Léandre Bouchard boucle sa saison sur une bonne note
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Montréal, 3 juillet 2020 (Sportcom) – Trois médaillées olympiques qui ont toutes occupé le même poste important : celui de cheffe de mission de l’équipe olympique canadienne. Sylvie Bernier (Pékin 2008), Nathalie Lambert (Vancouver 2010) et Isabelle Charest (Pyeongchang 2018) ont été ambassadrices, confidentes, mais aussi paratonnerres de leur formation pendant les Jeux. C’est avec un plaisir bien senti que les Olympiennes ont partagé leur expérience à propos de ce rôle peu connu, mais capital les athlètes canadiens en action aux Jeux.
Un retour aux sources
Une vingtaine d’années après son départ des tremplins internationaux, Sylvie Bernier est revenue dans le giron olympique en 2006, aux Jeux de Turin, à titre d’adjointe au chef de mission Shane Pearsall, dernier non-Olympien à avoir occupé ce poste.
« À cette époque, on a commencé à faire une plus grande place aux Olympiens, car ce poste était souvent occupé par des administrateurs sportifs », explique l’ancienne plongeuse, qui rappelle que l’ex-skieur alpin Ken Read avait été chef de mission à Barcelone, en 1992.
« Un athlète sait que nous aussi on est passés à travers ce parcours et que l’on comprend tout ce qu’il y a derrière une participation à des Jeux olympiques. »
Isabelle Charest se souvient peu des chefs de mission de ses trois participations aux Jeux comme athlète. « Ce rôle n’était pas aussi marqué ou aussi présent qu’aujourd’hui. En fait, je ne me souviens même pas qui était chef de mission en 1994 et 1998. Mais en 2002, on s’en souvient à cause du scandale Salé-Pelletier (de corruption de juges) en patinage artistique. »
Pour sa part, Nathalie Lambert croit que les anciens athlètes qui occupent ce poste sont un peu plus épargnés par la critique qu’un administrateur, car ils ont l’expérience du sport de haut niveau. À Vancouver, la pression était énorme sur l’équipe canadienne qui devait remporter au moins une médaille d’or après avoir été blanchie aux deux autres éditions présentées en sol canadien, soit à Montréal en 1976 et à Calgary en 1988.
« Nous avions hâte d’effacer ça et tant que la première médaille d’or n’était pas gagnée, il y avait de la pression sur les athlètes favoris comme Alexandre Bilodeau et Jennifer Heil qui étaient parmi les premiers à pouvoir gagner une médaille d’or. Quand la première a été gagnée (par Bilodeau), c’était un beau moment et ç’a enlevé beaucoup de pression sur les épaules des athlètes. »
Le Canada terminera ces Jeux avec un record du plus grand nombre de médailles d’or, soit 14.
« Des Jeux présentés dans ton pays, ça vient avec une tâche accrue, une pression supplémentaire, mais aussi plus de plaisir, car c’est partagé avec les Canadiens. Ç’a été un privilège unique et j’ai été très chanceuse ! » avance celle qui est aujourd’hui directrice des programmes sportifs et des communications au Club sportif MAA.
Des montagnes russes d’émotions
Un travail réparti sur plusieurs mois nécessitant plusieurs déplacements, des journées de travail de 20 heures en période de pointe, et ce, pendant 17 jours consécutifs, le tout fait de façon bénévole. Voilà ce que l’on pourrait retrouver dans la description de tâches d’une cheffe de mission.
On le devine rapidement, les personnes qui occupent ce poste ne le font pas pour l’argent. Mais pour quelles raisons alors ?
Les trois anciennes cheffes sont unanimes : pour vivre des montagnes russes d’émotions pendant deux semaines. Sylvie Bernier, Isabelle Charest et Nathalie Lambert ont toutes connu l’adrénaline de remporter une médaille olympique, mais celle qu’elles ont ressentie à titre de cheffe de mission ne se compare pas.
