en Corée du Sud, je commentais avec un spécialiste local. Nous nous alternons dans ce temps-là, chacun deux tours. Ce qui est spécial, c’est que quand je ne comprends pas la langue, je dois regarder l’autre pour ne pas manquer son signe de main qui indique que c’est mon tour. Je manque alors des secondes de la course. »
Devez-vous contrôler ce que vous dites pour ne pas aider ou nuire aux athlètes ?
« En théorie, oui. J’attends que l’action soit bien entamée avant de donner les détails. Mais en pratique, les athlètes n’ont pas le temps de porter attention à ce que je dis, surtout avec le bruit de la foule. Ils ne m’entendent pas vraiment. »
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