Béatrice Lamarche et Laurent Dubreuil médaillés au sprint par équipe
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Photo: Instagram, cendrinebrowne
Un athlète de haut niveau qui prend sa retraite n’a pas que des impacts sur sa propre personne. Sa famille est aussi touchée par ce changement de carrière. Portraits en deux textes de parents dont leur enfant olympien a pris sa retraite de la compétition au cours des derniers mois.
Montréal, 5 octobre 2022 (Sportcom) – Cendrine Browne a officiellement annoncé sa retraite du ski de fond de compétition le printemps dernier. Elle a toutefois les deux pieds encore bien ancrés dans son sport, alors qu’elle occupe le nouveau poste de coordonnatrice du soutien aux athlètes chez Ski de fond Québec, en plus de codiriger l’organisme Féminaction, qui favorise la participation des adolescentes dans ce sport, avec son ancienne coéquipière de l’équipe nationale, Laura Leclair.
Comment la mère de Cendrine a réagi à la retraite de sa fille ?
« Je pense que je suis dans la catégorie des parents qui vont vivre ça comme un soulagement. Pas de peur qu’elle se blesse, mais j’avais hâte qu’elle ait une vie plus normale. En fait, j’aurais été prête à ce qu’elle arrête il y a quatre ans (après les Jeux olympiques de Pyeongchang) », avoue en riant Julie Bruneau.
Cette dernière avait des réticences lorsque sa fille a démontré de l’intérêt envers la compétition et ce n’est que vers l’âge de 16 ans que Cendrine a commencé à enfiler un dossard de course. Quelques années plus tôt, ses enseignants d’éducation physique à l’école primaire avaient déjà constaté que la fillette était talentueuse. La passion, elle l’avait aussi en elle.
Le frein principal de Mme Bruneau envers la compétition sportive était qu’elle-même avait fait partie de l’équipe canadienne junior de ski de fond jusqu’à l’âge de 19 ans. Son expérience dans le haut niveau n’avait pas été des plus positives.
« Je me suis questionnée : si elle avait été une artiste, est-ce que je l’aurais arrêtée? Non. Il faut qu’elle s’exprime, alors si elle a ça dans le sang, je n’y peux rien. Elle essayait un sport et tout de suite, elle était la meilleure. […] Elle était là par passion et elle me disait : “ Maman, j’ai l’impression de voler sur mes skis ! ” Je n’avais pas le choix (de la laisser skier). »
On connaît la suite. Et malgré les nombreuses tensions survenues entre sa fille et Nordiq Canada, Julie Bruneau constate que malgré tout, l’expérience de Cendrine dans les hautes sphères sportives a été meilleure que la sienne, même si les moments difficiles ont été plus nombreux que les joyeux.
« Si vous saviez le nombre de fois que je lui ai remonté le moral parce que ça n’allait pas. Et ça fait mal au cœur quand c’est ton enfant. Comme parent, tu veux juste qu’il soit heureux. »
Si le voyage compétitif de Cendrine Browne a été positif, c’est en grande partie grâce à son entraîneur Louis Bouchard. Julie Bruneau en est convaincue.
« C’est quelqu’un de tellement humain ! Et c’est ça qui est important dans le fond. Il n’y en a pas eu de médaille, mais ce n’était pas ça qu’on visait. C’était l’accomplissement de soi. Comme parent, ce n’était pas autant inquiétant que ce que moi j’avais vécu, disons. »
Ne pas finir amère
Retour sur la nuit du 19 au 20 février dernier lorsque Browne a décroché le meilleur résultat de sa carrière, une 16e place au 30 kilomètres style libre des Jeux olympiques de Pékin. La fondeuse savait déjà à ce moment qu’il s’agissait de sa dernière course olympique.
« Ce qu’elle voulait réaliser et prouver, elle l’avait fait, alors que tu termines 10e ou 16e, avec le peu de soutien qu’elle a eu et le peu de moyens financiers que ces athlètes-là ont, c’était déjà une médaille d’or pour nous. »
Cette nuit sera à tout jamais marquée par le plaisir, croit Julie Bruneau.
« Elle est ressortie de ça grandie et fière. (C’était comme pour dire) : “ il y a des gens qui ont essayé de m’écraser et de me dire que ça ne valait pas la peine d’investir en moi, mais je leur ai prouvé le contraire. ” C’est ça que je veux qu’elle se rappelle. C’est ça le plus beau cadeau dans tout ça : elle ne s’est pas effondrée et elle n’a pas fini (sa carrière) amère. Ça n’arrive pas à tout le monde de réussir ça. C’est vraiment ingrat le sport d’élite. Ç’a l’air merveilleux, mais ce n’est pas facile. »
Ce n’était pas facile pour l’athlète, mais ce ne l’était pas aussi pour celle qui était une mère monoparentale de quatre enfants pendant plusieurs années. La communauté et les commanditaires ont été présents pour éponger une partie de la facture annuelle de 50 000 $ de Cendrine, mais la cheffe de famille avait aussi le souci d’être équitable envers tous les membres de la fratrie. Pas question pour elle de mettre l’Olympienne sur un piédestal.
« J’ai toujours eu cette culpabilité de penser aux autres enfants. Eux aussi ils accomplissent de grandes choses. »
C’est avec fierté qu’elle mentionne le parcours de ses autres filles, Lalique et Justine, respectivement étudiantes au doctorat en santé publique et au baccalauréat en anthropologie, ainsi que son fils Liam, qui est avocat-fiscaliste.
L’hiver prochain, Julie Bruneau ne réglera pas son réveille-matin pour se lever en pleine nuit pour regarder sa fille aînée courser. Elle ne recevra pas non plus d’appels pour dédramatiser une contre-performance sportive.
« Oui, ç’a été un thrill incroyable et je ne peux pas mentir là-dessus. On a eu du plaisir et tout ça, mais en même temps, ce n’est pas un deuil. C’est un soulagement. C’est énorme l’investissement que ces jeunes mettent là-dedans et pour chaque haut qu’il y a, il y a au moins dix gros bas. »
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