Emy Legault et Mathis Beaulieu frôlent le top-10 à Valence
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Instagram, Amélie Kretz
Montréal, 9 mai 2022 (Sportcom) – Décrocher le meilleur résultat olympique canadien féminin de l’histoire en triathlon, une 15e place, n’aura pas été suffisant pour qu’Amélie Kretz réintègre l’équipe nationale avec le précieux brevet de Sport Canada qui s’y rattache. Cela ne l’empêchera pas de prendre part à des étapes des Séries mondiales et des Coupes du monde, mais à ses frais. Encore une fois.
L’équipe canadienne 2022 annoncée il y a quelques semaines ne compte que deux membres : Joanna Brown et Tyler Mislawchuk, également présents à Tokyo, et qui ont tous les deux obtenu leur place grâce à un brevet d’exemption de blessure. Kretz est elle aussi blessée, sauf qu’elle n’y est pas admissible, car elle n’était pas pleinement brevetée l’an dernier, contrairement à ses deux compatriotes.
« Je suis encore à 100 % dans le triathlon courte distance jusqu’aux Jeux de Paris. Faut croire que ce que j’ai fait l’année passée, ce n’est pas assez pour eux (Triathlon Canada) », se désole-t-elle.
La double Olympienne rejoue donc dans le même mauvais film de l’an dernier lorsqu’elle était dans une course contre la montre pour assurer sa qualification pour Tokyo.
En août 2021, le directeur haute performance de Triathlon Canada, Eugene Liang, avait expliqué à Sportcom que son mandat était de former des athlètes qui montent sur les podiums des compétitions du plus haut niveau. Pour y arriver, il avait établi des critères très stricts. Trop stricts, aux yeux de son successeur, Patrick Kelly, qui est entré en poste au début de l’année.
En entrevue à Sportcom, Kelly explique qu’il a en effet les mains liées dans le dossier des critères de sélection de l’équipe nationale 2022 qui ont été mis en place par son prédécesseur, le comité haute performance de Triathlon Canada et Sport Canada.
« Nous pouvons faire de petits changements, mais les lignes directrices de Sport Canada sont très strictes », explique-t-il. Le dirigeant dit avoir demandé à Sport Canada de revoir le critère d’admission au brevet d’un top-8 aux Jeux olympiques à un top-16, ce qui s’est terminé par une fin de non-recevoir.
« J’ai confiance en notre nouveau directeur de la haute performance et je pense qu’il veut m’aider, mais malheureusement, ils sont pris avec les décisions qui avaient été prises par les gens avant, poursuit Kretz. Mais honnêtement, s’ils voulaient vraiment m’aider, ils pourraient par d’autres moyens que le carding, mais en ce moment, ce n’est pas le cas. »
Ironiquement, la 15e place de Kretz aux Jeux olympiques de Tokyo est aussi le même classement qu’a obtenu le Manitobain Tyler Mislawchuk à l’épreuve masculine, avant qu’il ne déclare forfait au relais mixte en raison d’une blessure à un tendon d’Achille.
« Lui il est complètement supporté et pas moi. C’est ça qui est un peu frustrant, mais bon, je commence à être habituée pas mal », laisse tomber la Blainvilloise avec un rire de découragement.
D’autres pistes de solution en vue
Patrick Kelly indique qu’il tente de trouver d’autres façons d’aider Kretz, autrement que par un brevet de Sport Canada.
« Je suis en contact avec elle, nous avons une bonne relation et on se parle régulièrement. Nous allons essayer de l’aider d’une autre façon afin qu’elle puisse recevoir une aide financière. Elle est une des meilleures femmes au Canada, je reconnais qu’elle a obtenu un beau résultat aux Jeux olympiques et je veux la soutenir le plus possible. »
L’administrateur ajoute qu’il travaille déjà à l’élaboration des critères de sélection de l’équipe nationale 2023 et qu’ils seront moins restrictifs pour l’ensemble des triathlètes canadiens.
« Les athlètes deviendront meilleurs s’ils font des courses au plus haut niveau, tant qu’ils sont compétitifs. On ne veut pas placer les jeunes athlètes pour qu’ils se fassent doubler. On veut qu’ils apprennent et gagnent de l’expérience et qu’ils deviennent plus forts. Je suis là pour défendre les athlètes. »
Place à la relève
La saison des Séries mondiales se mettra en branle la fin de semaine prochaine à Yokohama, au Japon. Kretz n’y sera pas en raison d’une fracture de stress au col d’un fémur survenue au début de l’année et qui l’a forcée à un repos de 12 semaines. Une blessure d’usure, mais aussi de l’accumulation du stress du printemps dernier selon celle qui a déjà son billet pour les Jeux du Commonwealth de Birmingham, prévus à la fin juillet.
« Ç’a été vraiment difficile pour mon corps et le stress émotionnel aussi. C’est un signal que j’avais besoin d’un repos et de faire un reset. C’est plate, mais cette blessure-là a permis à mon corps et à ma tête récupérer de toutes les émotions de l’année dernière », avance celle dont l’entraînement est supervisé par Alex Sereno.
« Je prends mon temps pour être sûre que je sois en santé. Quand je serai prête à courser, je choisirai mes courses à ce moment-là », avance celle qui est convaincue qu’elle sera au départ des épreuves montréalaises des Séries mondiales, du 24 au 26 juin.
La relève québécoise bien présente
Emy Legault (Île-Perrot) et Charles Paquet (Port-Cartier) seront tous les deux présents au Japon. Ceux-ci font partie du groupe des Québécois de l’équipe canadienne 2022 de la prochaine génération (NextGen), qui compte neuf membres, en compagnie de Léo Roy (Québec), Filip Mainville (Québec), Maïra Carreau (La Prairie) et Noémie Beaulieu (Québec).
Ces deux dernières ont d’ailleurs pris part à un camp préparatoire féminin organisé par Kretz, l’automne dernier, où elle a agi à titre de mentore. Un rôle qui était important à ses yeux, car elle a eu cette chance lorsqu’elle était plus jeune.
« Triathlon Québec et mon commanditaire Asics ont embarqué dans le projet et j’ai aussi pu remettre des bourses à des athlètes juniors. C’est vraiment cool de voir qu’on a une belle relève au Québec. C’est important pour moi, car le triathlon m’a beaucoup donné dans ma carrière à travers les années. […] Le triathlon est un sport extrêmement dispendieux et on perd beaucoup de femmes, de filles et de jeunes hommes à cet âge-là. C’est important pour moi de les aider un petit peu en espérant qu’ils restent un peu plus longtemps dans le sport. »
À défaut de recevoir son subside de Sport Canada, Kretz aura permis à deux jeunes athlètes de se sentir épaulées dans leur arrivée sur la scène mondiale.
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