19 Sep - 2024 | par Mathieu Laberge

Cyclisme sur route

Guillaume Boivin, le loyal équipier

Nouvelle

Photo: Israel - Premier Tech

Montréal, 19 septembre 2024 (Sportcom) – Lorsque Guillaume Boivin s’est joint à Israel – Premier Tech en 2016 (Cycling Academy Team à l’époque), la formation était une équipe de niveau continental. Huit ans plus tard, le Montréalais court encore pour la même équipe qui est désormais en division ProTeams, ce qui lui permet d’être régulièrement invitée dans les courses du circuit World Tour comme celles de Québec et Montréal.

Cette longue association entre le cycliste et son employeur se poursuivra l’an prochain comme il l’a officieusement annoncé Boivin à l’aube du récent Grand Prix de Québec. Un athlète qui passe près d’une décennie au sein de la même équipe n’est pas la norme dans le monde du cyclisme professionnel.

« Je ne pense pas que c’est nécessairement de la loyauté. C’est sûr que nous sommes très attachés l’un à l’autre et nous avons vécu de beaux moments ensemble, mais reste qu’à la fin, il faut performer et je pense que tant que je vais performer, je vais rester dans l’équipe », a soutenu le cycliste de 35 ans, dimanche dernier, tout juste avant de s’attaquer au parcours du Mont Royal.

Après un bref moment de réflexion, l’athlète révise son propos : « Oui, tu peux parler de loyauté dans le fond. J’espère… je vais sûrement finir ma carrière ici. »

Une deuxième chance

La carrière professionnelle de Guillaume Boivin s’est amorcée en 2010 avec l’équipe canadienne Spidertech. Après la dissolution de la formation, il a porté les couleurs de Cannondale en World Tour en 2013 et 2014, où il a côtoyé celui qui deviendrait plus tard triple champion du monde, le Slovaque Peter Sagan.

Puis, pas de recul en 2015 et c’est en Amérique du Nord, au sein de l’équipe américaine Optum p/b Kelly Benefit Strategies qu’il s’est retrouvé pendant une saison au terme de laquelle il n’avait plus de maillot. C’est à ce moment que l’homme d’affaires Sylvan Adams, qui était un des commanditaires chez Spidertech, l’a contacté pour qu’il se joigne à sa nouvelle équipe de niveau continental, Cycling Academy Team, qui en était à sa deuxième année d’existence.

« Guillaume n’avait pas d’équipe et sa carrière était en principe terminée. Tout le monde connaissait son potentiel, mais il n’avait pas de contrat. Sachant ça, on l’a amené chez nous et il était notre meilleur coureur dans le temps et le seul avec un salaire digne de la profession, a expliqué Adams. C’était une équipe continentale et les salaires étaient de 500 euros par mois, en principe, mais finalement, nous avons donné un vrai contrat à Guillaume et c’était vraiment le début de notre transformation. »

Un plombier sur deux roues

Parallèlement à son équipe qui a gravi les échelons, le double Olympien a ajouté de grandes courses à son palmarès, lui qui avait participé à deux éditions de la Vuelta chez Cannondale. Une fois chez Israel – Premier Tech, il a notamment pris part à quatre Tour de France, deux Giro d’Italie, en plus de 14 départs à des Monuments, dont l’édition 2021 de Paris-Roubaix, qui restera marquante pour plusieurs raisons.

Dans des conditions dantesques, Boivin avait longtemps roulé dans le groupe de tête avec entre autres Mathieu van der Poel et l’éventuel gagnant, Sonny Colbrelli, avant de chuter sur les pavés glissants à moins de 20 kilomètres de la fin. Le maillot de champion canadien couvert de boue, il avait été le neuvième à rallier l’arrivée au vieux vélodrome de Roubaix.

Une autre preuve que le Québécois était un dur au mal.

« Je pense qu’il est plus fort que jamais, sincèrement. Guillaume, c’est un ancien joueur de hockey, alors nous, les Québécois et les Canadiens, on est bâtis comme ça ! » a avancé son patron Adams.

Sans avoir entendu ces propos, Pierre-Étienne, le frère de Guillaume, a lui aussi fait une analogie avec le passé de hockeyeur de son frère qu’il compare à Martin St-Louis, du temps qu’il était joueur.

« C’était un fighter qui était prêt à aller dans les coins et faire la job sale pour faire avancer le collectif. Ç’a toujours été un peu notre marque de commerce. Nous avons joué au hockey tous les deux et nous avons toujours été persévérants et ce n’était pas une chute qui allait nous arrêter. C’est cette attitude-là qui lui permet de poursuivre au fil des années et à 35 ans, il continue d’être dans les plus grosses courses au monde », a raconté Pierre-Étienne avec fierté.

« Il avait la discipline pour se rendre loin. C’est une belle marque de persévérance et de résilience qu’il soit là, dans la même équipe, après 10 ans dans le monde du vélo qui n’est pas si facile que ça. »

Au hockey, on se risquerait à qualifier Guillaume Boivin de plombier : pas le plus talentueux, mais un joueur qui est reconnu pour sa fidélité, sa ténacité et son ardeur au travail.

Des qualités qui n’ont pas échappé aux yeux de Sylvan Adams.

« Guillaume est un bon coéquipier, il a un bon esprit et il fait partie de notre ADN. Il sera avec nous jusqu’à la fin de sa carrière. »

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