Une survie qui passe par une cure minceur
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Montréal, 10 juin 2020 (Sportcom) – « Si tu ne t’occupes pas de la politique, la politique va s’occuper de toi », dit le dicton. Sportcom a tâté le pouls d’athlètes québécois, retraités ou actifs, qui ont une voix à différents conseils d’administration ou commissions d’athlètes d’organisations sportives sur la scène nationale.
Philippe Marquis est de ceux-là. En entrevue téléphonique la semaine dernière, l’ancien bosseur était sur la route et avait un peu moins d’une dizaine d’heures à rouler avant d’arriver à sa destination finale : Vail, au Colorado, où il est entraîneur de ski acrobatique.
Ce retour à la montagne faisait du bien à celui qui a passé beaucoup de temps en téléconférence à titre de membre de la Commission des athlètes au Comité olympique canadien (COC). Marquis avait pris part aux discussions lorsque l’organisme a annoncé qu’il ne délèguerait pas d’athlètes canadiens aux Jeux olympiques de Tokyo s’ils étaient présentés aux dates prévues. Quelques jours plus tard après l’annonce, le Comité international olympique repoussait les Jeux d’un an.
Lorsqu’il s’est engagé, Marquis voulait que les athlètes aient une voix et c’est avec fierté qu’il revient sur les négociations survenues au début du confinement.
« Nous (les athlètes) avons été unanimes et c’est un des plus gros impacts que nous avons eus depuis que je suis là. La décision a été prise par le COC, mais elle a été bonifiée par notre point de vue qui a été bien reçu. […] Je trouve que ça ouvre la porte à une nouvelle ère de la participation des athlètes qui va plus loin que strictement la performance sportive. Je suis content de faire partie de ce groupe-là ! »
Des bâtons dans les roues
La représentation des athlètes dans les hautes instances du sport permet d’exposer certaines réalités. La double médaillée olympique en haltérophilie Christine Girard en sait quelque chose, alors qu’elle relate un événement qui démontre que la gestion de sa fédération nationale était à des années-lumière de l’intérêt des sportifs.
Dans sa préparation des Jeux de Londres (2012), Girard avait été invitée à participer à l’épreuve préparatoire sur le futur site olympique, toutes dépenses payées, mais sa fédération ne l’avait pas informée de cette invitation.
« Sans même m’en parler, les directeurs de ma fédération avaient refusé l’invitation. Grâce à un contact personnel qui travaillait sur la scène internationale, j’ai été invitée à une semaine de préavis. J’étais en voyage de noces au Maroc lorsque j’ai appris que je devais donner ma réponse le lendemain ! J’ai pu y participer et cet événement a été très formateur pour moi dans ma préparation olympique », se souvient l’haltérophile, qui, après avoir reçu le bronze à Londres, sera finalement médaillée d’or après la disqualification pour dopage de celles qui l’avaient devancée.
Girard a aussi été médaillée de bronze aux Jeux de Pékin dans des circonstances similaires. Pas pour rien que le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES) l’ait approchée pour qu’elle se joigne à son conseil d’administration.
« Ils voulaient la vision et la perspective de l’athlète à leur C.A. et cela m’a tout de suite interpellée. C’est un domaine où mon histoire peut aider. En fait, c’était tout naturel pour moi », mentionne la mère de trois jeunes enfants qui ajoute avoir été fortement marquée par son ancienne coéquipière de l’équipe nationale, Maryse Turcotte.
« Maryse a été la pionnière : première Canadienne à participer aux Jeux olympiques en haltérophilie et elle nous a montré le chemin. »
De la piscine au cabinet
Sa carrière internationale en natation terminée, Sandrine Mainville est avocate depuis mars dernier au cabinet montréalais de Borden Ladner Gervais. Elle a fait son entrée au C.A. du Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CRDSC) il y a un an en compagnie du nouveau retraité du ski de fond Alex Harvey, étudiant en droit.
« J’ai été agréablement surprise qu’ils soient intéressés à mon opinion. Souvent, on pense qu’un C.A. regroupe des personnes du milieu des affaires et qui sont bien établies dans le milieu. Mais quand on y pense, c’est logique de faire la place aux athlètes. On peut se servir de notre expérience d’une autre façon. C’est vraiment intéressant et c’est ce que je recherchais depuis que j’ai pris ma retraite : transmettre ce que j’ai appris dans un autre créneau. »
Le coureur Charles Philibert-Thiboutot n’a pas attendu la retraite avant de s’engager au conseil d’administration d’Athlétisme Canada. Il y siège depuis 2018 et il vient de renouveler un mandat de deux ans.
« La plupart des fédérations veulent des athlètes à leur C.A. Certaines préfèrent des athlètes retraités pour éviter des conflits d’intérêts, mais ce n’est pas quelque chose qui aide à avoir une représentation fiable. La nouvelle tendance qui est recommandée par AthlètesCan (NDLR L’organisme qui représente les athlètes canadiens, tous sports confondus), c’est essayer d’avoir des athlètes actifs aux C.A. »
Si c’était à refaire, Sandrine Mainville aurait plongé plus tôt dans son engagement, même si elle ne se sentait pas pleinement outillée à ses débuts.
« (Après ma retraite), je me suis ouvert les yeux à propos de tout ce qui existait à l’extérieur du sport et j’ai voulu commencer à plus m’impliquer. Lorsque j’étais athlète, tout ce qui était important, c’était d’aller à l’école et m’entraîner, explique Mainville. Mais avec le recul, je crois que ça peut se faire quand même dans un cycle olympique et ça peut ouvrir une porte. S’investir quelques années avant sa retraite, ça peut être une bonne façon de planifier la suite. »
Pour une voix du Québec plus forte
Avant même qu’on lui pose la question, Philippe Marquis se désole du faible nombre d’athlètes québécois (2) qui sont membres de la Commission des athlètes du COC. « J’ai été le seul pendant un moment et j’ai approché Hugues (Fournel) pour un des deux postes vacants. Il communique bien, il a une belle intelligence et une bonne compréhension du système sportif. C’était super de le recruter, mais il n’y a pas beaucoup de Québécois et ce sont souvent les mêmes personnes qui reviennent », reconnaît celui qui est à la moitié de son mandat de quatre ans.
Au COC, le Québec est toutefois mieux représenté au conseil d’administration avec 20% des sièges, soit quatre personnes sur un total de vingt.
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