15 Avr - 2024 | par Mathieu Laberge

Cyclisme sur route

Opéré à une artère iliaque, Nickolas Zukowsky est au repos forcé

Nouvelle

Photo: Facebook, Q36.5 Pro Cycling Team

Montréal, 15 avril 2024 (Sportcom) – Le printemps est difficile pour les cyclistes québécois masculins présents dans les pelotons du World Tour.

Hugo Houle (Israel – Premier Tech) a raté Paris-Roubaix en raison de symptômes d’une commotion cérébrale à la suite d’une chute subie au Tour des Flandres une semaine plus tôt. Son coéquipier Guillaume Boivin a enchaîné les chutes et les problèmes de santé. Quant au champion canadien Nickolas Zukowsky (Q36.5 Pro Cycling Team), il est le dernier à s’ajouter à la liste, lui qui s’est fait opérer pour traiter une endofibrose à l’artère iliaque droite, jeudi dernier, en France.

Ce problème de compression de l’artère qui limite l’afflux de sang au bas du corps n’est pas si rare chez les athlètes des sports d’endurance. Le fondeur Alex Harvey et les cyclistes Antoine Duchesne, Charles Dionne et Simone Boilard ont tous déjà subi cette chirurgie.

Boilard est la conjointe de Zukowsky et c’est d’ailleurs elle qui a été la première à lever un drapeau rouge après qu’il lui ait fait part de sensations désagréables en musculation et de sous-performance aux épreuves de contre-la-montre, où il avait l’habitude d’exceller. La mononucléose qu’a eue le cycliste l’automne dernier est aussi venue brouiller les cartes pour déterminer à un diagnostic précis.

« Si ce n’était pas de Simone, honnêtement, ç’aurait été possiblement beaucoup plus long avant que je pense que ce soit la cause de mes problèmes. C’est une condition un peu sournoise, car on peut associer les symptômes à un surentraînement, à un inconfort dû à l’effort ou des facteurs différents. C’est pour ça que ce n’est pas toujours évident à diagnostiquer », a précisé l’athlète de 25 ans à Sportcom, quelques jours avant de passer sous le bistouri.

Le cycliste originaire de Sainte-Lucie-des-Laurentides a enchaîné les abandons en ce début de saison, dont trois à ses six courses d’un jour.

« Cette année, ç’a vraiment été trop difficile et je savais qu’il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas. […] Tu fais tout bien : l’entraînement, la nutrition, la récupération. J’ai commencé la saison et je n’avais pas l’impression d’être un cycliste professionnel. Ce n’était pas super le fun », a-t-il laissé tomber, ajoutant que ses deux dernières courses à la mi-mars, le Grand Prix de Denain et la Bredene Koksijde Classic, étaient celles de trop.

« Ce sont de loin mes pires courses à vie et ç’a été un gros coup de masse sur le moral et la confiance. »

Au Tour de Valence, au début février, le Québécois raconte s’être fait larguer du peloton au point à ne plus être dans la caravane de course. Le soir même, il a appelé l’ancien cycliste Antoine Duchesne pour le questionner, lui qui avait été confronté à des problèmes de mononucléose et d’endofibrose iliaque. Le sportif retraité a partagé un maximum d’information avec Zukowsky, dont les coordonnées du chirurgien français qui l’avait opéré à la jambe gauche à l’époque où il roulait pour Groupama-FDJ.

C’est ce spécialiste qui a opéré le coureur de Q36.5 Pro Cycling Team à l’hôpital de Lyon, jeudi dernier.

« Au début, tu es capable de performer. Ce n’est pas une mononucléose, tu n’es pas malade ou avec une jambe cassée, explique Duchesne. J’ai fait le Tour des Flandres avec mon endofibrose et j’ai été capable de forcer, sauf que j’ai fini loin. C’est quand le débit sanguin monte à 100 % que la jambe est engourdie et que tu n’es plus capable (de forcer) en l’espace de deux ou trois minutes. »

Une jambe moins performante fait en sorte que le corps du cycliste trouve une façon de compenser, musculairement ou en changeant de position, ce qui a un effet domino sur tout le reste. Ajoutez à l’équation qu’un cycliste roule 30 000 kilomètres par année, les conséquences peuvent causer des effets secondaires à long terme.

« Ça m’a pris presque deux ans pour sentir que j’avais vraiment passé à travers tout ça. Il faut de la rigueur dans le suivi et la réadaptation. J’ai essayé de revenir trop rapidement (à la compétition), comme un peu tous les athlètes le font. […] J’ai fini par passer à travers, mais j’ai mis des centaines et des centaines d’heures de travail (de réadaptation) pour ne plus rien sentir », s’est remémoré Antoine Duchesne, à la retraite depuis 2022.

La feuille d’érable absente du peloton

Ne pas être en mesure de s’exprimer sportivement, c’est une chose. Ne pas être à la hauteur pour honorer son maillot de champion canadien qu’il porte, ça en est une autre. Cela pèse lourd sur les épaules et le moral, avoue Nickolas Zukowsky.

« Cette année, la seule chose que je voulais faire, c’était de le laisser dans ma garde-robe et être le plus incognito possible. C’est un feeling que je n’ai jamais ressenti et mentalement, ça m’a affecté. Tu continues d’aller au batte et de plus en plus, tu te fais taper sur la tête et tu sais presque déjà comment tu vas te sentir avant même d’avoir essayé. »

Maintenant que s’amorce la convalescence, le piège à éviter pour lui sera de ne pas précipiter son retour à la compétition comme l’a fait Duchesne. L’opération n’agira pas comme un coup de baguette magique et les exercices de physiothérapie seront indispensables à sa remise en forme. S’il suit les consignes à la lettre, Zukowsky sait qu’il pourra mettre enfin cet épisode derrière lui, comme l’ont démontré brillamment Simone Boilard et Antoine Duchesne.

« Je suis assez chanceux d’avoir beaucoup de gens dans mon entourage qui sont passés à travers la même opération », mentionne celui qui a porté le maillot de meilleur grimpeur au Tour de Suisse pendant deux étapes l’an dernier. « Je me suis fait un protocole assez conservateur et la dernière chose que je veux faire, c’est de revenir trop vite. L’espoir, c’est de revenir à la fin de la saison avec un bon deux mois de compétitions et de juste finir du bon pied. »

D’ici là, Nickolas Zukowsky se donne deux ou trois mois avant de remonter en selle et reprendre l’entraînement.

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