Valérie Maltais et les vertus du processus
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Athlétisme – Triple saut
Montréal, 7 juillet 2020 (Sportcom) – Le 3 juin 1989, le Québécois Edrick Floréal réalise son record personnel au triple saut : 17,29 mètres lors d’une rencontre d’athlétisme disputée à Provo, en Utah. Plus 30 ans ont passé et cette marque est toujours le record canadien de la discipline.
Si l’altitude de l’Utah a joué en faveur du sauteur, il y a aussi la rancœur qui lui a permis de sauter plus loin.
« J’avais fait le saut en longueur le vendredi et j’avais fini cinquième ou sixième, alors que je pensais gagner. J’étais donc fâché et je me suis repris au triple saut le lendemain », explique en riant l’Olympien des Jeux de Séoul en triple saut et de Barcelone en saut en longueur.
L’ancien sauteur devenu entraîneur réputé roule sa bosse depuis plusieurs années dans le circuit universitaire américain. Il a notamment œuvré à Georgia Tech, Kentucky, Stanford et aujourd’hui au Texas, en plus d’être entraîneur de l’équipe américaine à différents Championnats du monde. Sa protégée Kori Carter a d’ailleurs été sacrée championne du monde au 400 m haies des mondiaux de Londres en 2017.
Pouvait-il se douter qu’il serait encore détenteur du record canadien à l’âge de 53 ans ?
« J’aurais peut-être pensé que le record tiendrait 10-15 ans, mais pas plus de 30 ans ! » rigole celui qui est aussi détenteur du record canadien du saut en longueur (8,20 mètres), réalisé à Sherbrooke en 1991.
Un mélange de puissance et d’élégance
Patrick Hanna est quadruple champion canadien en titre au triple saut. Aux Championnats nationaux disputés l’an dernier à Montréal, il s’est imposé avec une marque de 15,46 mètres. Son record personnel est de 15,70 mètres. La marque de Floréal pourrait donc tenir encore un bon moment.
À un an des Jeux olympiques de Tokyo, l’étudiant en médecine à l’Université de Sherbrooke est conscient que ses chances de qualifications pour le Japon sont minces.
« Ce serait ambitieux de penser que c’est faisable, car il faudrait que je progresse de 1 mètre de plus de ce que je fais maintenant », avance Hanna, dont le meilleur classement mondial tourne autour de la 115e place.
Cela n’enlève toutefois rien au plaisir qu’il éprouve à pratiquer cette discipline où l’on doit défier la gravité le plus longtemps possible.
« C’est tellement difficile d’exécuter un triple saut, peu importe le niveau. Les facteurs qui rendent un saut bon ou mauvais sont innombrables et chacun des trois sauts a ses particularités techniques. »
Edrick Floréal rappelle qu’à une certaine époque, les Britanniques qualifiaient la discipline de Power Ballet.
« C’est difficile si tu ne l’exécutes pas bien. Mais si tu le fais correctement, c’est vraiment fluide quand tu le regardes. Au saut à la perche, tu as la perche, mais au triple saut, tu es seul pour demeurer dans les airs. Il faut un bon timing et beaucoup de puissance, car si tu manques un saut, tu peux te blesser gravement. »
Une discipline en péril ?
Tout comme le 200 mètres, le 3000 mètres steeple et le lancer du disque, le triple saut a été exclu du noyau des 24 épreuves (12 féminines et 12 masculines) des rencontres de la Diamond League prévues en 2020. La raison invoquée était de condenser les rencontres en 90 minutes, un format plus avantageux pour la télédiffusion.
« La santé du triple saut est très bonne, mais c’est la Diamond League qui coupe dans les épreuves parce que les rencontres sont trop longues. Ils ont le choix entre le saut en longueur et le triple saut et le saut en longueur est plus facile (à comprendre) pour les spectateurs. Tout le monde n’apprécie pas le triple saut », pense Floréal.
Patrick Hanna se désole de la situation.
« C’est une épreuve spectaculaire et qui est parmi les plus suivies en athlétisme, surtout dernièrement, car plusieurs athlètes ont frôlé les 18 mètres. Je trouve ça dommage de voir que World Athletics (Fédération internationale d’athlétisme) commence à discriminer les épreuves. Au final, la beauté de l’athlétisme, c’est que c’est un sport qui regroupe une variété d’athlètes. Chaque épreuve a sa beauté. »
La suite
À l’exception des Impossible Games qui ont été présentés à Oslo le mois dernier, la planète de l’athlétisme continuera de tourner au ralenti cette année, même si certaines compétitions sont encore prévues à l’horaire.
La pandémie n’aura pas eu un grand impact pour Patrick Hanna, lui qui s’est blessé en mars dernier et qui vient de terminer sa première année de résidence en médecine.
« Quand tout a été annulé, j’étais déjà à l’extérieur de la piste à cause de ma blessure. J’ai pu prendre plus de temps pour récupérer, mais honnêtement, avec le recul, je ne pense pas que j’aurais été au top de ma forme si les sélections canadiennes avaient eu lieu comme prévu », indique le porte-couleurs du Vert & Or de l’Université de Sherbrooke.
Quant à Edrick Floréal, il sera lui aussi de retour sur la scène universitaire, mais aux États-Unis, à titre d’entraîneur alors qu’il entamera sa troisième année à la tête de l’équipe d’athlétisme des Longhorns de l’Université du Texas.
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