20 Fév - 2024 | par Mathieu Laberge

Water-polo

Qualifiées par la porte arrière, les Canadiennes veulent saisir leur deuxième chance

Nouvelle

Facebook, Water Polo Canada

Montréal, 20 février 2024 (Sportcom) – Cinq jours plus tard, elles sont encore sous le choc. Vendredi dernier, l’équipe canadienne féminine de water-polo a perdu son match décisif pour sa qualification olympique. Quelques heures plus tard, celle de l’Afrique du Sud, déjà qualifiée pour les Jeux, annonçait qu’elle renonçait au tournoi olympique, ce qui a ouvert la porte aux Canadiennes.

Rencontrées mardi matin à leur lieu d’entraînement de l’Institut national du sport du Québec, Élyse Lemay-Lavoie et Axelle Crevier sont revenues sur ces dernières journées qui ont été une tempête d’émotions.

L’affrontement contre l’Italie aux Championnats du monde des sports aquatiques devait déterminer laquelle des deux formations obtiendrait le dernier laissez-passer pour les Jeux de Paris et les Italiennes l’ont finalement emporté 18-12.

La rumeur d’un forfait sud-africain pour Paris se faisait déjà entendre aux mondiaux de Doha, sauf que ce n’était qu’une rumeur. Une fois de retour à l’hôtel après la défaite, les poloïstes canadiennes ont été informées qu’elles devaient revenir à la piscine sans avoir droit à d’autres explications. Des représentantes de la fédération internationale (World Aquatics) et du comité organisateur des Jeux olympiques et paralympiques de Paris leur ont ensuite annoncé qu’elles avaient obtenu leur place pour Paris.

« Pendant ces six heures (entre la défaite et l’annonce de leur qualification olympique), nous avons eu plein d’émotions. Nous pensions que ça se finissait là-dessus et que nous n’avions pas réussi », raconte Lemay-Lavoie.

« Je pense que nous avons encore besoin d’un peu de temps pour digérer la nouvelle et nous remotiver pour Paris. Au final, nous sommes super contentes parce que c’est ce que nous voulions, mais reste que ce sont beaucoup d’émotions mélangées, c’est sûr. […] On pensait juste à l’après et pour plusieurs d’entre nous, c’était notre dernier match que nous venions de vivre. Le water-polo, c’est tout pour nous et le but ultime ce sont les Jeux olympiques, donc de penser que tout s’écroule cette journée-là, tu passes par tous les stades d’émotions. Je n’ai jamais vécu ça dans ma carrière ni dans ma vie », ajoute l’athlète de 29 ans.

Assise à ses côtés, sa coéquipière Axelle Crevier décrit la gamme de sentiments qui ressemble en tous points aux cinq phases du processus du deuil : déni, colère, marchandage, dépression et acceptation.

« C’est vraiment bizarre de passer à travers autant d’émotions, de déception, de frustration, d’acceptation, de deuil et finalement se faire dire : vous allez aux Jeux. Ce n’est pas le conte de fées que les sportifs voudraient avoir et c’est ce qui fait le plus mal. Ce n’est pas un success story d’une qualification. Personne ne veut se qualifier comme ça. […] Nous ne pouvions pas être heureuses et célébrer, car nous venions de perdre quelques heures avant. Tout le monde a vécu des émotions différentes. C’était bizarre. »

Déjà qualifiée pour Paris avant le début des mondiaux, l’Afrique du Sud a conclu le tournoi au 14e rang avec une fiche de 4 défaites, dont une de 24-2 contre le Canada, et 1 victoire. Quant aux Canadiennes, qui comptaient aussi dans leurs rangs les Québécoises Shae La Roche, Serena Browne et Clara Vulpisi, elles ont fini au huitième rang.

Des carrières qui se prolongent de quelques mois

Si l’équipe dirigée par l’entraîneur montréalais David Paradelo ne se qualifiait pas pour les Jeux olympiques, Axelle Crevier aurait alors immédiatement tiré un trait sur sa carrière sportive. Lemay-Lavoie aurait suivi peu de temps après.

« Je voyais Paris comme la fin pour moi. Ça va l’être encore », admet Crevier d’un rire gêné.

La poussière n’a pas fini de retomber pour les joueuses et si Crevier est contente de savoir qu’elle vivra ses deuxièmes Jeux, elle sait aussi que certains se questionneront à propos de la valeur de cette qualification obtenue à la suite du désistement d’un autre pays. Une équipe qui était certes moins forte, mais qui s’était qualifiée à titre de meilleure formation de son continent.

Élyse Lemay-Lavoie le croit, elle aussi, mais c’est la suite qui sera plus importante à ses yeux, surtout si elle et ses coéquipières veulent mieux gérer la pression qu’aux Championnats du monde.

« Se qualifier de cette façon-là, l’égo en prend un coup, mais c’est sûr qu’on le prend, peu importe ce qui arrive. Il arrive tout plein de trucs dans le sport et dès que tu tombes, il faut toujours remonter, se remotiver. On y croit tout le temps. Personne dans l’équipe ne va arrêter d’y croire. On a mérité nos vacances, on va se reposer un peu et retourner à l’entraînement pour travailler encore plus fort. »

Les Canadiennes sont pleinement conscientes qu’elles ont maintenant une deuxième chance comme on en a rarement dans une vie, que l’on soit athlète on non.

« Je vais essayer de le vivre comme ma dernière occasion et le dernier tournoi que je vais jouer. Ça, c’est très motivant pour moi. C’est plein d’émotions », explique Lemay-Lavoie, avant de marquer une pause et réaliser que sa carrière sportive sera derrière elle dans quelques mois.

« Je vais profiter de chaque moment. Souvent, on l’a échappée (la victoire) et elle nous a glissée entre les doigts. Là, ce sera de saisir le moment. »

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