18 Déc - 2024 | par Luc Turgeon

Rugby en fauteuil roulant

Le précieux legs de l’entraîneur-chef Patrick Côté

Nouvelle

Photo: Comité paralympique canadien

Montréal, 18 décembre 2024 (Sportcom) – Quand l’équipe canadienne de rugby en fauteuil roulant a joué son dernier match aux Jeux paralympiques de Paris, Patrick Côté ignorait qu’il allait quitter son poste d’entraîneur-chef. Il a annoncé son départ quelques semaines plus tard, fin prêt à relever de nouveaux défis.

Patrick Côté aura été impliqué avec le programme national durant 16 ans, dont les huit dernières années à titre d’entraîneur-chef. Il travaillera désormais comme responsable du développement des entraîneurs chez Parasports Québec.

D’abord gestionnaire d’équipe, puis des programmes techniques, le Québécois a été nommé à la barre de la formation en novembre 2016. C’était le début d’un nouveau cycle paralympique, mais aussi d’une nouvelle ère pour l’équipe canadienne.

« Patrick a instauré une culture d’équipe très forte, unique au monde, grâce à laquelle on est une famille et on se soutient les uns les autres, mentionne Anthony Létourneau, seul joueur québécois présent aux Jeux paralympiques de Paris. Une culture qui se veut inclusive où tout le monde pousse dans la même direction. »

Sous sa gouverne, le Canada a décroché des médailles d’argent aux Jeux parapanaméricains de Lima et de Santiago, comme à la Coupe internationale de rugby en fauteuil roulant de 2023. Sans oublier les cinquième et sixième places paralympiques, à Tokyo et à Paris. Le tout, dans une période où le rugby en fauteuil roulant n’a jamais cessé de progresser sur la scène internationale.

« Les équipes se sont professionnalisées, elles ont toutes amélioré leur recrutement et leur développement », explique Patrick Côté.

La parité est de plus en plus forte dans les tournois internationaux et l’issue des matchs est de moins en moins prévisible. Dans ces circonstances, la formation canadienne a dû apprendre à tirer de l’arrière et à tourner la page après chaque rencontre, les défaites comme les victoires. Patrick Côté s’est retrouvé au cœur de ce processus.

« Avant, on pouvait rentrer dans une compétition, encercler un match particulier et mettre tous nos œufs dans le même panier avec une approche très spécifique. Là, il faut préparer chaque partie en y accordant la même importance. »

Si les trois nations médaillées étaient presque déterminées d’avance aux Jeux paralympiques de 2012, cet été, à Paris, la troupe de Patrick Côté faisait partie des sept formations à légitimement pouvoir aspirer aux grands honneurs. Du jamais vu dans l’histoire du rugby en fauteuil roulant.

« L’équipe vivait bien avec ce développement. Notre problème a été de jouer les gros matchs sans lendemain. On battait les meilleures équipes de façon régulière dans plusieurs tournois, mais dans les événements d’envergure, on avait du mal à avoir le dessus », raconte l’entraîneur.

Par ses connaissances en basketball, Patrick Côté a su réinventer le style de jeu de l’équipe canadienne en y incorporant de nouvelles stratégies et façons de faire. Que ce soit par la défense des écrans ou par une attaque plus dynamique, il a apporté sa touche personnelle au jeu canadien. Au final, ce sont les joueurs qui ont primé tout au long de son mandat.

Sa propre culture

Comme il n’avait jamais pratiqué le sport, Patrick Côté s’est questionné lorsqu’on lui a proposé le poste d’entraîneur-chef, en 2016.

« Ça va me prendre un bon assistant ! » avait-il répondu à l’époque. Une réplique qui cadre parfaitement avec son approche des huit dernières années, où il s’est placé en « facilitateur de discussion » auprès du personnel et des athlètes. En véritable leader, autrement dit.

« J’ai toujours voulu y aller en me disant “je ne sais pas ce que je ne sais pas’’, mais ensemble, avec toutes nos expériences, on a probablement la réponse. Je ne voulais pas imposer ma vision et on a inclus les joueurs dans la prise de décision. S’ils n’achètent pas ce qu’on leur propose, on ne va pas continuer de presser le citron. On leur demande : “vous, comment vous voyez ça sur le terrain?’’. On cherchait toujours de nouvelles solutions pour s’améliorer », ajoute Côté.

Ses talents de communicateur ont vite été soulevés par Anthony Létourneau, qui a rejoint l’équipe nationale pratiquement au même moment où Patrick Côté devenait entraîneur-chef.

« Il apportait une perspective qu’on n’a pas en tant que joueur et réussissait à identifier les points importants, mais surtout, à nous les communiquer de façon à ce qu’on les comprenne facilement, insiste Létourneau. C’est un grand rassembleur, un coach qui allait parler aux joueurs de manière individuelle, peu importe s’il est là depuis 20 ans ou si c’est un nouveau. Il aime connaître le point de vue de chacun. »

« J’ai voulu remettre l’athlète dans le siège du conducteur, au centre de toutes les décisions. J’ai toujours voulu être ce type d’entraîneur, je ne suis pas un gars de résultat absolu. Ce qui m’importe le plus, c’est le développement et le bien-être des individus et j’en ai toujours tiré beaucoup de fierté. »

– Patrick Côté

Au-delà des victoires et des médailles, les moments les plus marquants sont d’ailleurs survenus à l’extérieur du terrain, entouré de ses collègues et amis.

Céder sa place avec l’équipe nationale n’a pas été un choix facile. Père d’un garçon de 7 ans, Patrick Côté estime qu’un cumul de nombreux éléments l’a mené à cette décision et à se dire qu’« il est peut-être temps de passer à autre chose, pour le moment. »

« C’est une réalité du sport paralympique, mais le bassin évolue plus lentement et je pense qu’on arrive à un point où une nouvelle voie et un nouveau message pourraient être bons pour le groupe. »

Son successeur n’a toujours pas été annoncé par la fédération canadienne. À en croire Anthony Létourneau, un changement de dynamique est à prévoir, mais la personne choisie héritera d’une culture forte et positive grâce à Patrick Côté. Le genre de culture qui, heureusement, résiste au temps.

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