18 Avr - 2023 | par Mathieu Laberge

Parabadminton

William Roussy à la porte du top-10 mondial du parabadminton

Nouvelle

Courtoisie

Montréal, 18 avril 2023 (Sportcom) – William Roussy a commencé à jouer au badminton à 6 ans, mais ce n’est qu’à 14 ans qu’il a fait ses débuts officiels en compétition de parabadminton. La raison est bien simple : il ignorait que ce sport avait une version pour les personnes en situation de handicap.

Rapidement, il a participé aux Championnats québécois et canadiens, pour ensuite enchaîner avec un tournoi au Pérou d’où il reviendra avec une médaille de bronze dans ses valises.

Cinq ans plus tard, il a encore faim pour briller sur les terrains internationaux et viser une première participation aux Jeux paralympiques.

Sport et stratégie adaptés

William Roussy joue dans la classe SL3 qui regroupe les athlètes ayant une légère limitation de mouvement d’un côté du corps, des deux jambes ou de l’absence d’un membre au-dessus du genou. En parabadminton, les matchs de cette catégorie se jouent sur la moitié de la largeur d’un terrain régulier.

Dans son cas, Roussy a des mouvements limités du côté gauche, tant à la jambe qu’au bras, en raison de sa paralysie cérébrale. Par la nature de son handicap, il est moins mobile dans ses déplacements du côté gauche, sauf qu’il s’entraîne de façon spécifique afin de combler cette lacune.

« Le premier au monde de ma catégorie a le même handicap que moi, mais de l’autre côté (du corps). Il se déplace d’une certaine façon, alors j’ai décidé de faire la même chose. Et je vois déjà des effets bénéfiques de ce changement dans mon jeu de jambes et mon positionnement sur le terrain. Je suis plus rapide qu’avant. »

Bien connaître le handicap de ses adversaires est donc primordial dans la préparation de match afin de déterminer quelles seront les meilleures façons d’en tirer parti.

« Quand les tirages des tableaux sont connus, je vais regarder les matchs de mes adversaires dans YouTube et je les analyse », poursuit le joueur.

Entre la Gaspésie et la planète

L’athlète de 19 ans était de retour chez lui à Maria, en Gaspésie, après avoir pris part à un tournoi à Sao Paulo la semaine dernière. C’est entre deux cours au Cégep de la Gaspésie / Îles-de-la-Madeleine de Carleton-sur-Mer que Sportcom l’a accroché pour une entrevue téléphonique. Roussy avait des sentiments partagés à propos de ses prestations en sol brésilien.

Dans le tableau de simple SL3, il a remis une fiche de 2 victoires et 1 défaite en ronde des poules. Ensuite, il a été défait 21-17 et 21-15 par le Péruvien Pedro Pablo de Vinatea au premier tour du tableau éliminatoire. Dans le passé, le Québécois avait déjà eu raison de cet adversaire à deux occasions, dont une fois en finale des Championnats panaméricains en novembre dernier.

« Ce sont toujours des matchs très serrés. J’aurais dû être un peu plus patient et j’ai fait des erreurs que je ne fais pas d’habitude pendant que lui, il n’en faisait aucune. C’était sa journée. Quand j’étais patient, c’était à ce moment que je gagnais des points », a reconnu l’étudiant en sciences humaines.

Sur une note plus positive, il retient son gain serré face à l’Anglais William Smith en trois manches de 21-23, 21-9 et 21-19.

En double masculin, alors qu’il faisait équipe avec Pascal Lapointe (SL4), Roussy et son coéquipier ont surtout retenu le fait d’avoir soutiré une manche dans leur revers de 21-13, 15-21 et 21-5 aux mains des Indiens Umesh Vikram Kuma et Abhijeet Sakhuja, dans le groupe D du tableau préliminaire.

Si les deux Québécois jouent ensemble en tournoi, les entraînements communs, eux, sont plus rares, car Roussy demeure en Gaspésie et Lapointe est à Montréal.

Cet éloignement des grands centres ne semble pas trop peser sur le jeune homme. En fait, résider dans un village d’un peu moins de 3 000 habitants comporte ses avantages et la communauté tient à soutenir son athlète. L’école primaire de Maria, qui est à deux minutes de chez lui, est son site d’entraînement.

« J’ai les clés du gymnase et je peux aller jouer quand je veux », explique celui qui s’entraîne sous la gouverne de Marc-André Boudreau une fois par semaine. Les autres séances, c’est avec son père Georges qu’il les fait afin de mettre en pratique les conseils prodigués par Boudreau.

Du côté des autres Québécois présents au Brésil, Pascal Lapointe s’est arrêté en ronde préliminaire du tableau des SL4.

Anthony Vibol Hay et Émilien Langelier ont connu le même sort en simple chez les SH6, de même qu’en double masculin où ils étaient jumelés.

Même scénario pour Vibol Hay en double mixte où il faisait équipe avec la Péruvienne Andrea Montoya Castañeda.

Une place aux Jeux paralympiques ?

Le parabadminton a fait son entrée aux Jeux paralympiques en 2021. La Manitobaine Olivia Meier était la seule représentante du pays à Tokyo. Reste maintenant à voir si les Canadiens seront plus nombreux à Paris l’année prochaine.

Roussy est actuellement 11e au classement mondial dans sa catégorie, ce qui lui permet d’avoir son laissez-passer pour les tournois de niveau 1 réservés au top-12 mondial et qui offrent des points plus généreux.

Son sort pour une place aux Jeux est maintenant entre ses mains et sera déterminé dans les mois à venir.

« Ce sera très dur ! Ils en prennent six (par catégorie), mais on peut avoir des rêves et peut-être les réaliser un jour. »

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Rédaction : Mathieu Laberge

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