« On passe par toutes les gammes des émotions dans une journée. Ce sont de gros rushs d’adrénaline et c’est drainant de passer d’une superbe performance à une grosse déception. Les athlètes sont dans leur bulle et ils ne veulent pas être dans une gamme d’émotion, mais comme cheffe de mission, on y va à fond là-dedans », explique Isabelle Charest.
Sylvie Bernier a vu son rôle être davantage comme celui d’une mère de famille. Lorsqu’elle parle de soutien aux athlètes, elle n’a pas que la performance sportive en tête.
« Derrière une façade d’un calme olympien, les athlètes ont une grande vulnérabilité. On la découvre et on la vit dans un village olympique. Notre rôle est d’être là pour ceux qui sont dans la grande peine parce que ceux qui vivent de grandes joies, il y a des milliers de personnes autour d’eux », croit celle qui a aussi été adjointe de Mark Tewksbury aux Jeux de Londres. « On est là dans la technique pour s’assurer que tout fonctionne bien, mais on est aussi là dans l’humain. »
« Tout se joue dans le regard, dans la présence, poursuit-elle. Être là pour la personne, lui tenir la main et même si on ne se connaît pas tant que ça, on n’a pas besoin de parler. On comprend leur détresse, on comprend leur peine et aussi leurs grandes joies. […] J’ai gagné à Los Angeles, mais j’en ai perdu des dizaines de compétitions où je suis revenue en pleurs. Dans une journée, on peut pleurer de joie dix fois et pleurer de peine dix fois! »
Lorsqu’elle était athlète, Nathalie Lambert a eu l’impression de subir les Jeux. Son séjour à Vancouver a été bien différent.
« Comme athlète, tu ne vis pas les Jeux, tu les subis parce que tu es tellement stressée, surtout quand tu es censée gagner. Tu es dans une bulle et ça va trop vite, même si tu essaies de tout contrôler. (Être chef de mission), c’était encore plus d’adrénaline. Quand tu as déjà gagné une médaille, tu es capable de vivre des émotions par personnes interposées, alors le rush d’adrénaline, je l’ai eu tous les jours. Vivre autant d’émotions pendant 17 jours, tu ne vis pas ça comme athlète. C’est un super trip ! »
À fond de train
En entrevue, Nathalie Lambert mentionne qu’à chaque journée des Jeux de 2010, elle avait l’impression de se sentir comme une ministre alors qu’elle enchaînait les entrevues et les présences aux différents sites de compétitions.
Son ancienne coéquipière de l’équipe nationale de patinage de vitesse courte piste Isabelle Charest est bien placée pour confirmer cette affirmation, elle qui est aujourd’hui ministre déléguée à l’Éducation et responsable de la Condition féminine au gouvernement du Québec.
« C’est une bonne comparaison et lorsque je suis arrivée en politique, avec mes fonctions, je n’étais pas surprise, car ça se ressemble énormément. […] Peut-être que c’est ce qui a fait que j’ai fait un parcours en politique après », analyse celle qui s’est présentée aux élections québécoises quelques mois après les Jeux de Pyeongchang.
« Ça m’a donné beaucoup d’expérience. C’est un rôle qui est excessivement politisé et travailler avec les autres délégations, c’est de la diplomatie. Ça m’a amenée vers quelque chose et je ne regrette pas du tout cette expérience. »
Pour les athlètes actuels ou nouvellement retraités qui pourraient être intéressés à un jour vivre l’expérience de chef de mission, Sylvie Bernier les encourage fortement à faire le saut.
« Il faut vivre ça ! À chaque fois que je rencontre un athlète, je lui dis de retourner et de redonner dans le mouvement (olympique). J’y suis retournée 20 ans plus tard. On revient avec un regard et un recul différent. Au-delà de l’athlète, c’est l’humain qui me fascine encore. Tu es vraiment là pour redonner et je ne prenais pas ce rôle comme une performance. Si tu y vas avec ton cœur, tu ne peux pas te tromper. »
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