18 Nov - 2022 | par Luc Turgeon

Patinage artistique

Un pressentiment qui se concrétise

Nouvelle

Deux patineurs en action sur la patinoire.

Photo: ISU Skating

Montréal, 18 novembre 2022 (Sportcom) – Lorsque Maxime Deschamps a patiné pour la première fois aux côtés de Deanna Stellato-Dudek en 2019, tout s’est mis en place d’un seul coup. La cohésion y était, l’énergie et les objectifs concordaient également. Trois ans plus tard, ils forment un des couples de l’heure sur le circuit des Grands Prix.

Dénicher la partenaire idéale est loin d’être chose facile en patinage artistique. L’impression immédiate d’avoir trouvé la bonne personne a saisi Deschamps, en compagnie d’une patineuse au parcours atypique.

Deanna Stellato-Dudek revient de loin. Médaillée d’argent en simple aux Championnats du monde juniors de l’an 2000, un brillant avenir lui était prédit. C’était avant que diverses blessures la poussent vers la retraite, l’année suivante. La patineuse de Chicago en est ressortie en 2016, toujours passionnée, déterminée à achever une histoire qu’elle jugeait incomplète.

Quelques années après avoir fait équipe avec l’Américain Nathan Bartholomay, Stellato-Dudek a dû se remettre à la recherche d’un partenaire. L’entraîneur Bruno Marcotte, qui supervisait Deschamps à l’époque, a organisé un essai à Montréal. Une seule séance a suffi pour marquer le début d’une grande aventure.

« On a patiné ensemble et c’était facile, ç’a cliqué tout de suite, se remémore Maxime Deschamps. C’est très difficile de trouver LA bonne partenaire. Il ne suffit pas de bien s’entendre. Il faut avoir les capacités physiques et les aptitudes, les mêmes objectifs, les corps doivent bien aller ensemble pour faire de belles lignes. C’est tellement beaucoup, quand on l’a, on dit merci ! »

Pandémie et changement d’équipe nationale ont forcé les deux athlètes à patienter en vue des compétitions internationales. Cet automne, le couple était prêt et a entamé sa saison au sommet du podium au Trophée Nebelhorn, à Oberstdorf, en Allemagne.

Ainsi, la toute première victoire internationale de Maxime Deschamps fut célébrée dans la même ville où Deanna Stellato-Dudek, 22 ans plus tôt, s’était classée deuxième aux mondiaux juniors.

« Ç’a vraiment été une surprise, on ne savait pas où on se situait [face aux autres couples]. On a vécu plein d’émotions et on a pris le temps d’en profiter, mais par la suite, c’était important pour nous de nous rasseoir et de nous rappeler nos objectifs pour ne pas nous emporter. »

Le duo a ensuite décroché l’argent à Skate America, premier Grand Prix du calendrier. À 39 ans, Deanna Stellato-Dudek est devenue l’athlète la plus âgée à monter sur un podium de Grand Prix. Un exploit répété deux semaines plus tard, en France, avec une première place.

« L’an passé, si vous m’aviez dit que j’allais gagner un Grand Prix, je n’aurais pas été certain ! » admet Deschamps en riant.

Ce début de saison flamboyant a permis à Stellato-Dudek et Deschamps d’assurer leur participation à la Finale des Grands Prix qui aura lieu en décembre, en Italie.

Gagner en confiance

Force est d’admettre que cette année, le portrait est affecté par l’absence des Russes et des Chinois sur la scène mondiale. Les représentants de ces deux pays ont occupé les cinq premières places en couple aux Jeux olympiques de Pékin.

Maxime Deschamps le sait pertinemment. Il souligne tout de même que la situation n’enlève rien à leur progression, qui ne démontre d’ailleurs aucun signe de ralentissement.

« Il manque des athlètes et ça laisse de belles opportunités, mais ça ne nous importe peu. Notre but est de nous améliorer chaque fois et quand ils vont revenir, on va être en mesure de compétitionner avec eux, partage Deschamps. On s’en va toujours en compétition contre nous-mêmes. À la fin de la journée, on est seuls sur la glace. Lorsque la porte ferme derrière nous, c’est seulement Deanna et moi. »

Cette confiance n’était pas aussi forte au début de la campagne. Les performances du couple surviennent après une première saison morte à plein régime. Avant, les restrictions liées à la pandémie et celles du changement d’équipe nationale pour Stellato-Dudek ont grandement limité l’entraînement.

Ils ont entrepris la saison sans avoir de repères. Maintenant, Deschamps et Stellato-Dudek constatent qu’ils se dirigent dans la bonne direction, donnant raison à leur pressentiment des premiers coups de patin.

Maxime Deschamps et Vanessa Grenier ont fait équipe de 2013 à 2016 (Photo: Patinage Canada).

« Je lui lève mon chapeau »

Partenaire de Deschamps entre 2013 et 2016, Vanessa Grenier connaît bien les difficultés liées à la quête d’un nouveau coéquipier. Après son partenariat avec Deschamps, Grenier n’a pas réussi à trouver une autre personne avec laquelle jumeler ses forces. Celle qui a entamé sa carrière à l’individuel a finalement décidé d’accrocher ses patins.

« Je ne trouvais personne du même niveau avec qui ça me tentait de continuer. C’est une question de chimie, de personnalités, mais aussi d’objectifs, précise la patineuse originaire de Sherbrooke. Il faut que tout fonctionne, parce que tu vas voir l’autre personne chaque jour, tu vas vivre de belles et de moins belles émotions avec elle. »

De son côté, Maxime Deschamps a patiné aux côtés de l’Américaine Sydney Kolodziej, puis avec la Sud-Coréenne Kyu Eun Kim avant de rencontrer Stellato-Dudek. Un processus qui était toujours à recommencer, qui apporte constamment de nouveaux défis et qui en aurait découragé plusieurs. Vanessa Grenier n’était pas étonnée de voir Deschamps se retrousser les manches.

« Max est têtu, mais dans le bon sens ! Quand il a quelque chose en tête, il va travailler jusqu’à ce qu’il l’atteigne. Il a persévéré et ça porte enfin fruit. Je suis vraiment contente pour lui et je ne suis pas surprise qu’il soit rendu là. Je lui lève mon chapeau », partage Grenier.

Une combinaison gagnante qui sera à surveiller en Italie, du 8 au 11 décembre prochain.

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