Nage synchronisée
Nage synchronisée
« Si j’avais fait cette entrevue une semaine après, je ne pense pas que j’aurais pu réussir. Mais maintenant, le temps a passé. »
Le 6 mars dernier, la vie de Marie-Lou Morin, capitaine de l’équipe canadienne de nage synchronisée, a chamboulé lorsque son rêve olympique s’est écroulé. Le pays a manqué sa place pour Rio 2016 par seulement 0,7139 point aux Qualifications olympiques qui avaient lieu dans la ville qui accueillera cet événement planétaire. Pour obtenir son laissez-passer, les Canadiennes devaient terminer dans le top-3, occupé par les Ukrainiennes, Japonaises et Italiennes.
« C’est un sentiment indescriptible. Ce qui m’a le plus frappée, c’est que ça sonnait la fin de ma carrière », raconte-t-elle.
Ça faisait un an que je disais que peu importe ce qui arrivait, je prenais ma retraite après 2016. C’était un gros choc de me rendre compte que c’était la dernière fois que je nageais avec l’équipe », ajoute l’athlète de Westmount qui n’a pas fait partie des nageuses retenues au sein de l’équipe canadienne aux Jeux de Londres en 2012.
Morin et ses coéquipières ont présenté aux juges une nouvelle routine libre très théâtrale sur le thème de la glace et du feu comprenant de nombreuses figures acrobatiques, un genre complètement différent.
« Ce sont les hauts et les bas de la synchro, un sport jugé et politique. Nous voyions où ça s’en venait, nous avions un doute. Le mois vers les qualifications, nous avions de plus en plus confiance, poursuit l’athlète de 25 ans. Tout le monde nous disait que nous avions un beau programme, que nous méritions notre place et qu’ils ne pouvaient pas ne pas nous le donner. Le fait d’avoir eu tant de confiance et tant d’espoirs, nous étions moins préparées à la suite. C’est vraiment ce qui a fait le plus mal. »
Quand une porte se ferme, une fenêtre s’ouvre
Une semaine seulement après cette compétition, Marie-Lou Morin se lançait déjà un autre défi : faire des spectacles à bord de bateaux de croisière. Partie à Miami, elle a eu deux mois pour préparer des programmes pour ensuite vivre l’expérience sur le bateau jusqu’au mois de décembre prochain.
« Je suis passée à autre chose rapidement. Je ne me voyais pas vraiment passer trois mois seule dans mon appartement à réfléchir à mon avenir. C’est super différent, mais je suis vraiment contente. Ç’a m’a amené quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas. Le bateau a été vraiment une bonne chose. Il y avait tellement moins de pression. »
Son expérience lui a permis de se doter d’une autre perspective de la vie, de la nage synchronisée et du sport en général. Elle est d’ailleurs entourée d’acrobates et de plongeurs pendant les spectacles aux couleurs des années 1950. Pendant ce temps, même si elle est loin de Montréal, les pensées de Morin sont tout de même tournées vers l’équipe nationale et son ancien mode de vie.
« Ça m’a fait réaliser que c’était vraiment un privilège d’être sur l’équipe et que j’aimais vraiment ça. Dans les quatre dernières années, je me suis mis vraiment beaucoup de pression et je n’ai pas réussi à en profiter autant que j’aurais voulu. J’ai réalisé que la nage synchronisée me manquait et que je voulais continuer. J’ai pris la décision de revenir sur l’équipe. »
L’émotion toujours présente
Plusieurs mois après la qualification olympique, Marie-Lou Morin, membre de l’équipe nationale depuis 2009, peut affirmer que son deuil est fait, même si par moments, un pincement au cœur se fait sentir. C’était le cas quand elle a visionné le documentaire Parfaites portant sur les deux dernières années de l’équipe canadienne en route vers Rio.
Celle qui avoue n’avoir jamais regardé les Jeux olympiques affirme qu’elle tentera de le faire pour l’épreuve en duo alors que ses amies Jacqueline Simoneau et Karine Thomas représenteront le pays. « C’est sûr que ça va aussi être intéressant de voir où les pays vont se placer, mais ça va être difficile », a conclu Morin qui espère se rendre en 2020 aux Jeux de Tokyo, mais qui pour l’instant, prendra une année à la fois.