6 Avr - 2016 | par Émilie Bouchard Labonté

Ski acrobatique

Pascal-Olivier Gagné accroche ses skis

Montréal 6 avril 2016 – La station de ski de Ruka en Finlande a hanté le skieur acrobatique Pascal-Olivier Gagné. Premier arrêt de la saison du circuit de la Coupe du monde lors des deux dernières campagnes, le bosseur québécois a terminé sa compétition les deux fois de la même façon : une malheureuse commotion cérébrale qui mettait un terme à sa saison. La dernière a toutefois entraîné une autre décision et le Montréalais a annoncé, mercredi, qu’il était le temps de mettre un terme à sa carrière.

« Le parcours était facile, alors pour gagner, il fallait aller vraiment vite », se rappelle l’athlète de 26 ans qui ne savait pas alors que ce duel en seizième de finale, le 15 décembre dernier, serait sa dernière course.  « Je n’ai pas réussi à ralentir autant que je voulais pour mon deuxième saut et je suis tombé assis sur une bosse. Je n’ai pas frappé ma tête, mais le choc du coccyx à la tête a été suffisant. »

Sur le coup, le Montréalais n’a pas pensé qu’il avait fait une commotion cérébrale. « Je pensais que je m’étais cassé le bras. Ça faisait tellement mal que je n’étais pas inquiet pour ma tête. Mais deux jours plus tard, à mon retour à la maison, j’ai eu les mêmes sensations que j’avais eu l’année auparavant. J’étais bien trop slow. J’ai commencé à avoir des doutes. »

Après sa première commotion cérébrale, qui l’avait obligé à se tenir loin des bosses pendant six mois, Pascal-Olivier Gagné s’était dit que s’il en faisait une deuxième, ce serait terminé. Mais lorsque cette dernière est survenue, il s’est donné du temps pour réfléchir. « Les symptômes étaient beaucoup moins pire que la première fois. Je me suis dit que si ça durait une semaine ou deux et que cela ne m’empêchait pas de participer à un événement, j’allais continuer », raconte-t-il.

L’annulation de l’étape de Lake Placid lui a donné un sursis supplémentaire, mais Gagné n’était pas prêt pour la Coupe du monde de Val Saint-Côme à la fin du mois de janvier. « J’ai consulté ma neuropsychologue et mon kinésiologue qui m'ont fortement conseillé de ne pas prendre une décision sur le coup de l’émotion, mais de mettre ma saison à off peu importe ce que je décidais. »

Soulagé de ne pas avoir à se mettre pression pour un retour rapide à l’entraînement ou à la compétition, le bosseur a toutefois songé à son avenir. Pas question pour lui que sa vie soit dictée par ses maux de tête. « Je ne veux plus jamais avoir à revivre ça. Je pense que c’est plus sage d’arrêter là. »

De grands souvenirs

Troisième en duels à Inawashiro (Japon) en mars 2014, Pascal-Olivier Gagné aura atteint le top-10 quatre fois au cours de sa carrière en Coupe du monde. « Je n’aurais jamais pensé me retrouver jusque-là », mentionne le membre de l’équipe nationale depuis 2009. « C’était un rêve depuis que j’étais tout jeune de participer à des Coupes du monde, alors le reste, c’était du bonbon. »

En plus de son podium au Japon, Gagné se rappellera toujours de sa première Coupe du monde à l’extérieur du pays. Il avait fini 13e (simple) et 11e (duels) à Are, en Suède, en mars 2012. « C’est probablement l’un des plus beaux moments de ma vie. J’ai fait mes premières finales et ensuite, avec des coéquipiers de l’équipe nationale, nous étions allés visiter Amsterdam. J’avais l’impression que le monde s’ouvrait à moi. »

Ses coéquipiers de l’équipe nationale lui manqueront certainement.  « Voir les boys partir ensemble, ça va faire drôle. Marc-Antoine (Gagnon), Philippe (Marquis), Mikaël (Kingsbury) et moi, nous avons déjà jasé du futur pour planifier du temps pour nous rappeler nos histoires. J’ai d’autres amis, mais les gars de skis, c’est autre chose. Je les connais par cœur. »

Des nouveaux projets

Pascal-Olivier Gagné conserve encore quelques séquelles, mais elles devraient s’estomper d’ici les prochaines semaines. « Je ne suis plus dans un contre-la-montre, mais je suis capable de faire mes occupations de tous les jours. La lumière est au bout du tunnel. »

Cela ne l’empêche pas ces jours-ci de compléter sa formation pour devenir entraîneur. « C’est super intéressant d’en apprendre plus sur le pourquoi. Souvent, quand tu es un athlète, tu écoutes ton entraîneur sans trop le remettre en question. J’aimerais quasiment revenir en arrière pour faire ce cours pendant que j’étais encore athlète. »

Le bosseur a toujours pensé qu’il emprunterait cette voie lorsqu’il serait à la retraite. « J’ai toujours aimé me faire coacher par des anciens athlètes qui sont allés loin dans le sport. Je me suis toujours dit que si le timing le permettait, je le ferais. J’ai toujours voulu redonner un peu au sport. »

Celui qui veut entreprendre des études en comptabilité après avoir suivi quelques cours en administration via la TÉLUQ ces dernières années se voit bien étudier à temps plein en septembre tout en étant entraîneur les fins de semaine.

Pascal-Olivier Gagné se promet aussi de retourner skier dans la poudreuse au Japon. « Mon seul regret sera de ne pas avoir profité suffisamment des endroits où j'ai été en compétition autour du globe. »

« Je suis confiant de ce que l’avenir me réserve. Tout semble bien s’enligner. Le mode de vie que j’ai eu depuis six ans m’a bien préparé à n’importe quoi dans la vie. Je pense que je suis prêt à réagir à n’importe quoi », conclut-il.

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