26 Jan - 2021 | par Mathieu Laberge

Jeux olympiques

Quand une discipline perd son aura olympique

Nouvelle

Montréal, 26 janvier 2021 (Sportcom) – Pendant que le Comité international olympique (CIO) tente de sauver à tout prix les Jeux olympiques de Tokyo, d’autres dossiers ont suivi leur cours ces derniers mois malgré la pandémie. Un de ceux-ci est la modification du programme des épreuves olympiques où certaines disparaîtront, d’autres sont sur un siège éjectable, alors que d’autres sont accueillies à bras ouverts.

Les objectifs de ces transformations ? Limiter le nombre d’athlètes autour de 10 500 aux Jeux d’été, viser la parité hommes/femmes dans les épreuves et séduire un public plus jeune devant les écrans afin d’attirer les annonceurs.

Sportcom a échangé avec un athlète actif et un athlète retraité qui voient leur épreuve disparaître des Jeux olympiques. Le marcheur Mathieu Bilodeau sait que les Jeux de Tokyo seront pour lui la dernière chance de participer à un 50 kilomètres olympique, car cette distance disparaîtra aux Jeux de Paris en 2024 pour être remplacée par une compétition par équipe mixte.

Pour sa part, François Létourneau, Olympien à Atlanta (1996) en canoë biplace d’eau vive, ne verra pas cette épreuve disputée dans la capitale japonaise.

L’importance d’être un sport populaire

« C’est un peu décevant (que l’épreuve disparaisse), car la course de Rio avait été super intéressante à suivre », laisse tomber Bilodeau, qui était du 50 kilomètres au Brésil, où il avait dû abandonner. « Oui, c’est une longue épreuve et nous n’avons pas des cotes d’écoute (à la télé et en ligne). Par contre, ce qui est le fun dans cette course, c’est le dernier 15 kilomètres où l’issue de la course peut changer. »

Le marcheur ajoute que la rumeur de la disparition de la plus longue épreuve de l’athlétisme flottait dans l’air depuis déjà un moment. Il juge que le marketing pour populariser cette discipline a été mal fait, s’il compare avec le travail qui est fait pour les triathlons de distance Ironman. Ces épreuves suscitent un intérêt, même si elles se déroulent sur une durée de huit heures, un peu comme les courses de cyclisme sur route de plusieurs heures.

« Les gens ne savent pas à quelle vitesse nous marchons », ajoute celui qui s’entraînait à l’occasion dans les longs corridors souterrains de l’Université Laval avant la période du couvre-feu. « Les gens rient et se demandent ce que je fais, mais quand je marche à côté de gens qui courent, leur visage change. »

Une parité nécessaire

La disparition du C-2 masculin en eau vive aux Jeux de Tokyo s’explique par souci de parité. Auparavant, les hommes disputaient des courses d’eau vive en K-1, C-1 et C-2, alors que les femmes étaient limitées au K-1.

« Je comprends le choix politique d’enlever une épreuve, mais je trouve ça plate, car c’est le plus beau spectacle : deux gars qui pagaient en synchro et qui passent dans des portes », croit François Létourneau, qui avait fait équipe avec Benoit Gauthier à Atlanta en 1996.

Ce qui le peine davantage est l’arrivée imminente du slalom extrême en kayak, une course en eau vive à quatre qui s’apparente au ski cross et au snowboard cross, et qui remplacera une épreuve féminine et masculine de canoë-kayak de vitesse.

« La compétition devrait représenter la pratique d’un sport. Personne ne va descendre des rapides pour aller jouer du coude avec ses amis. Ce n’est pas ça le kayak. Ce sera très spectaculaire, mais c’est un peu clown. Le slalom, c’est un sport de finesse et de précision et là, on amène l’aspect jouer du coude. Personnellement, c’est du n’importe quoi. »

Le jeune cinquantenaire sait qu’il sonne « vieux jeu » dans ses propos, mais d’un autre côté, il est aussi bien placé pour savoir ce qui intéresse les jeunes, lui qui est enseignant et moniteur de ski de fond du programme sport-études non compétitif de l’école secondaire Augustin-Norbert Morin à Sainte-Adèle. Ce qu’il constate, c’est que ses jeunes aiment les choses spectaculaires et l’aventure.

L’enseignant reconnaît que la beauté des gestes techniques des athlètes qui domptent des rapides en zigzagant entre des portes n’est pas facilement appréciable aux yeux du grand public, contrairement à une épreuve où quatre kayakistes s’affrontent en même temps sur un parcours où le premier arrivé en bas l’emporte.

« Le slalom extrême en kayak, ce n’est pas ça le kayak. Ils ont créé ça pour faire le spectacle. »

La suite mercredi : Plus vite, plus haut, plus fort… et plus jeune

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